Accès au contenu
Méligèthes

Attention aux colzas ayant souffert

La présence, souvent très visible des méligèthes n’est pas toujours synonyme de pertes de rendement. Les éventuels dégâts sous forme de boutons avortés peuvent parfaitement être compensés par l'émission d'autres boutons floraux à condition que le colza ne soit pas trop fragilisé par des accidents antérieurs.
Par L.Ruck – M.Geloen, Terres InoviaZone Nord et Est
Attention aux colzas ayant souffert
( Crédit photo : Terress Inovia - L. Jung ) Méligèthes sur bouton de colza.
Son plat préféré, le pollen !
Les méligèthes perforent les boutons pour se nourrir de pollen ce qui peut endommager le pistil et conduire à l’avortement du bouton. Dès que les fleurs sont ouvertes, le pollen devient libre d’accès  et les adultes sont beaucoup moins nuisibles. En floraison, il est normal de retrouver des méligèthes au niveau des boutons car les femelles déposent leurs œufs à la base de ceux-ci. Mais ces pontes ne provoquent ni lésion ni avortement des boutons.

Un insecte visible mais pas toujours nuisible qu’il faut savoir observer
Les méligèthes sont facilement repérés et identifiés sur le haut des plantes et sont souvent surestimés. La lutte raisonnée consiste à intervenir lorsque le seuil de nuisibilité est atteint au cours de la période de sensibilité du colza (stades boutons). Les méligèthes ne sont plus nuisibles à partir du début de la floraison.. Les comptages en bordure ou sur les plantes les plus hautes ne sont pas représentatifs de la situation. Il est conseillé de compter sur 5 x 5 plantes consécutives; puis de calculer une moyenne ou un pourcentage par plante à rapprocher des seuils mentionnés dans le tableau.

Des seuils de nuisibilité à moduler selon l’état du colza
Le colza est capable de compenser des pertes de boutons sur ses ramifications secondaires lorsqu’il est vigoureux  et  situé dans un milieu favorable. La stratégie de lutte vise à  maintenir  la population de méligèthes à un niveau tolérable (et non à l'éradiquer)..
Pour les colzas handicapés par un excès d’eau, des larves d’altises et/ou le gel, le nombre de méligèthes «toléré» sera moins élevé.

Si besoin, choisir le bon insecticide et alterner les modes d’action
Certains insecticides ont une action choc entrainant une mort rapide des insectes. D’autres vont jouer sur leur comportement en les empêchant de se nourrir ce qui limite les dégâts.

Les populations de méligèthes sont considérées résistantes à la plupart des pyréthrinoïdes actuelles, hormis etofenprox (ex Trebon 30EC), tau-fluvalinate  (ex Mavrik Flo)
Il est important de profiter de substances actives spécifiques et ne pas utiliser 2 fois de suite le même mode d’action (même si on traite 2 insectes différents)  pour réduire le risque d’apparition de résistance.
-En cas d’attaque par le méligèthe seul (courant montaison), privilégier les substances actives spécifiques comme indoxacarbe (Steward, Explicit EC), pymétrozine (Plenum 50WG) afin d’alterner les modes d’action.

- En cas d’intervention tardive (stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions bénéficiant de la  dérogation abeille : par exemple Mavrik Flo, Trebon 30EC.
- En cas de présence simultanée de méligèthes (>seuil) et de charançons de la tige, privilégier une association comme par ex  Daskor 440 ou Proteus.

Attention

Les insecticides appliqués en floraison contrarient l’efficacité d’une faune auxiliaire particulièrement active, telles que les hyménoptères parasitoïdes très actifs sur les larves de méligèthes présentes dans les fleurs. Ces insectes participent ainsi à la régulation des populations qui envahiront les parcelles l’année suivante.

Comment gérer les parcelles avec des plantes pièges ?
La présence de variétés très précoces comme plantes pièges à méligèthe (ex : ES Alicia) permet de limiter le risque mais n’exclut pas une surveillance voire une intervention si la pression est forte. Pour évaluer correctement le risque sur ces parcelles, compter le nombre de méligèthes présents sur les plantes d’intérêt en excluant les variétés précoces qui concentrent généralement les populations.