Coincés entre la basilique de Vézelay et les zones inondables…
Depuis plus de deux ans, Xavier Blandin et Yoann Defert cherchent à installer leurs exploitations dans la commune de St-Père. Leurs tentatives sont jusqu’ici restées vaines et les solutions ne se bousculent pas au portillon…
Vingt-cinq hectares de foncier agricole, répartis sur deux terrains, voici le capital de Xavier Blandin, jeune agriculteur de St-Père, qui souhaite élever des vaches limousines. Sous peu, il est sensé reprendre la ferme (50 vaches à veau et 150 brebis) d’un agriculteur de la commune qui va partir à la retraite. Pourtant, depuis deux ans, il se trouve dans l’incapacité de construire des bâtiments décents pour accueillir son exploitation à cause de la vue que l’on observe depuis la terrasse de la basilique de Vézelay. «Une brasserie a récemment été construite et la base de loisirs cherche à s’agrandir et on les voit très bien depuis là-haut», observe-t-il. À ses côtés, Yoann Defert, tourné vers la culture biologique et l’élevage de bovins allaitants, partage la même infortune. Cependant, s’il ne peut, lui, pas construire de bâtiment, c’est en raison de la zone inondable sur laquelle il se trouve. Tous deux se refusent à laisser derrière eux ce foncier agricole pour aller s’installer plus loin, sur des terres qui leurs sont étrangères et essayent de trouver une solution depuis maintenant plus de deux ans. En attendant, les papiers administratifs s’entassent sur leurs bureaux et matériaux, bêtes et foin dorment dehors, ou presque, sous des installations de fortune. «Nous sommes motivés pour aller au bout de notre projet, nous voulons tous les deux faire les choses dans les règles mais à cause de ces deux obstacles, nous passons la moitié de notre temps à lutter contre des freins», déplore Yoann. S’ils ont le soutien total des JA de l’Yonne et des élus de Saint-Père et notamment celui du maire de la commune, M. Guyot, qui cherche inlassablement une solution au problème d’installation des deux jeunes agriculteurs, ils ont tous deux l’impression de «tourner en rond», car sitôt qu’un «critère est finalisé, un autre apparaît qui nous empêche d’aller jusqu’au bout». La semaine dernière, Mme Fort-Besnard, sous-préfète d’Avallon, est venue constater sur le terrain les préoccupations et les obstacles qui se dressent devant Yoann et Xavier, pourtant prêts à faire des efforts. «Pour le moment, aucune solution concrète n’a été avancée. Des pistes d’ouverture ont été lancées mais qui sait si elles aboutiront ?», s’interroge Yoann. Désemparés, voire «désespérés» devant leur situation ils se laissent un peu moins d’un an pour trouver une solution à leur problème, sous peine de devoir laisser derrière eux leurs projets. «Ce contexte n’est pas très incitatif pour s’installer en tant que jeune agriculteur. Il faut vraiment avoir envie» pour lutter, pendant plus de deux ans, contre la «lourdeur administrative» et les obstacles...