C'est parti
Des champs d'oignons ont été irrigués la semaine dernière dans la plaine dijonnaise. L'an passé, de tout premiers et rares tours d'eau n'avaient été donnés que courant juin.

Le soleil ne sera peut-être pas présent le jour de la sortie de ce journal. Mais la semaine dernière, il l'était, et depuis un petit moment déjà. À tel point que plusieurs champs d'oignons de la plaine dijonnaise ont nécessité un arrosage. « Le premier de la campagne », observe Frédéric Le Grand, agriculteur à Noiron-sous-Gevrey et président du syndicat des irrigants de Côte-d'Or, qui rappelle que les premiers tours d'eau de 2024 n'avaient été donnés que deux mois plus tard, courant juin. « Et encore, ils n'avaient été que très rares, c'était de l'irrigation de complément. Des arrosages un peu plus significatifs avaient concerné juillet. Rappelons-le ici : 2024 avait été une année exceptionnellement pluvieuse ».
Les sols n'ont pas travaillé
La « très mauvaise qualité de la structure des sols » est à l'origine des arrosages de ces derniers jours, comme le souligne Frédéric Le Grand : « et là, je ne peux m'empêcher de penser à l'obligation des couverts… Pour les implanter, nous avons dû travailler les champs à l'automne, dans de très mauvaises conditions, dans nos terres majoritairement argileuses. Avec toute cette eau et l'absence de réel hiver, ces terres n'ont pas réellement évolué depuis. Une structure très médiocre est à déplorer, celle-ci est responsable d'un assèchement en surface et de premiers besoins en eau, en l'absence de pluies ». Le Côte-d'orien en est pratiquement certain, ces tours d'eau n'auraient pas été nécessaires s'il n'y avait pas eu de travail du sol cet automne : « effectivement, l'obligation de couvrir les sols apporte des contraintes dans des sols argileux, quand il pleut beaucoup, car aucune restructuration naturelle ne se produit. Quand nous faisions de la betterave, nous préparions les champs fin septembre sans les retoucher avant les semis du mois de mars… Cela marchait très bien, avec de la quantité et de la qualité dans nos futures productions ».
Et la suite ?
Qu'en sera-t-il pour 2025 ? Quelles que soient les conditions des semaines et des mois à venir, les irrigants côte-d'oriens devraient être en capacité d'intervenir assez facilement, comme l'imagine Frédéric Le Grand : « avec tout ce qu'il est tombé ces derniers mois, nous ne manquons pas d'eau, les volumes sont là… Le niveau des nappes est forcément satisfaisant pour un mois d'avril. Cet hiver, des sources sont ressorties de terre comme elles ne l'avaient pas fait depuis très longtemps. C'est un bon point pour cette campagne d'irrigation ». Le président du syndicat regrette néanmoins le blocage de plusieurs projets de réserves d'eau. « Avec toutes les précipitations depuis l’automne 2023, nous aurions dû être en mesure de conserver un peu d'eau… Mais non ! Il y a toujours des freins administratifs et psychologiques pour mener ces projets à bien. Je pense notamment à celui de Quetigny et Couternon, censé être multi-usages. Ce dossier se heurte à des problèmes de définitions administratives et certains auraient peur que l'irrigation se développe dans ce secteur périurbain. Oui, irrigation est devenu un gros mot ».