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Foncier viticole

Belle santé pour la Bourgogne

Chaque année, les Safer de France, en partenariat avec Agreste, présentent l'été des marchés fonciers ruraux. Dans ce cadre, comment s'est comporté le marché des vignes en 2024 ?

Par Berty Robert, avec données Groupe Safer
Belle santé pour la Bourgogne
Les transactions, notamment dans le Chablisien, affichent un beau dynamisme, mais pour un nombre réduit.

En 2024, en France, le marché des vignes a représenté 3 % du total des transactions foncières, (8 650 ventes), dans un contexte de marché foncier globalement en baisse par rapport à 2023 (-3,7 %). 16 000 ha de vignes ont changé de main, pour une valeur de 1,11 milliard d'euros. Il faut garder en mémoire que 2024 s'est caractérisée par une baisse généralisée et un niveau historiquement bas de la récolte viticole, impactée par des conditions météorologiques particulièrement défavorables et des pertes dues au mildiou. Les ventes de vins sur le marché intérieur reculent en volume et en valeur, et les exportations rebondissent légèrement. Dans ce contexte, le repli du marché foncier viticole amorcé en 2023 a ralenti en nombre, les surfaces commercialisées se sont stabilisées (+0,1 % /2023) mais la valeur s'est contractée, tout en restant au-dessus du milliard d’euros. Les prix moyens observés en vignes AOP ont atteint 176 400 euros/ha, en baisse de 1,1 %. Les bassins de Bourgogne et du Jura échappent toutefois à cette tendance baissière. Les acheteurs les plus dynamiques sont les personnes physiques non-agricoles dont les acquisitions ont progressé de 3 % en nombre et de 5,8 % en surfaces. Les viticulteurs fermiers réduisent encore leurs acquisitions (- 3,2 % en nombre). 

Situations dans les départements

La baisse est moins forte pour les non-fermiers. La hausse du prix moyen des vignes AOP est soutenue par l’ensemble des appellations de la Côte-d’Or, en particulier les Premiers crus blancs (+ 13 %). Malgré une légère ouverture en 2024, le marché y reste très concurrentiel et les prix sont influencés par le marché sociétaire. Les appellations icaunaises participent également à la hausse, en particulier le Chablis Premier cru (+ 25 %). Regardons à présent plus en détail ce qui s'est passé dans les départements de l'Yonne et de la Côte-d'Or :

Dans l'Yonne : Avec seulement 33 ventes observées en 2024, le marché viticole chablisien reste particulièrement fermé. Ces ventes représentent une surface totale d’environ 14 ha, commercialisés principalement en appellation Chablis (27 ventes). Contrairement aux années précédentes où les transactions concernaient des acquisitions de terre à planter par les fermiers en place (64 % des surfaces vendues), on constate en 2024 que 90 % des transactions concernent des vignes libres qui totalisent plus de 13 ha. Concernant les prix de vente des vignes, on constate une tendance significative à la hausse, plus de 20 % pour les vignes en appellation Chablis. Avec un très faible nombre de transactions en appellation Petit Chablis, on constate une hausse de plus de 30 %. Les ventes en appellation Premier Cru et Grand Cru n’existent pas. Il faut garder à l'esprit que ces évolutions de marché reposent sur un très faible nombre de références, nécessitant une grande réserve d’interprétation. 

En Côte-d'Or : Le marché foncier viticole connaît une légère mais sensible ouverture sur l’année 2024, tant en nombre de transactions (+ 20 %) qu’en superficie cédée (+ 35 %). Cependant, le volume de surfaces échangées hors marché sociétaire reste confidentiel avec une superficie moyenne inférieure à 50 ares pour 95 % des transactions. Toujours très concurrentiel, ce marché est encore plus marqué que les années précédentes par la dimension des surfaces moyennes échangées. La majorité des ventes constatées concerne des parcelles occupées, avec des acquisitions par les exploitants ou pour maintenir des fermiers en place par différents moyens. Les prix s’ajustent une fois encore à la hausse, avec, en 2024 comme en 2023, un léger ralentissement de cette revalorisation sur les appellations régionales (+ 2 %) mais toujours un marché qui s’apprécie en général fortement (+ 11 %), particulièrement porté cette année par les Premiers Crus (de + 9 % à + 13 % selon les couleurs). Enfin, la transparence des opérations sociétaires confirme, sans statistique précise, l’évolution à la hausse des prix dans ce type d’opérations, avec les conséquences décrites sur le marché foncier. 

Dans la Nièvre : L’évolution à la hausse des prix est légère mais peu significative du fait du faible nombre de transactions. Les grosses structures de négoce existantes se proposent de reprendre assez régulièrement les biens des cédants arrivant à l’âge de la retraite, ce qui soutient les prix. L'appellation Pouilly Fumé continue de progresser. 

Evolution des prix par département et par hectare entre 2023 et 2024

En Côte-d'Or : 919 033 euros/1 022 649 euros (+11%) 

Dans le Jura : 42 981 euros/43 142 euros (stabilité) 

Dans la Nièvre : 148 788 euros/153 468 euros (+3 %) 

En Saône-et-Loire : 88 848 euros/92 441 (+4 %) 

Dans l'Yonne : 169 896 euros/204943 euros (+21 %)

Evolution des prix par appellation et par hectare entre 2023 et 2024

Bourgogne appellation régionale (Côte-d'Or) : 57 200 euros (+2 %) 

Bourgogne appellation communale Côte de Beaune blanc : 1 050 000 euros (+9 %) 

Bourgogne appellation communale Côte de Beaune rouge : 450 000 euros (+7 %) 

Bourgogne appellation communale Côte de Nuits rouge : 90 000 euros (+9 %) 

Bourgogne Premier cru blanc : 2 550 000 euros (+13 %) 

Bourgogne Premier cru rouge : 1 040 000 euros (+9 %) 

Arbois : 50 000 euros (stabilité) 

Château-Chalon : 55 000 euros (stabilité) 

Côtes du Jura : 35 000 euros (stabilité) 

L'Etoile : 38 000 euros (+9 %) 

Bourgogne appellations communales Côte chalonnaise blanc : 110 000 euros (stabilité)

Bourgogne appellations communales Côte chalonnaise rouge : 120 000 euros (+4 %)

Bourgogne aligoté : 35 000 euros (+17 %) 

Bourgogne Côte Chalonnaise : 35 000 euros (stabilité) 

Bourgogne appellation régionale rouge : 32 000 euros (stabilité) 

Mâcon blanc : 75 000 euros (+7 %) 

Mâcon rouge : 28 000 euros (stabilité) 

Moulin à Vent et Saint-Amour : 110 000 euros (stabilité) 

Pouilly-Fuissé : 265 000 euros (+2 %) 

Pouilly-Loché et Pouilly-Vinzelles : 110 000 euros (stabilité) 

Saint-Véran : 145 000 euros (+4 %) 

Viré-Clessé : 130 000 euros (+8 %) 

Bourgogne appellation régionale Yonne : 57 000 euros (+2 %) 

Chablis : 245 000 euros (+20 %) 

Chablis Premier cru : 525 000 euros 

Petit Chablis : 114 000 euros (+14 %) 

Côteaux du Giennois (58) : 21 000 euros (+5 %) 

Pouilly-Fumé (58) : 165 000 euros (+3 %)