Polyculture-élevage
Au bout d’un système
Un agriculteur de Montberthault exprime ses inquiétudes et ses réflexions sur le devenir des exploitations en zone intermédiaire.

« Nos fermes vont devoir s’adapter très vite à ce changement climatique. Si rien n’est fait, l’élevage et même l’agriculture en général vont se retrouver en grand danger », prévient Franck Debeaupuis, rencontré la semaine dernière dans une de ses prairies près d’Époisses. L’éleveur côte-d’orien affiche d’emblée les pertes de son exploitation de polyculture-élevage : « nous avions l’habitude, mon père, ma mère, mon frère et moi, de vendre 20 000 à 30 000 euros de fourrages chaque année. Cela fait pratiquement trois exercices que nous n’écoulons plus rien. Notre production annuelle sert tout juste à nourrir nos animaux, c’est bien l’essentiel, me direz-vous. Mais avec 180 ha de prairies naturelles et un chargement de seulement 0,8 UGB/ha, nous devrions être beaucoup larges… En ce moment, 70 % de nos animaux sont nourris comme en hiver. Je n’ose imaginer la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui des exploitations beaucoup plus chargées. Avec les cours actuels de la viande, il doit être très compliqué d’acheter des fourrages ». L’atelier grandes cultures du Gaec Debeaupuis ne redore pas le blason de l’année en cours : « à cause de la sécheresse et des maigres rendements que nous enregistrons, la perte s’élève à 50 000 euros par rapport à 2019 ».
Des réalisations, des projets
Dans un tel contexte, l’exploitation agricole de Montberthault tente de s’adapter comme elle le peut. Et ce, dans tous les domaines. Plusieurs puits ont été réalisés depuis trois ans pour assurer au mieux l’abreuvement du cheptel comprenant 90 blondes d’Aquitaine. Des pompes à eau avec panneaux solaires ont également été installées. « Nous avons semé des méteils pour la première fois l’an passé, avec un mélange vesce-avoine-triticale sur nos plus faibles potentiels. Un rendement d’environ 50 q/ha a été obtenu. Nous allons en re-semer, l’idée est d’avoir le moins de frais possible pour nourrir nos bovins. La facture des méteils se résume aux seuls coûts de la semence », mentionne Franck Debeaupuis. En concertation avec les trois autres associés du Gaec, l’agriculteur a décidé de mettre une croix sur le colza, après une nouvelle désillusion il y a quelques semaines : « nous allons privilégier des cultures moins coûteuses comme le tournesol et le pois de printemps. Nous allons également tester le lin lors de la prochaine campagne, ce sera une nouveauté ». La famille Debeaupuis réfléchit aussi à une conversion en agriculture biologique : « c’est une réflexion qui date de plusieurs années. Nous payons des produits phytosanitaires de plus en plus cher alors qu’ils sont de moins en moins efficaces : à un certain moment, il faut arrêter tout ça. Nous arrivons clairement au bout d’un système… Notre élevage est pratiquement bio, il n’y aurait pas grand-chose à faire pour se convertir. Pour nos grandes cultures, cela demanderait en revanche une réorganisation totale et beaucoup plus de techniques. Dans un premier temps, nous allons nous former, puis voir ce qu’il est possible d’envisager ».
D’autres pistes ?
Le Gaec Debeaupuis a fait installer des panneaux photovoltaïques d’une puissance de 100 kWc au printemps. « Le toit a été posé en avril mais, faute au confinement, le branchement ne sera effectué qu’en novembre, alors que nous devions produire de l’électricité dès le mois de juin. La raison ? Une rupture de stocks de transformateurs. Enedis s’est en effet arrêté de travailler ! Nous avions programmé une demi-année de production. Dans le même temps, il nous faut rembourser l’installation… Nous avons demandé un report d’échéances, mais 1 000 euros d’intérêts seront pour notre poche. Cela n’aurait jamais dû arriver ». Maire de sa commune et vice-président de la communauté de communes en charge de l’eau, Franck Debeaupuis n’est pas persuadé que les élevages hors-sol représentent l’avenir de l’agriculture : « ils ont le vent en poupe, mais je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour les prochaines années. Je dis cela en considérant la problématique de la raréfaction de l’eau qui ne va faire qu’empirer. Ces ateliers sont de gros consommateurs en eau, ce type d’élevage ne fait donc pas partie de nos réflexions ».
Des réalisations, des projets
Dans un tel contexte, l’exploitation agricole de Montberthault tente de s’adapter comme elle le peut. Et ce, dans tous les domaines. Plusieurs puits ont été réalisés depuis trois ans pour assurer au mieux l’abreuvement du cheptel comprenant 90 blondes d’Aquitaine. Des pompes à eau avec panneaux solaires ont également été installées. « Nous avons semé des méteils pour la première fois l’an passé, avec un mélange vesce-avoine-triticale sur nos plus faibles potentiels. Un rendement d’environ 50 q/ha a été obtenu. Nous allons en re-semer, l’idée est d’avoir le moins de frais possible pour nourrir nos bovins. La facture des méteils se résume aux seuls coûts de la semence », mentionne Franck Debeaupuis. En concertation avec les trois autres associés du Gaec, l’agriculteur a décidé de mettre une croix sur le colza, après une nouvelle désillusion il y a quelques semaines : « nous allons privilégier des cultures moins coûteuses comme le tournesol et le pois de printemps. Nous allons également tester le lin lors de la prochaine campagne, ce sera une nouveauté ». La famille Debeaupuis réfléchit aussi à une conversion en agriculture biologique : « c’est une réflexion qui date de plusieurs années. Nous payons des produits phytosanitaires de plus en plus cher alors qu’ils sont de moins en moins efficaces : à un certain moment, il faut arrêter tout ça. Nous arrivons clairement au bout d’un système… Notre élevage est pratiquement bio, il n’y aurait pas grand-chose à faire pour se convertir. Pour nos grandes cultures, cela demanderait en revanche une réorganisation totale et beaucoup plus de techniques. Dans un premier temps, nous allons nous former, puis voir ce qu’il est possible d’envisager ».
D’autres pistes ?
Le Gaec Debeaupuis a fait installer des panneaux photovoltaïques d’une puissance de 100 kWc au printemps. « Le toit a été posé en avril mais, faute au confinement, le branchement ne sera effectué qu’en novembre, alors que nous devions produire de l’électricité dès le mois de juin. La raison ? Une rupture de stocks de transformateurs. Enedis s’est en effet arrêté de travailler ! Nous avions programmé une demi-année de production. Dans le même temps, il nous faut rembourser l’installation… Nous avons demandé un report d’échéances, mais 1 000 euros d’intérêts seront pour notre poche. Cela n’aurait jamais dû arriver ». Maire de sa commune et vice-président de la communauté de communes en charge de l’eau, Franck Debeaupuis n’est pas persuadé que les élevages hors-sol représentent l’avenir de l’agriculture : « ils ont le vent en poupe, mais je ne pense pas que ce soit la bonne solution pour les prochaines années. Je dis cela en considérant la problématique de la raréfaction de l’eau qui ne va faire qu’empirer. Ces ateliers sont de gros consommateurs en eau, ce type d’élevage ne fait donc pas partie de nos réflexions ».
Une fin d’année sans sortie
Crise sanitaire oblige, Franck Debeaupuis ne se rendra plus en concours d’ici la fin de l’année : « Le national Blonde d’Aquitaine devait se tenir ce mois d’août dans les Hautes-Pyrénées mais il a été annulé. Par chance, notre régional a lieu tous les deux ans à Bourg-en-Bresse et n’était pas programmé en 2020. Le Sommet de l’Élevage, début octobre, est à ce jour maintenu mais je m’interroge sur la suite des évènements… Dans notre cas, nous préférons ne pas nous y rendre, ce sera pour une prochaine fois. Cette année est décidément très particulière, nous avons déjà quitté le salon de l’agriculture avec un jour d’avance lors de la dernière édition… Nous espérons tous que la situation s’arrange rapidement, et pas seulement pour les concours ! ». Le commerce de reproducteurs du Gaec Debeaupuis n’a, heureusement, pas été impacté par coronavirus : « nous vendons généralement une vingtaine de génisses et une dizaine de taureaux tous les ans, ce sera encore le cas en 2020 malgré l’absence de transactions à l’étranger. Environ 30 % de nos bêtes partent la plupart du temps à l’export, notamment en Allemagne. Le marché français a été plus important que d’accoutumée, ce qui nous permet de maintenir notre nombre de ventes ».