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Filière ovine

De la carrosserie à l’élevage…

Carrossier en Seine-et-Marne, Frédéric Fernandès a fait le choix il y a huit ans, de donner une autre orientation à sa vie professionnelle et s’est installé hors cadre familial en production ovine à Vault-de-Lugny, dans l’avallonnais.
Par Yves Le Boulbin, Chambre d’agriculture 89 - Alysé
De la carrosserie à l’élevage…
Le plus économique : l’engin distributeur de concentré, construit par l’agriculteur.
Frédéric Fernandès était carrossier en Seine-et-Marne, quand il décide en 2009, de s’installer en agriculture. En 2010, il obtient le BPREA après un an d’études au CFPPA de La Brosse et recherche dans le même temps une exploitation. C’est en octobre de la même année, qu’il rencontre les époux Soliveau, désireux de céder leur exploitation de 80 ha avec 380 brebis Romanes en sélection et un poulailler en production de poulets de chair. Une exploitation qui répondait aux attentes de Frédéric, attiré par la production ovine et il s’installe le 1er septembre 2011, après huit mois de parrainage.

Depuis, l’exploitation a peu évolué, Frédéric conservant la même conduite que ses prédécesseurs. Les seuls changements notables sont : l’augmentation du cheptel de 380 à 490 brebis, la mise à la reproduction des agnelles dès la première année et l’introduction de la luzerne pour sécuriser le système fourrager. Aujourd’hui, 82 ha sont exploités par une UMO : 31,5 ha de cultures (dont 8,5 ha de luzerne), 50 ha de prairies permanentes, pour un cheptel de 400 brebis et 90 agnelles Romanes en sélection, avec vente d’agnelles de reproduction. Complété par un poulailler de 1 200 m2, production 5,5 bandes de 25 000 poulets, en intégration avec l’entreprise Duc.

Trois périodes d’agnelage pour s’adapter à la capacité des bâtiments
Frédéric dispose d’une bergerie de 150 places utilisées pour les agnelages et l’élevage des biberons et d’un hangar de stockage. Ce dernier est utilisé pour y entreposer du foin, ainsi que l’engraissement des agneaux après sevrage et par des brebis suitées pour libérer la bergerie. Le troupeau est conduit en race pure et de fait d’une limitation de la place en bâtiment, trois périodes de lutte sont organisées :
Du 15 avril au 15 mai : 246 brebis dont 106 sont inséminées
Cette année, 1106 brebis ont été inséminées en paternité le premier vendredi d’avril. Mises aux béliers trois semaines plus tard avec 140 brebis supplémentaires. Les agnelles de renouvellement sont concentrées sur ce lot et 15 béliers entrent à la station d’évaluation.

Du 1er juin au 24 juillet : 150 brebis et la repasse du premier lot en lutte naturelle.
Du 15 août au 15 septembre, 90 agnelles :
Toutes les brebis sont systématiquement échographiées. Les agnelages ont lieu dans la bergerie et débutent par les brebis inséminées vers le 20 août. La repasse des inséminées et les brebis mises en lutte fin avril suivent. Au fur et à mesure de l’agnelage, des brebis suitées sont logées sous le hangar pour libérer de la place dans la bergerie. Il en est de même pour les lots suivants. Après sevrage à 70 jours, les brebis sont mises au pré, pour céder leur place à des brebis suitées et aux agneaux à l’engraissement.
Campagne particulière en 2017, l’élevage ayant connu des problèmes de reproduction. À l’issue de la période de lutte, 66 brebis ont été diagnostiquées vides. Ces brebis ont été remises aux béliers pour constituer un quatrième lot et agneler en mars. Les pertes en agneaux ont été plus importantes, notamment sur les agnelles, liées à la maladie de Schmallenberg.

Des rations pour limiter la toxémie de gestation
La préparation à l’agnelage a lieu au pré. La quantité de concentré est progressivement augmentée de 200 gr à 900 gr par brebis. Du mono propylène glycol est apporté dans l’eau à raison de 1%, quinze jours avant agnelage. Le concentré est supplémenté en decoquinate les trois dernières semaines de gestation et les deux premières semaines après agnelage pour limiter la cryptosporidiose. Une cure de sélénium et de vitamines A D3 E est également réalisée. En lactation pendant 50 jours, les brebis reçoivent du foin à volonté, 800 gr d’orge et 400 gr de drèche de blé. Ensuite, la drèche est supprimé et à 60 jours les brebis sont nourries uniquement avec du foin. Quelques jours après sevrage, les brebis sont mises au pré sur une parcelle de 13 ha avec du foin à volonté. Entre les brebis en fin de gestation et les brebis taries, en moyenne, 300 brebis sont hivernées au pré. La consommation de concentré par brebis est de 105 kg (avec l’élevage des agnelles), 80 kg d’orge, 25 kg de drèche. Les agneaux sont complémentés dès l’âge de 15 jours avec un aliment du commerce. La consommation de concentré par agneau est de 124 kg.
Les agnelles de renouvellement sont principalement issues d’insémination artificielle. De la naissance à 120 jours elles sont nourries avec du concentré à volonté. Elles sont ensuite rationnées à 600 gr (400 gr orge, 200 gr de drèche). Elles sont mises à l’herbe vers le 1er mai, pendant 15 jours avec du concentré pour assurer une transition alimentaire. La constitution des stocks est basée sur la fauche de 25 ha de prairie après déprimage.

Ces dernières années, les rendements étaient insuffisants, obligeant Frédéric à acheter de l’herbe sur pied. Pour éviter cette charge et limiter l’apport de concentré azoté, il a implanté
5,5 ha de luzerne en 2015 et 3 ha en 2016 qui, en cas de récolte réussie, vont lui permettre de diminuer la drèche.

Plusieurs projets à court terme : arrêter le pâturage hivernal grâce à la construction d’une nouvelle bergerie en 2017, en constituant des lots d’agnelage plus importants ; développer la vente directe ; revoir la rotation des cultures pour diminuer la surface en colza ; réaménager le parc de contention ; faciliter la distribution des fourrages et des concentrés ; distribuer un mélange fermier aux agneaux ; améliorer la gestion des surfaces fourragères.

Rencontres Techniques Régionales Ovines à Vault-de-Lugny

La 12ème édition des Rencontres Techniques Régionales Ovines Bourgogne Franche-Comté, se déroulera jeudi 21 septembre, à partir de 14 h, chez Frédéric Fernandès, rue de la Papeterie, à Vault de Lugny. Elles auront pour thème cette année l’optimisation des conditions de travail en élevage ovin, autour de quatre ateliers :

Atelier 1 : Automatiser la distribution des fourrages et des concentrés, du seau à la mélangeuse
Témoignage d’éleveurs utilisateurs de différents matériels : chaîne d’alimentation, dérouleuse, pailleuse distributrice, godet distributeur de concentré, brouette distributrice mécanisée, mélangeuse, distribution à volonté du fourrage, robot sur rail. Avec la participation d’Anne-Marie Bolot (Feder) ; Laurent Solas (CA 71) ; Yves-Le Boulbin (Alysé)

Atelier 2 : Découvrir une bergerie multi-chapelle, mécanisable, fonctionnelle et économique
30 m par 25,6 m, soit 768 m2, avec deux couloirs centraux d’alimentation et deux couloirs latéraux de circulation. Avec la participation de Philippe Ducrocq (Filclair) ; Damien Dormon (Cialyn)

Atelier 3 : Manipuler les ovins en préservant sa santé
Utiliser avec les bons gestes un parc de contention mobile et une cage de retournement afin de prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques. Avec la participation de Dominique Reignier (MSA 21) ; Christophe Rainon (CA 58)

Atelier 4 : Diminuer sa consommation d’antibiotiques, moins de piqures pour plus de prévention
S’adapter à la raréfaction du nombre d’antibiotiques utilisable en élevage ovin, notamment pour les agneaux de la naissance à trois semaines. Avec la participation d’Edwige Bornot, vétérinaire à Vénarey Les Laumes et formatrice

Pour plus de renseignements : Yves Le Boulbin au 06 08 28 08 07 - Mail : y.leboulbin@yonne.chambagri.fr