« C'est lamentable »
Nicolas Michaud, éleveur à Pagny-le-Château et président d'Alysé, livre son ressenti sur la « gestion » de la dermatose nodulaire.

Il suit l'actualité de cette nouvelle maladie depuis la détection de celle-ci le 29 juin en Savoie. Comme un peu tout le monde, il ne la connaissait pas. « Après la FCO, la MHE, la tuberculose, voici la DNC… Oui, on s'en serait bien passé, on ne sait pas où et quand ça va s'arrêter », confie Nicolas Michaud, éleveur de vaches laitières dans le val de Saône et président de la coopérative Alysé. Celui-ci a déjà vu passer de nombreuses vidéos sur internet, avec des vaches entassées dans des bennes et des éleveurs forcément désabusés. Nicolas Michaud se dit scandalisé devant le protocole mis en place par l'État : « on ne plaisante pas avec le sanitaire mais là, c'est vraiment trop restrictif. Je ne comprends pas cet abattage systématique du troupeau si une vache est retrouvée positive. Même les animaux vaccinés sont abattus si le délai de 21 jours après l'injection n'est pas atteint, c'est incompréhensible. Là, je viens de lire le témoignage d'un jeune éleveur déprimé, qui allait perdre ses 67 bovins alors que ces derniers avaient été vaccinés 19 jours plus tôt… C'est n'importe quoi, on ne laisse aucune chance aux éleveurs ».
Très compliqué
Plus d'un millier d'animaux avaient déjà été euthanasiés début août : « cela représente plusieurs kilomètres de bovins les uns après les autres, comme j'ai pu lire dans une autre publication… Cela fait froid dans le dos. Aujourd'hui, c'est ça et demain, ce sera quoi ? La France veut toujours faire plus blanc que blanc, par principe de précaution. Est-ce que l'on va faire pareil avec la FCO et la MHE ? En tant qu’éleveur, j'aurais vraiment du mal à accepter que l'on vienne abattre mon troupeau si une seule vache était malade. Et perdre toutes ses bêtes, c'est aussi perdre sa génétique, qui est souvent le résultat du travail de plusieurs générations d'éleveurs. Cela doit être extrêmement compliqué pour les personnes concernées ».
« C'est voulu »
Le Côte-d'Orien envisage d'ores et déjà des problèmes dans la filière laitière du secteur : « inévitablement, tant de vaches en moins, ce sera tant de lait en moins… Ce ne sera pas sans conséquence. Quelque part, je pense que tout cela est voulu par nos dirigeants. On entend dire que les cheptels doivent baisser de 30 % : c'est peut-être par le biais du sanitaire, qu'ils vont y arriver. Aux Pays-Bas, ils ont déjà baissé le nombre de troupeaux en instaurant des normes sur les effluents d'élevage. Toutes les techniques sont bonnes pour nous faire avaler des couleuvres ! Avec le Mercosur, il faut sans doute assainir notre marché et faire de la place pour faire entrer des produits qui n'ont rien à voir avec les nôtres. Pour moi, toutes ces magouilles ont un seul but : la déchéance de notre production agricole ».