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CAVB

Continuer de maîtriser sa croissance

Le 17 avril à Beaune, la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB) faisait le tour des dossiers régionaux concernant la viticulture. La fin des droits de plantation approche, remplacés par des autorisations qui seront mises en place au 1er janvier 2016. La gestion du potentiel de production, et donc les grands équilibres macro-économiques des marchés des vins, est en jeu.
Par Cédric Michelin
Les chiffres viennent juste de tomber. La Bourgogne a bien officiellement fait le plein en 2014. La récolte s’élève même à 1,6 millions d’hl dont 31 000 hl de VCI en appellations blanches. «C’est un gros bond en avant» analysait Séverin Barioz, directeur. «C’est 400 000 hl de plus que les récoltes “compliquées” de 2012 et 2013. On doit l’expertiser», rajoutait le président, Jean-Michel Aubinel. Aucun des deux ne cachait que le changement de logiciel fin d’été dernier a perturbé les statistiques de récolte, mais doit bien à terme «fluidifier» le travail de suivi des ODG.
Autre «cœur de métier» de la CAVB, le contrôle interne mutualisé entre ODG (à l’exception de Chablis) a permis d’auditer 6 535 ha en 2014 et 189 cuveries en 2015 «dans de bonnes conditions», se félicitait Jérôme Chevalier, président de la commission. Il expliquait qu’une réflexion est en cours sur les «Formations dégustations» pour «reprendre» tous les dégustateurs qui avaient été «retirés» des listes suite aux tests d’Icone en 2012. Depuis la fusion avec l’organisme de contrôle des vins du Beaujolais (Cibas), Siqocert a aussi constitué un groupe de travail pour la mise en cohérence et l’harmonisation des plans de contrôle, afin de les simplifier.

Flavescence : «il faudra assumer»
Le président de la commission Technique, Jean-Luc Goisot était justement retenu par un contrôle des Fraudes et ne pouvait donc pas détaillé ce qui a constitué  «le gros dossier de l’année» une fois encore : la lutte contre la flavescence dorée. La responsable Technique CAVB, Marion Sauquëre saluait la mobilisation des professionnels pour la prospection, l’arrachage des pieds infestés, les traitements différenciés et les plantations de plants traités à l’eau chaude. Le tout ayant permis de contenir les foyers. Ainsi le nombre de cas positifs (31) est «en baisse».
Jean-Michel Aubinel faisait alors un point sur le plan de lutte 2015. «Avec le Sral, nous – en collaboration avec la Fredon et les Chambres d’agriculture - sommes à une virgule d’être d’accord sur l’arrêté» préfectoral. Car le préfet de Région – qui est celui de Côte d’Or aussi - pourrait prendre un arrêté régional cohérent sur les trois départements cette année. Mais, de «petites différences» d’évaluation des risques subsistent encore. «Nous pensons qu’aujourd’hui, on peut s’autoriser à prendre des risques supplémentaires», expliquait-il. La CAVB aimerait en effet réduire les traitements à un rayon de cinq cents mètres autour des pieds isolés, contre un kilomètre préfèrerait le Sral. «On se rappelle tous que la flavescence a fait couler beaucoup d’encres et nous sommes obligé de tenir compte aussi de notre image auprès des consommateurs», ajoutait Jean-Michel Aubinel. La sous-préfète de Beaune se contentant de répondre : «il faudra l’assumer» par la suite, sans prendre position.

La Côte de Nuits manque à l’appel
Comme Thierry Nouvel «s’est réorienté professionnellement», lui qui était responsable de la commission Communication, c’est à la «cheville» de la Fête des Grands Vins de Bourgogne, Michel Prunier, que revenait le soin de présenter «la montée en puissance» (1 000 entrées supplémentaires) de ce salon dont le budget est «à l’équilibre» avec 4 000 entrées payantes sur 7 000 au final. «La CAVB a besoin de la mobilisation de tous les ODG et des vins de la Côte de Nuits aussi» puisque cet événement se passe durant le weekend «médiatisé» de la vente aux enchères des Hospices de Beaune, glissait Jean-Michel Aubinel.

VCI : pour les vins rouges aussi
D’ailleurs, l’ODG Beaune a fait savoir vouloir s’inscrire dans le dispositif des volumes complémentaires individuels pour ses blancs. Les VCI viennent également d’être ouverts aux appellations rouges, annonçait Philippe Charlopin. Cependant, il complétait : «le VCI en rouges ne semble pas forcément opportun en pinot noir par rapport à des aspects qualitatifs» «mais ce sont les ODG qui décideront», concluait-il pour la Commission Douanes & Fraudes. La CAVB continue également de réclamer la possibilité de conditionner les VCI en blancs «pour des aspects qualitatifs» toujours. Les services des Fraudes sont réticents pour d’autres raisons.
Mais pour l’heure, le travail est informatique avec la dématérialisation des DRM qui pourrait aboutir «en 2016 ou 2017» à une plateforme web unique : CAVB-Douanes.

Travailler avec les autres
Une saisie 100 % sur Internet qui se profile également pour les TESA sur le site web de la MSA. Ces contrats vendanges seront peut-être bientôt rendus obligatoires pour les Domaines dépassant 20 000 €/an de charges sociales, prévenait Nicolas Rossignol. Lui qui préside la commission Main d’œuvre a peur que les «petits exploitants» n’en n’aient pas tous les compétences.
Sur l’emploi, comme sur les dossiers Contrat à tâche ou compte pénibilité, Eric Tesson, de la CNAOC, invitait alors les élus de la CAVB à «travailler avec les fédérations départementales FDSEA» pour que leurs réseaux défendent les Hommes sur certains dossiers au national.

Opulence, faux reflet bourguignon
«D’autres filières agricoles ont l’habitude», remarquait dans la continuité Aubert Lefas, lorsqu’il s’agit de demander des prises en charges d’impayés de cotisations. Le président de la commission Accompagnement remerciait alors la MSA et le BIVB pour le dialogue avec les «vignerons en difficulté» (197 dossiers). «La viticulture Bourguignonne n’est pas homogène. Son image opulente n’est pas du tout le reflet de la réalité». Des difficultés existent que ce soit en raison de difficultés économiques ou climatiques. Les épisodes de grêle sont en grande partie responsables, avec 80 % de pertes en volume dans certaines AOC. Une expérimentation de filets anti-grêle prend place «mais ne couvrira pas toute la Bourgogne et encore moins les régionales», prévenait-il. Il donnait la parole à Thiébault Huber, président de l’Arelfa Bourgogne, puisque les générateurs «anti-grêle» sont efficaces sur de grandes surfaces «mais pas à 100 %», reconnaissait-il humblement. Dix sept générateurs – soit un total de cinquante – seront en place pour la prochaine campagne.

Loi Santé : «le pire évité»
Le président de la CAVB concluait sur les autres dossiers «politiques». Avec la CNAOC et relayé par Vin & Société, la profession a «évité le pire» sur la loi Santé qui aurait pu durcir les messages de santé obligatoires sur les étiquettes. Le sénateur, Jérôme Durain ajoutait que la «loi Macron permettra de préciser la philosophie entre communication et promotion» dans le cadre de la loi Evin, conservée elle à l’identique.
Ce qui n’est pas le cas du périmètre des régions. Tour à tour, Jacques Rebillard pour la future région Bourgogne-Franche-Comté maintenant officielle et le nouveau Draaf Bourgogne, Vincent Favrichon évoquaient «la gouvernance globale des filières et le rôle du syndicalisme dedans» qui aura aussi «des conséquences sur les Chambres régionales d’Agriculture». Réponse de Jean-Michel Aubinel  : «Sur la régionalisation, on reste prudent car la viticulture fera valoir ses spécificités». La CAVB pourrait en effet se retrouver en porte-à-faux entre Jura (Bassin viticole) et Beaujolais…

Autorisations de plantation : création d’un syndicat vin sans IG
Eric Tesson (CNAOC) et Stéphane Meunier (INAO) présentaient le nouveau système Européen des autorisations de plantation, effectif au 1er janvier 2016. Cette nouvelle gestion du potentiel de production viticole Européen est mise en place jusqu’en 2030, avec un rapport à mi-parcours. «On a encore des bugs. Par exemple, les autorisations ne sont pas fléchées…» alors qu’avant les droits avaient une destination finale (AOC/IGP/VSIG). De plus, les autorisations ne seront plus cessibles car ce sont désormais des autorisations individuelles.

Des contingents de plantation ont été demandés par chaque État Membre. La Bourgogne a demandé le maximum de 1 % de croissance et créera bientôt un syndicat de vins sans IG (VSIG). La CAVB aura ainsi «toujours une vision globale» de la production, se réjouissait Jean-Michel Aubinel. Une centaine d’hl de VSIG sont déjà produits en Bourgogne. Chaque nouvelle demande d’autorisation de plantation devra respecter un certain nombre de critères d’éligibilité. «Une demande de plantation ne doit pas comporter un risque important de détournement de notoriété d’AOP/IGP». Mais les textes de la Commission Européenne ne sont «pas clairs» à ce sujet. Des précisions sont attendues rapidement…
«Il faut se souvenir d’où on vient» et du combat contre la libéralisation, rappelait Jean-Michel Aubinel. La CAVB promettait d’informer des évolutions ses adhérents. En attendant, chacun est «invité à vérifier ses CVI et notamment ses droits en portefeuille», concluait-il, car des erreurs peuvent exister, même si la DGDDI (Douanes) travaille à «fiabiliser» les données informatiques des casiers viticoles individuels.