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Prédation

« Ces réunions servent à mettre un peu de pression pour faire évoluer la loi »

Ce jeudi 19 juin, la Chambre d'agriculture de l'Yonne a organisé, en partenariat avec le sous préfet d'Avallon, la DDT et les louvetiers, une matinée prédation loup avec les éleveurs.

Par Charlotte Sauvignac
Prédation
Sébastien Hennon, sous préfet d'Avallon, à la matinée prédation organisée par la Chambre d'Agriculture.

Dans la ferme de Lilian Rameau, à Précy-le-Sec, au cœur de la zone la plus exposée aux attaques de loups dans le département, Sébastien Hennon, sous-préfet d'Avallon, accompagné par les services de la DDT et les louvetiers, ouvrent la discussion. « Au 16 juin, on est à 45 constats réalisés au total, pour 27 constats loups non écartés et 42 victimes, loups non écartés. A titre d'information, en 2024 sur la même période, on était à 16 constats réalisés pour 11 constats loups non écartés. Cette carte est renouvelée chaque mois. C'est une petite nouveauté, puisqu'avant, vous n'aviez qu'un bilan annuel alors que maintenant vous avez un bilan mensuel », commente-t-il, en s'appuyant sur la carte affichée à l'écran. C'est dans un climat de tension que l'agent de la DDT, à ses côtés, poursuit. « Au niveau des dommages sur l'année 2025, on a 25 dommages loups non écartés qui concernent 9 éleveurs et 4 dommages dits indéterminés sur lesquels l'expertise n'a pas pu conclure à un dommage probablement lié au loup chez trois éleveurs. Ce qui nous fait 29 dossiers indemnisés pour un montant total de 21 000 euros », énonce-t-il. Avant de prolonger son intervention, un éleveur, l'interpelle. « Qu'est-ce que vous comptez faire lorsque les causes sont indéterminées ? », questionne-t-il. « Dans certains cas, on a la possibilité d'indemniser même si les cas sont indéterminés, si on prend en compte le contexte. Si l'expertise ressort indéterminée mais qu'à côté, il y a eu des constats, dans le doute, on préfère que ça profite à l'éleveur, donc on préfère les indemniser », répond-il. À côté, d'autres éleveurs en profitent pour élever la voix. « Et en ce qui concerne l'indemnisation des bovins ? », enchaîne-t-il. « Les ovins ne sont plus les seuls à être pris en charge dans les indemnisations, un bovin a été fait », réplique-t-il.

« On n'en veut plus des chiens »

Sébastien Hennon, poursuit en parlant des cerclages. « En Cercle 1 vous débloquez une nouvelle aide au berger, qui permet d'avoir une aide financière pour qu'une personne vienne et vous aide au quotidien dans la gestion des troupeaux », manifeste-t-il. Cependant, cette aide a ses limites puisqu'elle ne concerne, pour l'instant, que les ovins. Quant à l'élevage bovin, cela met un peu plus de temps. « Il y a un arrêté qui est en cours de concertation, pour la non-protégeabilité des troupeaux. Un précédent arrêté avait été retoqué, mais celui-ci a été pris d'une manière différente. Il devrait être mis en application cet été et donc débloquer des tirs de défense et certaines aides », annonce-t-il. Face à eux, les éleveurs prennent la parole, pour aborder les difficultés de moyens de protection actuels. « Nous ne voulons pas de chiens. Il y a quinze jours, une femme est passée à vélo et a failli se faire attaquer, si j'avais pas été là, elle y serait passée. Aujourd'hui, nous n'avons pas de système de protection 100 % efficace », témoigne-t-il. Après deux heures d'échange, le sous-préfet d'Avallon fait le bilan. « Ça a permis de tout remettre à plat, certains vont nous faire à nouveau des demandes d'aides. Il faut aussi rappeler la chaîne d'information. L'habitude fait que les gens oublient de nous prévenir, de nous faire remonter des informations », résume-t-il.
À ce jour, les éleveurs attendent avec impatience l'évolution du cadre de protection du loup. « J'ai eu des attaques en avril/mai, on s'est protégés en faisant des parcs nocturnes avec des fils électriques la nuit. J'ai demandé des tirs de défense, vu que j'avais mis un moyen de protection en place et pour l'instant, il n'a pas été accordé. Tant que la loi ne change pas, on ne peut rien faire », confie Lilian Rameau, éleveur d'ovins à Précy-le-Sec. Après avoir subi une attaque sanglante, en perdant une vingtaine de bêtes, cet éleveur, essaie de garder le cap. « Le lendemain de l'attaque, c'est jamais facile, et ça impose une charge de travail supplémentaire, mais j'ai aussi une vie de famille. Je me suis donc dit : soit j'arrête, soit je l'accepte, je ne vais pas me rendre malade », conclut-il.