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Élevage laitier

Au grand confort de ces dames

Les Prim’Holstein du Gaec Mairet bénéficient de logettes avec des matelas et genouillères à eau depuis plusieurs mois.
Par Aurélien Genest
Au grand confort de ces dames
Nathalie Mairet, la semaine dernière dans son exploitation à Turcey.
On ne lésine pas avec le bien-être animal ! Nathalie et Jean-Louis Mairet ont tiré un trait sur leur aire paillée pour lui préférer un système de logettes équipées de confortables matelas et genouillères à eau. Ces poches s’adaptent parfaitement à la morphologie des vaches, le couchage évite tout point de pression et offre une bonne circulation sanguine. D’après le constructeur, la température corporelle des vaches est plus facilement régulée, ce qui diminue les risques de pathologies associées. Ce dispositif innovant génère plusieurs avantages pour l’exploitation du village de Turcey, comme l’indique Nathalie Mairet : «des bénéfices sur la qualité du lait ont été très rapidement enregistrés, c’est ce que nous espérions. Nous rencontrions des problèmes de cellules, parfois au-delà des 250 000, avec forcément des réfactions sur le prix du lait... Le taux cellulaire a considérablement chuté avec cette nouvelle installation, nous sommes passés à une moyenne inférieure à 150 000 et nous obtenons désormais des bonifications. Cet été, lors des grosses chaleurs, nous n’avons eu aucun problème, le changement a été radical. Notre deuxième motivation concerne la paille : l’aire paillée nous obligeait à acheter des quantités trop importantes, ce n’est plus le cas maintenant. Aujourd’hui, les vaches ont également un peu plus de place, c’était un autre objectif ». Le Gaec Mairet utilise désormais de la farine de paille fabriquée par la coopérative de Baigneux-les-Juifs : « les animaux ont l’air de d’y sentir très bien, ce produit est un assèchement naturel. La tonne nous est facturée 250 euros, nous n’en utilisons que 500 kg par mois en période hivernale».

Cap sur la qualité
Le prix de base du lait affiche une moyenne de 330 euros les 1000 litres sur 2019. «C’est mieux que certaines années, c’est vrai, mais ce n’est malheureusement pas encore assez», commente Nathalie Mairet, qui met donc les bouchées doubles pour gonfler ce niveau de prix par le biais de la qualité. «Les différents taux peuvent nous permettre de gagner jusqu’à 30 euros/1000 litres. Nous tentons de les décrocher...», ajoute la productrice. Le contexte agricole et laitier amène sans cesse les éleveurs à réfléchir et à s’adapter: «le système de logettes a bien sûr fait partie des réflexions. Rien n’est facile avec, en plus, le changement climatique et la nouvelle sécheresse de 2019 qui ont engendré un surcoût alimentaire de 22 000 euros pour notre ferme, avec de nombreux achats de maïs et de pulpes de betteraves. La facture est bien plus importante si l’on prend en compte l’eau, qui devient l’une des plus grandes problématiques dans les élevages». Pour devenir davantage autonomes, Nathalie Mairet et son frère envisagent de développer des cultures fourragères dérobées sur l’exploitation. «Nos capacités d’adaptation sont toutefois limitées dans ce domaine car nous n’avons pas beaucoup de terres labourables sur l’exploitation», précisent-ils. Après une période estivale relativement compliquée en termes de production, les 71 Prim’Holstein de l’exploitation repartent «plein pot» avec une moyenne estimée à 30 kg de lait/jour/vache. L’heure est aussi aux vêlages à Turcey : une cinquantaine de veaux sont nés depuis la fin de l’été, une vingtaine de naissances est encore attendue dans les deux prochains mois.

Responsabilités professionnelles

Passionnée par son métier, Nathalie Mairet est aussi très impliquée dans les fonctions professionnelles. L’éleveuse préside les commissions lait de la FDSEA21 et de la FRSEA. La Côte-d’orienne est également vice-présidente du CIL (Centre Interprofessionnel Laitier) du bassin de l’Est. Administratrice à la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) durant 14 ans, Nathalie Mairet a quitté cette fonction l’été dernier, par manque de temps: «il faut bien sûr faire des choix, on ne peut pas être partout ! J’ai intégré la région en 2018 avec le travail sur audit de filière lait à réaliser. Ces différentes missions sont passionnantes, l’actualité laitière est d’ailleurs riche. Tout le monde se réjouit de la récente reconnaissance européenne de l’indexation des cours de production, c’est un premier pas dans notre recherche de valeur ajoutée. France Terre de lait vient aussi d’être lancée : suite au plan de filière demandé dans le cadre des États généraux de l’alimentation, l’interprofession prend des engagements pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, tout en voulant redonner là-aussi de la valeur à la production. En ce qui concerne le CIL, nous sommes en train de nous caler pour répondre au besoin de proximité et d’échanges avec les régions administratives. Nous avons décidé la semaine dernière de créer au sein du CIL des sections par région, dont une pour la Bourgogne-Franche-Comté, une vraie politique laitière sera alors permise en région. La Saône-et-Loire et la Nièvre devraient nous rejoindre d’ici peu. Au niveau régional, nous travaillons aussi sur un plan protéines locales, ainsi que sur la création d’une organisation de producteurs dite «transversale», pour permettre aux producteurs de lait livrant à de petites unités de transformation de pouvoir répondre aux obligations réglementaires en termes de contractualisation, afin qu’aucun producteur ne soit oublié. Le travail ne manque pas !»