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Vigne

Changement climatique: construire la viticulture de demain

La viticulture doit anticiper dès aujourd’hui les conséquences du changement climatique en cours et imaginer les marges d’actions. Point sur le projet Laccave.
Par Cyrielle Delisle
Changement climatique: construire la viticulture de demain
( Crédit photo : P.Cronenberger ) Dans le programme Laccave, diverses propositions d’adaptations ont été mises en avant pour faire face au changement climatique.
«Le changement climatique est en cours et va se poursuivre. Il est admis une hausse des températures, des modifications de la pluviométrie, une plus grande variabilité climatique avec des sécheresses estivales plus marquées et un plus grand nombre de variations interannuelles. Des effets indirects multiples tels que la hausse du niveau des eaux et des mers, la salinisation et une érosion de la biodiversité... seront également relevés . Face à ces constats, l'agriculture qui dépend fortement du climat est particulièrement vulnérable et il est donc impératif d'atténuer ces effets et de s'y adapter. L'Inra depuis un certain nombre d'années a fait de ce point une priorité de recherche. La filière vin est une production très liée au climat. C'est pourquoi le projet Laccave, un projet ne concernant que la vigne et le vin, a été déposé », note Nathalie Ollat, de l'Inra de Bordeaux et coordinatrice du programme, lancé en 2012.

Des impacts déjà observés
Ce projet avait pour objectifs de faire une synthèse du changement climatique, d’accroître les connaissances pour développer des innovations, de proposer et d’évaluer des stratégies d’adaptation et de construire un réseau scientifique pour répondre à ces problématiques.
«En matière d’impacts, certains ont déjà pu être observés. À commencer par la modification de la phénologie avec une avancée de la plupart des stades (débourrement, date de véraison et de vendanges), avancée constatée dans tous les vignobles français»
«Au cours de la dernière décennie, une évolution de la teneur en sucres, de l’acidité et du taux d’alcool a été constatée et ce, plus particulièrement dans le Sud (Languedoc-Roussillon). «Les calculs réalisés n’ont par contre pas permis de mettre en évidence une augmentation du risque et de la pression de l’oïdium au cours du XXIe siècle», fait remarquer Nathalie Ollat, avant de poursuivre, «une enquête auprès des professionnels, des acteurs de la Recherche et Développement et des chercheurs dans différentes régions viticoles a par ailleurs mis en exergue la notion de perception de ces changements climatiques. En effet, la mise en oeuvre d’actions d’adaptation n’est possible que si les acteurs ont une perception de la problématique».
«Ainsi, 76 % des producteurs considèrent que le changement climatique est une réalité. La proposition de leviers d’action potentiels pouvant être mobilisés a, par ailleurs, été différente d’une région à l’autre. À Bordeaux, par exemple, ce sont plutôt les aspects liés à l’oenologie ou à la conduite du vignoble qui ont été mis en avant, alors qu’à Montpellier, on était plutôt axé sur la lutte contre la sécheresse et la variation des dates de vendanges».

Quelles adaptations ?
Face à ces impacts, quelles adaptations possibles ? Dans le projet Laccave, une approche globale et systémique de l’adaptation à l’échelle locale a été développée en combinant des changements techniques, spatiaux et organisationnels.
«Sur le plan génétique, à plus long terme, il faut considérer tout ce que peut nous apporter les nouvelles variétés (cépages et porte-greffe), les variétés plus tardives, résistantes à la sécheresse et aux maladies, avec moins de sucre et une teneur en acide plus importante à maturité. En mobilisant en premier lieu des clones puis des variétés anciennes ou existantes mais cultivées ailleurs et en dernier lieu de nouvelles variétés».
Côté innovations techniques, se tourner d’abord vers toutes les innovations pratiques oenologiques correctives, l’irrigation, toutes les pratiques culturales. «Mieux appréhender la gestion de l’information à la fois en termes de climat mais aussi de conduite de précision est également important».