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Crédit Agricole

Croire en l’avenir et investir

La Caisse régionale de Champagne-Bourgogne organisait vendredi dernier sa traditionnelle réunion de rentrée à destination d’élus, d’officiels et des représentants de la filière agricole.
Par Aurélien Genest
Croire en l’avenir et investir
«Les investissements doivent être centrés sur la création de valeur» a souligné l’économiste Vincent Chatellier.
La réunion de rentrée du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne s’est tenue au Domaine de Pont-de-Pany le 8 septembre. Le président Vincent Delatte a introduit ce rendez-vous en évoquant les difficultés  à répétition connues dans la région. L’année 2017 sera globalement meilleure que les précédentes mais ne profitera malheureusement pas à tous.
Dans ce contexte, l’intervention de l’économiste Vincent Chatellier éclaire la salle sur les perspectives de l’agriculture française.
De nombreux éléments permettent d’envisager un bel avenir comme la croissance de la demande alimentaire, les possibilités de se diversifier (énergies, services au monde rural..) ou encore la contractualisation (exemple de la filière volailles). Les prochaines orientations des États généraux de l’alimentation et de la Pac restent malgré tout déterminantes pour les agriculteurs.

Une forte concurrence
Vincent Chatellier a axé son intervention sur la concurrence de l’agriculture française. D’autres pays européens constituent aujourd’hui de grandes puissances. La France occupe toujours la première place en terme de production mais se fait devancer en valeur par l’Allemagne qui transforme très bien ses produits et exporte sur des marchés rémunérateurs. «Chez nous, le champagne est sur de bons marchés, mais ce n’est pas le cas de toutes les productions. La France est parfois mal placée, regardez notamment la viande bovine. Nous exportons des broutards, 80% vers l’Italie. Exporter des bovins vivants, il existe de meilleurs choix pour créer de la valeur, surtout vers ce type de pays qui ne suit pas en terme de consommation» lance Vincent Chatellier. Certains pays connaissent une demande intérieure saturée qui ne laisse espérer aucune capacité de développement des exportations françaises.

Développer l’international
Les marchés extérieurs à l’Europe offrent de belles opportunités selon lui : «la France n’a certainement pas vocation à nourrir le monde, mais elle va bénéficier de nouvelles opportunités de développement, particulièrement en Asie et en Afrique, à condition que les demandes spécifiques de ces pays soient prises en compte. Environ 200 pays ne travaillent pas aujourd’hui avec nous : il y a du travail dans nos écoles de commerce ! Je pense notamment au Nigéria, qui compte aujourd’hui 186 millions d’habitants et qui en aura 450 millions d’ici 2050. Avec un taux de natalité de 4,04% et un indice de fécondité de 6,2, il y a plus d’enfants qui naissent aujourd’hui dans ce pays que dans l’Europe toute entière. Si nous n’y allons pas, d’autres le feront à notre place. Le local et la qualité sont très importantes chez nous, mais il faut également ouvrir les vannes de l’international».

Diluer des coûts fixes
Le secteur agricole français devra peut-être opérer une mutation culturelle pour «apprendre à fournir à ses futurs partenaires commerciaux des produits correspondant à leurs besoins, dans un monde où les accords bilatéraux sont appelés à jouer un rôle croissant dans la gestion des flux agricoles». La préservation de la capacité concurrentielle passe également par la maîtrise des coûts de production, et notamment par une dilution des coûts fixes. «Notre agriculture souffre d’un phénomène de suréquipement au regard des volumes produits. Il y a un peu trop de ferrailles au mètre carré» illustre l’ingénieur de recherche.

«Aller de l’avant»
Pour Vincent Chatellier, il convient de réinvestir une part importante des marges : «Xavier Beulin considérait que l’enjeu majeur, dans les années à venir, consisterait à favoriser l’investissement dans le secteur agricole, y compris dans des périodes de crise et de faible rentabilité du capital. Si nous souhaitons sortir de l’ornière, nous devons croire en l’avenir et investir, comme le font plusieurs pays concurrents. Nous n’avons pas assez investi ces quinze dernières années. Des investissements doivent transformer les modèles de production et être centrés sur la création de valeur :  l’argent doit être mis là où il est capable de faire des petits».