Constats et perspectives
Rendez-vous de rentrée, la présentation du panorama des exploitations de la Nièvre du Cerfrance Alliance Centre a eu lieu le 17 septembre à Nevers.
Comme à l'accoutumée le Cerfrance Alliance Centre propose à la mi-septembre un panorama des exploitations de la Nièvre au travers d'une analyse réalisée grâce aux bilans comptables d'entreprises représentatives de la campagne. Cette année le rendez-vous fut fixé le 17 septembre à Nevers. Avant d'engager les explications pour les grandes cultures et l'élevage bovins viande, Arnaud Bertrand, administrateur et référent de territoire pour la Nièvre, rappelle que cette étude est le fruit d’analyses des variations d’assolements (qui montrent une adaptation en fonction des perturbations climatiques), des rendements, des prix ou encore des charges. Mais, avant tout, un point fut fait sur le pourcentage d'exploitations assurées récolte dans la Nièvre, avec une baisse constatée en 2025 puisque 35 % du panel est assuré contre 42 % l'an passé. « Cette donnée peut sembler étonnante, d'autant plus que les aléas climatiques sont de plus en plus fréquents », réagit Jean-François Le Pironnec, directeur Doctrine, Méthodes Conseil et Références chez Cerfrance Alliance Centre.
Grandes cultures
Plus en détail, pour les grandes cultures, les rendements (tonnes/hectare) sont constatés en hausse, que ce soit pour le blé tendre, l'orge d'hiver ou encore le colza. Cela étant, les indices des prix de ventes sont en fortes fluctuations, avec une tendance baissière et surtout des prix d'achat (engrais et amendements ou encore carburant) qui restent élevés. Du côté de la solidité financière des exploitations, les investissements sont en baisse. En ce qui concerne les niveaux de risque financier pour ces entreprises, les situations sont là aussi en berne puisque la part de celles en risque critique passe de 10 % en 2023 à 25 % en 2024. Une conjoncture jugée très préoccupante par Cerfrance car la part des entreprises au risque moyen ou nul passe de 64 % en 2023 à 57 % en 2024… Malgré tout, les estimations réalisées suggèrent un ciseau produit charges qui repasserait légèrement en positif. Le résultat courant progresse mais ne retrouve que le niveau de la moyenne décennale. L'organisme comptable émet tout de même une nuance, puisque les dispersions des résultats et des charges (euros/ha) sont jugées importantes pour la campagne 2025. Des écarts dus, toujours selon Cerfrance, aux prises de position sur les achats, les ventes ou encore les choix de gestion, avec comme sujet majeur la gestion de la trésorerie mise à mal depuis 2023. Sur ce point, Jean-François Le Pironnec rappelle que « 2022 était l'exception mais n'a pas permis de renforcer la trésorerie sur le long terme pour bon nombre d'exploitations ».
Élevage bovin viande
Du côté des élevages bovins viande, le contexte général est posé avant d'entrer dans l'étude des données comptables. En effet, Cerfrance rappelle la poursuite de la diminution du cheptel bovin (2,2 % par an environ) ou encore la pression sanitaire qui a des conséquences sur la production (FCO, MHE, DNC, etc.). Tout ceci engendre un impact sur les cours, avec une hausse de 40 % pour les broutards (U 300 -350, 6-12 mois Charolais mâle) et de 30 % pour les bovins maigres (+ 18 mois vache Charolaise U – 5 ans). Cette augmentation des prix « à des niveaux jamais atteints » stipule Jean-François Le Pironnec, se répercute alors sur l'évolution du ciseau produits et charges (euros / ha) qui semble s'ouvrir en 2025, et avec un résultat courant et EBE (euros/UTAF) lui aussi en hausse. Mais, comme pour les grandes cultures, les dispersions des résultats courants sont conséquentes entre les exploitations. L'EBE couvre néanmoins les besoins mais les situations financières se fragilisent. Celles en risque critique passent de 4 % en 2023 à 6 % en 2024, et la part de celles en risque moyen ou nul passe de 72 % en 2023 à 71 % en 2024. Cerfrance nuance que les situations financières restent plutôt saines, même s'il y a une dégradation en 2024, car la trésorerie dégagée en 2025 devrait couvrir les besoins – attention aux prélèvements fiscaux et sociaux qui seront à anticiper.
Pour conclure, Arnaud Bertrand, martèle : « chaque situation est unique et les prises de décisions sont individuelles et au cas par cas. Cela étant, pour les situations les plus dégradées il est important de mettre en place des mesures d'accompagnement mais surtout il ne faut pas rester isolé face aux difficultés. D'autres enjeux s'imposeront aussi à l'avenir, comme l'intégration de la capacité de résilience de l'entreprise face au changement climatique ou encore le renouvellement des exploitants. Ce dernier élément est lui aussi un sujet majeur pour le futur car il aura des conséquences sur la production ainsi que sur l'économie locale et nationale ».