Baudelaire et Leclerc à la carte !
Sur les hauteurs d’Avallon, se cache Les Châtelaines, une ferme auberge où céréales, porcs, moutons, campeurs et histoire locale se marient en toute harmonie.
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«Si le vin disparaissait de la production humaine, je crois qu’il se ferait dans la santé et dans l’intellect, un vide, une absence, une désaffection beaucoup plus affreux que tous les excès dont on rend le vin responsable », disait Charles Baudelaire. Les propriétaires de la ferme auberge Les Châtelaines l’ont bien retenu puisqu’une page entière du menu est attribuée à la citation du poète. Situés sur les hauteurs d’Avallon, les bâtiments de l’exploitation surplombent la vallée du Cousin et observent son histoire. «Mon arrière-grand-père maternel a acheté la maison dans les années 1900», déclare Jean-Paul Coignot, qui a hérité de la ferme voilà quelques années et qui l’a lui-même transmise à son fils, Gilles, actuel gérant de la petite entreprise familiale. Le domaine des Châtelaines, c’est une exploitation de céréales, un élevage, un camping et une ferme auberge. «Après l’exploitation, nous avons ouvert le camping en 1979, quand le camping sauvage disparaissait. Le 10 mai 1988, jour de la seconde élection de François Mitterrand, l’auberge a vu le jour», explique Jean-Paul. Les rôles sont bien répartis. Gilles s’occupe de la cuisine et de l’exploitation tandis que Jean-Paul met la main à la pâte pour le service et le camping. L’auberge est une véritable vitrine de leur exploitation agricole avec le produit phare de la ferme : le cochon. Elevés en label rouge en Puisaye, Gilles finit les porcs à l’orge et fabrique ensuite la charcuterie. Il en va de même pour le laitage, recueilli chez un voisin, que la famille transforme en fromage. Côté vins, ceux de Vézelay sont à l’honneur, suivis de près par ceux de Beaune. «Au final, on se débrouille avec ce qu’on a. Nous faisons tout nous même et quand ce n’est pas possible, on s’approvisionne chez des exploitants voisins», affirme Jean-Paul. Seuls les desserts ne sont pas issus de la production de la ferme, ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé mais «les tablettes de chocolat, ça ne prend pas vraiment sur nos terres».
Des anecdotes historiques
Si Les Châtelaines ne se revendique pas être une ferme pédagogique, quelques panneaux sont disposés ça et là pour satisfaire la curiosité du visiteur. Et c’est sans compter les nombreuses anecdotes que Jean-Paul leur sert sur un plateau d’argent. Ce féru d’histoire locale aime à raconter le passé du Morvan ou celui de la Bourgogne et de ses habitants. Mais sa préférée semble être l’histoire de la grande aventure, de France au Portugal à vélo, du général Leclerc «dont on oublie bien souvent qu’elle a débutée à Avallon !». Une anecdote, outre les diverses photos et gaufriers qui tapissent les murs de l’auberge, capable de passionner la clientèle locale qui «neuf fois sur dix, atterrissent ici par hasard, après avoir croisé un panneau». Cette population bourguignonne n’a pas toujours été majoritaire dans la ferme auberge. Dans les débuts du camping, l’établissement croulait sous les réservations, dont la plupart émanaient de Paris, mais «aujourd’hui, les Parisiens préfèrent le sud de la France, pour son soleil et ses plages». Si chaque saison apporte une clientèle particulière, la région attire beaucoup les visiteurs étrangers, venant surtout du Pays-Bas, qui viennent profiter du camping. Depuis six ans, celui-ci a été mis aux normes afin de pouvoir accueillir les camping-cars. Douches, toilettes, machine à laver, frigo, vidange sur châssis : tout est à la disposition des campeurs et ce, même pour un simple service dans la journée. Campeurs traditionnels et camping-cars s’y côtoient dans des emplacements spacieux. Ce qui n’empêche pas de parfois rencontrer quelques situations… disons, burlesques. «Un jour, un homme s’est disputé avec sa femme. Furieux, il est parti à bord de sa 2cv. Je ne sais pas comment il s’y est pris mais il a accroché le fil d’une tente voisine et l’a traînée sur plusieurs mètres. Alors endormis à l’intérieur, les occupants de la tente ont fini par sortir, désorientés par ce réveil brutal. Les autres campeurs ont ainsi eu la surprise de voir émerger un couple, totalement nu au beau milieu du terrain», s’amuse Jean-Paul. Mais pour l’heure, pas d’accroc entre les campeurs. C’est habillé que nous rencontrons François, père de famille, qui a trouvé dans Les Châtelaines, un véritable point de chute en Bourgogne. «Nous venons du Mans et nous devions rejoindre ma belle-famille qui habite dans la région. Nous ne sommes que de passage, nous sommes arrivés hier et nous repartons aujourd’hui», explique-t-il. Plus loin, un jeune couple de néerlandais profite du calme et du temps clément. «Cela fait trois nuits que nous sommes ici. Je ne sais pas encore quand nous repartirons. Nous avons découvert le camping l’année dernière et nous avons voulu revenir. Pour nous, néerlandais, la Bourgogne est le vrai visage de la France et passer ses vacances ici est vraiment ressourçant », affirme Lidye.
Contact : Gilles Coignot
Les Châtelaines89200 Avallon
03.86.34.16.37.