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Cavap-Vanagri

Après le silo bio, les péniches !

Comme à l'€™accoutumée, la Cavap a ouvert le bal des assemblées générales des coopératives céréalières du département. Après la mise en route du silo bio en juin dernier, un nouveau projet d'€™envergure se met en place, avec la création prochaine d'€™un site portuaire à Montereau.
Par DOMINIQUE BERNERD
Après le silo bio, les péniches !
Lors de la table tonde, avec, de gauche à droite : Philippe Couard, Gilles Abry, Bruno Bouvat-Martin et Baudouin Delforge.
Dans sa lecture du rapport de gestion de l'€™exercice 2011/2012, Baudoin Delforge, directeur de la Cavap a rappelé quels en avaient été les faits marquants : une campagne caractérisée par une collecte en baisse de -11,4% par rapport à la moyenne des trois années précédentes et de -5,3% par rapport à la campagne 2010/2011. Une diminution des volumes résultant principalement d'€™une baisse de rendement sur la majorité des productions, à l'€™exception du maÏs et du tournesol, ainsi que des dégâts en colza occasionnés, à quelques jours de la récolte, dans le secteur de Villiers Bonneux. A noter : une forte baisse de la collecte orge et escourgeons d'€™hiver, avec un volume global de 28 142 tonnes, en diminution de 12 378 t par rapport à l'€™exercice précédent. La hausse des prix d'€™environ 7% ayant permis d'€™atténuer la baisse du chiffre d'€™affaires céréales, en retrait de 3%. L'€™évolution des superficies des productions fait apparaître une baisse continue des surfaces en orge depuis plusieurs années, alors que les surfaces en maÏs enregistrent une augmentation significative, passant de 600 à 800 ha. Les protéagineux, étant en recul significatif à 470 ha, compte tenu d'€™une valorisation médiocre.
L'€™analyse des comptes sociaux au 30 juin 2012 dégage un résultat d'€™exploitation en hausse de + 3%, pour une marge en progression de + 8% et un résultat net de + 15%. Alors que la moyenne des prix de vente de la campagne 2011/2012 s'€™établit pour la CAVAP à 266 €/t, celle du prix moyen d'€™achat des apports atteint 220 €/t contre 204 €/t. Une hausse toute relative, comme le rappelle Baudouin Delforge, quand on sait que l'€™exercice 1988/1989 s'€™était soldé par un prix moyen de 215 €... Un vrai travail de Sisyphe !
[INTER]L'€™objectif de collecte bio en 3 ans déjà atteint[inter]
Les perspectives du prochain exercice laissent entrevoir une augmentation du chiffre d'€™affaires, liée à celle du prix des céréales et du volume de la collecte. Les investissements prévus porteront essentiellement sur des travaux de mise aux normes et la fin de l'€™aménagement du site de Petit Villiers. L'€™effort est mis également sur le parc routier, avec l'€™achat de camions aux normes Euro 6, pour des économies non négligeables, comme le souligne le directeur de la coopérative : [I]«alors qu'€™une bonne partie du parc français est encore en Euro 3 et 4, le choix d'€™investir dans de nouveaux matériels performants permet d'€™économiser jusqu'€™à 10 litres aux 100 km, soit par an un gain de 8 000 € par poids lourd»[i].
La mise en route du silo de Pont sur Vanne dédié à la collecte bio aura été une étape importante en 2012 pour la Cavap, avec des résultats dépassant les espérances, puisque l'€™objectif de collecte à 3 ans va être réalisé dès la première année. Une [I]«véritable opportunité pour les agriculteurs de la région»[i], selon le président de la coopérative, Philippe Couard, qui a rappelé que pour dynamiser la filière, Eaux de Paris et l'€™Agence de Bassin Seine-Normandie avaient décidé de prolonger jusqu'€™au 15 mai prochain les aides à la conversion de 447 €/ha, venant en complément des aides PAC existantes. Afin d'€™améliorer la qualité et le service de la collecte bio, décision a été prise par les administrateurs d'€™équiper d'€™ici 2 ou 3 ans le silo d'€™un séchoir. Dans l'€™attente, des caissons séchants ont d'€™ors et déjà été installés.
[INTER]Des péniches de 200 tonnes et plus au départ de Montereau[inter]
Autre projet d'€™envergure pour la coopérative de Molinons : la réalisation d'€™un port fluvial à Montereau sur un site de 25 000 m2, dont l'€™exploitation se fera via une société baptisée SP2M (Société Portuaire de Manutention Montereaulaise), articulée autour de quatre actionnaires, dont deux majoritaires, Cavap et Vanagri, ainsi qu'€™Axereal et Cabb. L'€™objectif étant de permettre l'€™approvisionnement du port de Rouen avec des péniches de 2000 tonnes et plus et d'€™être aux normes en prévision du futur canal Seine Nord Europe espéré à l'€™horizon 2018. Les premiers chargements devraient débuter à l'€™été prochain, avec une perspective annuelle de 180 000 tonnes, portée à 250 000 t en 2015.
Des investissements qui vont dans le sens du modèle économique mis en place par la coopérative depuis 4 ans, souligne son président : [I]«qui repose sur un partenariat actif avec la coopérative Epis Centre et plus largement avec Axereal... Aujourd'€™hui, les réflexions portent plutôt sur des raisonnements régionaux ou inter-régionaux et toute l'€™efficience des regroupements doit être faite dans un souci économique ou la logistique des flux doit être optimisée»[i]. Un discours au diapason de celui de son directeur, Baudoin Delforge, pour qui : [I]«c'€™est l'€™avenir même de nos entreprises qui est en jeu. Si on n'€™a pas une vision générale en dehors de nos cantons et de notre département, on va crever, c'€™est pas compliqué !»[i] Et pas question pour la Cavap d'€™être à l'€™initiative de l'€™organisation des obsèques !

Une table ronde sur les défis de l'€™agriculture de demain

Point d'€™orgue à l'€™assemblée générale, une table ronde sur les grands défis de l'€™agriculture de demain, avec la participation de Bruno Bouvat-Martin, Vice-président du groupe Axereal et président du groupe Epis Centre et de son homologue à la Chambre d'€™agriculture de l'€™Yonne, Gilles Abry. La fluctuation des productions... ? «Un atout pour l'€™Europe de l'€™Ouest», selon Bruno Bouvat-Martin, au regard de la moyenne constatée de 8 %, face aux écarts que connaissent d'€™autres pays comme l'€™Australie, où selon les années, le volume récolté peut varier du simple au double. Face à une consommation mondiale en hausse, les atouts pour produire plus demain sont multiples, que ce soit par «la capacité à remettre en culture des millions d'€™ha en jachère comme aux Etats-Unis ou en créer en Afrique...», la génétique : «qui, qu'€™on le veuille ou non, passera par les OGM. Après, tout dépend jusqu'€™où va l'€™obscurantisme !» Ou la hausse de la consommation de protéines animales : «l'€™évolution du niveau de vie et une alimentation plus carnée ne pourra que bénéficier aux productions végétales...» Le président d'€™Epis-Centre se félicitant «du schéma lisible apporté par le marché à terme où aujourd'€™hui, on peut se positionner déjà sur la récolte 2014». La maîtrise de la logistique est plus que jamais un gage de sécurité face au défi de l'€™exportation : «qui dirigera la logistique portuaire dirigera l'€™exportation nécessaire à la nourriture mondiale !» La réussite en la matière passant par la qualité : «nos OS doivent savoir travailler le grain beaucoup mieux qu'€™il ne le font ! Allez visiter un chargement de bateau à Rouen, vous verrez la poussière... Vous allez vous croire dans votre moissonneuse batteuse !» De citer pour exemple le retour de l'€™ergot, non seulement dans les céréales, mais aussi dans les semences! Un discours partagé par Gilles Abry, pour qui : «on voit bien que l'€™enjeu est d'€™adapter nos productions aux besoins de nos clients. Le temps où l'€™on produisait en mettant en tas à la coop en se disant qu'€™elle allait bien s'€™en débrouiller et en faire quelque chose, il faut tirer un trait là-dessus ! Les gens qui demain auront encore cet état d'€™esprit ne seront plus agriculteurs après-demain !»