Regards sur 2015
Annus horribilis *
Ils sont éleveurs, céréaliers, viticulteurs et témoignent de ce qu’ils retiendront de 2015 et de leurs vœux au seuil de cette nouvelle année.
Que retiendra la mémoire collective de l’année 2015 dans dix ou vingt ans… ? Un millésime funeste marqué par la folie meurtrière ? Une année où se seront conjugués sécheresse, effondrement des marchés, mise en place laborieuse de la nouvelle Pac ? Mais aussi une année synonyme de vendanges exceptionnelles et d’une reprise timide mais prometteuse de l’économie. D’autres en retiendront un message d’espoir, marqué par un socle commun de solidarité et d’union nationale face aux attentats. A chacun ses souvenirs, ses craintes et ses espérances.
Kamel Ferrag (Eleveur laitier)
«En tant qu’éleveur, je retiendrai bien sur le prix du lait et toutes ces mutations que l’on rencontre autour des filières, générant des phénomènes qu’on ne maîtrise plus aujourd’hui, à l’image de l’embargo russe. Le libéralisme progresse un peu partout et en même temps, on ressent cet attachement des gens vis-à-vis d’une certaine agriculture, même si ce n’est pas forcément celle que l’on souhaite, preuve peut-être qu’on communique mal ! Des mutations économiques aussi, dont l’impact est de plus en plus important pour nous, depuis un an. De manière plus générale, je ressens une inquiétude de voir les extrêmes fondre ainsi sur nous et crains que le front républicain s’épuise et atteigne un jour ses limites. Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’en terme de vote, les gens réclament du changement. Mais cette fois-ci, il faut vraiment que les politiques se mettent au niveau, à commencer par régler ce problème de cumul des mandats. Mes souhaits pour 2016 ? Que la France retrouve ses vraies couleurs de fraternité et de solidarité et pas seulement après avoir connu le pire comme avec les attentats. Il faut qu’on anticipe beaucoup plus et rester positif pour continuer à avancer. L’anticipation sera notre meilleure bouée de sauvetage et ce, à tous les niveaux».
Franck Pouillot (Exploitant céréalier et viticulteur)
«En terme de productions, une très bonne année pour les cultures d’hiver, mais très mauvaises pour celles de printemps. Des vendanges excellentes aussi, que ce soit en qualité comme en quantité. Mais globalement, dans un cadre plus général, une réglementation de plus en plus complexe, pour quelqu’un comme moi, engagé en zone de captage, avec pas mal de soucis administratifs et l’abandon de certains soutiens financiers, y compris pour les zones vulnérables… Sur un plan plus sociétal, il est clair qu’au fil des années, les incertitudes augmentent. Nous sommes aujourd’hui dans un monde assez versatile, avec de moins en moins de lisibilité, alors même que dans notre métier, nous avons besoin d’une vision de plus en plus large, ne serait-ce que par rapport à nos investissements qui se raisonnent à l’échelle d’une décennie. Si j’avais un vœu à formuler pour 2016, ce serait que nos politiques nous apportent un peu plus de lisibilité, et nous épargnent de lois faisant l’aller et retour, dans un sens comme dans un autre».
Jacques Tribut (Exploitant en polyculture élevage et Maire de sa commune)
«Ce qui symbolise à mes yeux l’année 2015 ? C’est bien sur l’horreur des attentats de janvier et novembre, mais au final, face à l’inquiétude et la peur, j’ai été marqué par la solidarité qui s’est créée au niveau national. Un point positif, en forme d’union, sur le plan humain et mes vœux pour 2016, seraient que cette solidarité se perpétue au quotidien. L’autre point important et inquiétant qui caractérise l’année 2015, c’est la montée des extrêmes, avec la question de savoir pourquoi certains s’y réfugient, en se disant, «ils n’ont jamais été au pouvoir, après tout, pourquoi pas ?» C’est cela qui est inquiétant, car ce n’est pas parce qu’ils n’ont jamais été au pouvoir, qu’ils sont dans la réalité. Un programme bâti sur la haine et contre l’Homme ne peut rien apporter de bon. Sur un plan purement agricole, l’année aura été particulière, marquée par la sécheresse, mais avec malgré tout des rendements qui, par rapport à notre secteur, (ndlr : Tonnerrois), sont honorables. Malheureusement, avec des prix qui ne sont pas au rendez-vous».
Joseph Roux (JA, exploitant céréalier)
«Pour moi, 2015, se caractérise par le dérèglement ! Il n’y a plus désormais, de corrélation entre la production, les prix, le revenu agricole. Avant, c’était basique : il y avait une bonne récolte, les prix étaient bas, mauvaise récolte, ils remontaient et ainsi de suite. L’an passé déjà, c’était un peu bizarre car sans qualité, les prix se sont quand même plus ou moins maintenus. Tout semble aujourd’hui déconnecté, surtout quand on regarde au niveau mondial… Sur un plan plus large, 2015, c’est aussi la Cop 21 et la prise en compte par la société civile, que l’agriculteur a également un rôle à jouer sur la préservation de l’environnement et les ressources bio renouvelables, même s’il y a encore du travail à faire. Je souhaiterai en ce début d’année, que tous ceux fraichement élus au sein de ces nouvelles grandes régions, nous sortent des politiques, que ce soit au niveau agricole ou environnemental, un peu plus lisibles et à plus long terme, plutôt que de réagir ponctuellement au jour le jour. La mutation agricole aujourd’hui, réclame avant tout la plus grande lisibilité».
Pascal Baron (Eleveur allaitant)
«Ce qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est l’immense «fumisterie» de la FCO ! Nous bloquer les broutards ainsi, fin septembre, début octobre, c’est à se demander si ce n’était pas voulu pour déstabiliser le marché! Sans compter les frais supplémentaires engagés.
Pour moi, 2015 restera avant tout lié à la FCO, même si, d’une manière plus large, le fait marquant en France, ce sont les attentats. Quand j’ai allumé la télé le 14 novembre au matin, je ne le savais pas du soir et je suis resté sur le c.. ! Sans voix, à la limite les larmes aux yeux. On pensait déjà avoir connu le summum avec Charlie Hebdo et là, c’était encore pire. Mes souhaits pour 2016 ? Qu’on réussisse à passer l’année et qu’on arrive en 2017 pas plus mal encore qu’aujourd’hui. Que noter production nous permette de nous faire vivre et qu’on arrête de vivre sur le salaire de nos femmes. A l’âge de la quarantaine, on a tous des enfants qui sont intéressés et on a envie de leur transmettre un outil viable qui leur permette de vivre. Aujourd’hui, techniquement, les résultats sont bons, c’est économiquement que ça ne va pas. Malgré tout, on garde le moral, mais certains risquent de péter les plombs et c’est normal : quand on travaille pour perdre de l’argent tous les jours, à un moment, ça monte à la tête».
Christian Boname (Exploitant céréalier et aviculteur)
«Une année atypique, en ce sens qu’au point de vue météo, on a eu de tout, même si au final, au niveau céréales, on en a profité. Mais une année aussi, caractérisée par le malaise au niveau agricole, quelque soit la production, avec des charges qui n’en finissent plus et je crois qu’il y a là un lien transversal avec les résultats des dernières élections.
Nous sommes pressés de partout. Moi ça ne me dérange pas de payer, mais j’aimerai savoir pourquoi et pour qui ? Aujourd’hui, les travailleurs des campagnes ne sont plus reconnus et sans parler de l’insécurité, car nous ne sommes pas directement touchés, les gens sont dans leur grande majorité inquiets.
Pour moi, 2015 est une année à oublier très vite en tant que citoyen… Si j’avais un souhait, ce serait que les politiques cessent de se haïr entre eux et apprennent à travailler ensemble, dans un climat plus serein, pour progresser.
Pourquoi est-ce que cela marche en Allemagne, où l’on avance pour le pays et dans un but commun et pas en France ? Mais quel est le but commun aujourd’hui, chez nous ?»
Thierry Desvaux (Exploitant céréalier)
«Ce qui me vient à l’esprit, tout de suite, par rapport au ressenti que j’ai de 2015 et à notre exploitation, c’est l’avancée en matière d’agro écologie. Nous avons été labellisé GIEE, avons réalisé une journée sur le thème de l’agro écologie et remporté 2 trophées. Globalement, pour 2016, je souhaite que le monde agricole retrouve un peu plus de sérénité, aussi bien par rapport à l’évolution des marchés qu’au contexte d’insécurité grandissante, qu’il s’aperçoive des changements à prendre en cours et que la prise de conscience des enjeux environnementaux, soit mise en avant».
Jean-Baptiste Thibaut (Viticulteur)
«En tant que viticulteur : heureux ! Une super année 2015, avec de la pluie arrivée au bon moment, même si les orages de grêle en début de vendanges ont un peu terni notre bonheur, qui a permis de faire à peu près nos rendements, sauf en rouge. Pour le moment, les prix se tiennent, la qualité est là, le seul souci, c’est de réussir à trouver et former du personnel ! Mais au global, si c’était à refaire, je signe tous les ans comme ça ! Nos marchés à l’export sont directement liés à la conjoncture mondiale et nos produits sont festifs. Il ne faudrait pas que l’environnement anxiogène que l’on a connu en 2015, directement lié au terrorisme, nous fasse oublier qu’il faut vivre et profiter de la vie, continuer à s’amuser, prendre du plaisir et le vin est là pour y contribuer».
Jean-Marie Sapin (Agriculteur retraité)
«Les attentats et la montée de Daech. C’est ce que je retiens avant tout de l’année qui se termine. Mais aussi la sensibilisation de la population, comme on a pu le voir lors des rassemblements du 11 janvier dernier : des gens de mon village qui ne sortent presque plus jamais, sont allés à Auxerre ce jour là. Sur le plan agricole, nous avons connu une récolte céréalière du siècle, en contraste malheureusement, avec le malaise grandissant dans le domaine de l’élevage, que ce soit en lait ou en viande. Je souhaiterai pour 2016, une refonte des partis politiques et une forte mobilisation. Aujourd’hui, il y a un ras le bol de tout ce qui touche à l’Europe et cela s’est traduit par la montée des votes extrêmes, surtout en milieu agricole. Et tant qu’il n’y aura pas une relance économique, certains continueront à rallier les thèses extrémistes».
Thierry Michon (Exploitant céréalier)
«Pour moi, c’est avant tout le côte attristant de cette intolérance liée aux attentats… On prend plus conscience du malheur des autres quand ça vient nous frapper chez nous. Le côté positif des choses, c’est qu’il y a quand même de plus en plus d’enfants scolarisés dans le monde et cela devrait permettre en principe d’asseoir un peu plus de tranquillité dans certains pays. On ne gouverne pas un peuple de la même manière, quand il est éduqué ! L’autre point positif que je retiendrai de 2015, c’est la Cop 21, qui aura fait bouger un peu les choses, avec une climatologie particulière, à ce moment là, qui a frappé les esprits. Et autant j’aurai des critiques à formuler au niveau de la protection des citoyens entre janvier et novembre dernier, autant on peut dire que là-dessus, notre gouvernement a bien joué. D’une manière plus générale, je continue à dire tout haut qu’on a la chance d’être né au bon endroit. On a tous nos problèmes, mais il faut toujours relativiser».
(*) Annus horribilis : « Année horrible » en latin, est l’expression par laquelle fut qualifiée l’année 1992 par la reine Elisabeth II, à l’occasion du 40e anniversaire de son accession au trône
Kamel Ferrag (Eleveur laitier)
«En tant qu’éleveur, je retiendrai bien sur le prix du lait et toutes ces mutations que l’on rencontre autour des filières, générant des phénomènes qu’on ne maîtrise plus aujourd’hui, à l’image de l’embargo russe. Le libéralisme progresse un peu partout et en même temps, on ressent cet attachement des gens vis-à-vis d’une certaine agriculture, même si ce n’est pas forcément celle que l’on souhaite, preuve peut-être qu’on communique mal ! Des mutations économiques aussi, dont l’impact est de plus en plus important pour nous, depuis un an. De manière plus générale, je ressens une inquiétude de voir les extrêmes fondre ainsi sur nous et crains que le front républicain s’épuise et atteigne un jour ses limites. Il est vrai que ce n’est pas la première fois qu’en terme de vote, les gens réclament du changement. Mais cette fois-ci, il faut vraiment que les politiques se mettent au niveau, à commencer par régler ce problème de cumul des mandats. Mes souhaits pour 2016 ? Que la France retrouve ses vraies couleurs de fraternité et de solidarité et pas seulement après avoir connu le pire comme avec les attentats. Il faut qu’on anticipe beaucoup plus et rester positif pour continuer à avancer. L’anticipation sera notre meilleure bouée de sauvetage et ce, à tous les niveaux».
Franck Pouillot (Exploitant céréalier et viticulteur)
«En terme de productions, une très bonne année pour les cultures d’hiver, mais très mauvaises pour celles de printemps. Des vendanges excellentes aussi, que ce soit en qualité comme en quantité. Mais globalement, dans un cadre plus général, une réglementation de plus en plus complexe, pour quelqu’un comme moi, engagé en zone de captage, avec pas mal de soucis administratifs et l’abandon de certains soutiens financiers, y compris pour les zones vulnérables… Sur un plan plus sociétal, il est clair qu’au fil des années, les incertitudes augmentent. Nous sommes aujourd’hui dans un monde assez versatile, avec de moins en moins de lisibilité, alors même que dans notre métier, nous avons besoin d’une vision de plus en plus large, ne serait-ce que par rapport à nos investissements qui se raisonnent à l’échelle d’une décennie. Si j’avais un vœu à formuler pour 2016, ce serait que nos politiques nous apportent un peu plus de lisibilité, et nous épargnent de lois faisant l’aller et retour, dans un sens comme dans un autre».
Jacques Tribut (Exploitant en polyculture élevage et Maire de sa commune)
«Ce qui symbolise à mes yeux l’année 2015 ? C’est bien sur l’horreur des attentats de janvier et novembre, mais au final, face à l’inquiétude et la peur, j’ai été marqué par la solidarité qui s’est créée au niveau national. Un point positif, en forme d’union, sur le plan humain et mes vœux pour 2016, seraient que cette solidarité se perpétue au quotidien. L’autre point important et inquiétant qui caractérise l’année 2015, c’est la montée des extrêmes, avec la question de savoir pourquoi certains s’y réfugient, en se disant, «ils n’ont jamais été au pouvoir, après tout, pourquoi pas ?» C’est cela qui est inquiétant, car ce n’est pas parce qu’ils n’ont jamais été au pouvoir, qu’ils sont dans la réalité. Un programme bâti sur la haine et contre l’Homme ne peut rien apporter de bon. Sur un plan purement agricole, l’année aura été particulière, marquée par la sécheresse, mais avec malgré tout des rendements qui, par rapport à notre secteur, (ndlr : Tonnerrois), sont honorables. Malheureusement, avec des prix qui ne sont pas au rendez-vous».
Joseph Roux (JA, exploitant céréalier)
«Pour moi, 2015, se caractérise par le dérèglement ! Il n’y a plus désormais, de corrélation entre la production, les prix, le revenu agricole. Avant, c’était basique : il y avait une bonne récolte, les prix étaient bas, mauvaise récolte, ils remontaient et ainsi de suite. L’an passé déjà, c’était un peu bizarre car sans qualité, les prix se sont quand même plus ou moins maintenus. Tout semble aujourd’hui déconnecté, surtout quand on regarde au niveau mondial… Sur un plan plus large, 2015, c’est aussi la Cop 21 et la prise en compte par la société civile, que l’agriculteur a également un rôle à jouer sur la préservation de l’environnement et les ressources bio renouvelables, même s’il y a encore du travail à faire. Je souhaiterai en ce début d’année, que tous ceux fraichement élus au sein de ces nouvelles grandes régions, nous sortent des politiques, que ce soit au niveau agricole ou environnemental, un peu plus lisibles et à plus long terme, plutôt que de réagir ponctuellement au jour le jour. La mutation agricole aujourd’hui, réclame avant tout la plus grande lisibilité».
Pascal Baron (Eleveur allaitant)
«Ce qui me vient tout de suite à l’esprit, c’est l’immense «fumisterie» de la FCO ! Nous bloquer les broutards ainsi, fin septembre, début octobre, c’est à se demander si ce n’était pas voulu pour déstabiliser le marché! Sans compter les frais supplémentaires engagés.
Pour moi, 2015 restera avant tout lié à la FCO, même si, d’une manière plus large, le fait marquant en France, ce sont les attentats. Quand j’ai allumé la télé le 14 novembre au matin, je ne le savais pas du soir et je suis resté sur le c.. ! Sans voix, à la limite les larmes aux yeux. On pensait déjà avoir connu le summum avec Charlie Hebdo et là, c’était encore pire. Mes souhaits pour 2016 ? Qu’on réussisse à passer l’année et qu’on arrive en 2017 pas plus mal encore qu’aujourd’hui. Que noter production nous permette de nous faire vivre et qu’on arrête de vivre sur le salaire de nos femmes. A l’âge de la quarantaine, on a tous des enfants qui sont intéressés et on a envie de leur transmettre un outil viable qui leur permette de vivre. Aujourd’hui, techniquement, les résultats sont bons, c’est économiquement que ça ne va pas. Malgré tout, on garde le moral, mais certains risquent de péter les plombs et c’est normal : quand on travaille pour perdre de l’argent tous les jours, à un moment, ça monte à la tête».
Christian Boname (Exploitant céréalier et aviculteur)
«Une année atypique, en ce sens qu’au point de vue météo, on a eu de tout, même si au final, au niveau céréales, on en a profité. Mais une année aussi, caractérisée par le malaise au niveau agricole, quelque soit la production, avec des charges qui n’en finissent plus et je crois qu’il y a là un lien transversal avec les résultats des dernières élections.
Nous sommes pressés de partout. Moi ça ne me dérange pas de payer, mais j’aimerai savoir pourquoi et pour qui ? Aujourd’hui, les travailleurs des campagnes ne sont plus reconnus et sans parler de l’insécurité, car nous ne sommes pas directement touchés, les gens sont dans leur grande majorité inquiets.
Pour moi, 2015 est une année à oublier très vite en tant que citoyen… Si j’avais un souhait, ce serait que les politiques cessent de se haïr entre eux et apprennent à travailler ensemble, dans un climat plus serein, pour progresser.
Pourquoi est-ce que cela marche en Allemagne, où l’on avance pour le pays et dans un but commun et pas en France ? Mais quel est le but commun aujourd’hui, chez nous ?»
Thierry Desvaux (Exploitant céréalier)
«Ce qui me vient à l’esprit, tout de suite, par rapport au ressenti que j’ai de 2015 et à notre exploitation, c’est l’avancée en matière d’agro écologie. Nous avons été labellisé GIEE, avons réalisé une journée sur le thème de l’agro écologie et remporté 2 trophées. Globalement, pour 2016, je souhaite que le monde agricole retrouve un peu plus de sérénité, aussi bien par rapport à l’évolution des marchés qu’au contexte d’insécurité grandissante, qu’il s’aperçoive des changements à prendre en cours et que la prise de conscience des enjeux environnementaux, soit mise en avant».
Jean-Baptiste Thibaut (Viticulteur)
«En tant que viticulteur : heureux ! Une super année 2015, avec de la pluie arrivée au bon moment, même si les orages de grêle en début de vendanges ont un peu terni notre bonheur, qui a permis de faire à peu près nos rendements, sauf en rouge. Pour le moment, les prix se tiennent, la qualité est là, le seul souci, c’est de réussir à trouver et former du personnel ! Mais au global, si c’était à refaire, je signe tous les ans comme ça ! Nos marchés à l’export sont directement liés à la conjoncture mondiale et nos produits sont festifs. Il ne faudrait pas que l’environnement anxiogène que l’on a connu en 2015, directement lié au terrorisme, nous fasse oublier qu’il faut vivre et profiter de la vie, continuer à s’amuser, prendre du plaisir et le vin est là pour y contribuer».
Jean-Marie Sapin (Agriculteur retraité)
«Les attentats et la montée de Daech. C’est ce que je retiens avant tout de l’année qui se termine. Mais aussi la sensibilisation de la population, comme on a pu le voir lors des rassemblements du 11 janvier dernier : des gens de mon village qui ne sortent presque plus jamais, sont allés à Auxerre ce jour là. Sur le plan agricole, nous avons connu une récolte céréalière du siècle, en contraste malheureusement, avec le malaise grandissant dans le domaine de l’élevage, que ce soit en lait ou en viande. Je souhaiterai pour 2016, une refonte des partis politiques et une forte mobilisation. Aujourd’hui, il y a un ras le bol de tout ce qui touche à l’Europe et cela s’est traduit par la montée des votes extrêmes, surtout en milieu agricole. Et tant qu’il n’y aura pas une relance économique, certains continueront à rallier les thèses extrémistes».
Thierry Michon (Exploitant céréalier)
«Pour moi, c’est avant tout le côte attristant de cette intolérance liée aux attentats… On prend plus conscience du malheur des autres quand ça vient nous frapper chez nous. Le côté positif des choses, c’est qu’il y a quand même de plus en plus d’enfants scolarisés dans le monde et cela devrait permettre en principe d’asseoir un peu plus de tranquillité dans certains pays. On ne gouverne pas un peuple de la même manière, quand il est éduqué ! L’autre point positif que je retiendrai de 2015, c’est la Cop 21, qui aura fait bouger un peu les choses, avec une climatologie particulière, à ce moment là, qui a frappé les esprits. Et autant j’aurai des critiques à formuler au niveau de la protection des citoyens entre janvier et novembre dernier, autant on peut dire que là-dessus, notre gouvernement a bien joué. D’une manière plus générale, je continue à dire tout haut qu’on a la chance d’être né au bon endroit. On a tous nos problèmes, mais il faut toujours relativiser».
(*) Annus horribilis : « Année horrible » en latin, est l’expression par laquelle fut qualifiée l’année 1992 par la reine Elisabeth II, à l’occasion du 40e anniversaire de son accession au trône