« Aller à la rencontre des consommateurs »
Vendredi 26 septembre, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de l'Yonne se sont mobilisés lors d'une manifestation au Leclerc et au Lidl d'Auxerre. Retour sur cette après-midi pédagogique.
Cette fois-ci, l'objectif fixé par la FDSEA et les JA de l'Yonne étaient d'aller à la rencontre des consommateurs dans les supermarchés. Ils répondaient à l’appel de deux têtes de réseaux nationales : FNSEA et JA. Quasiment tous les départements de France se sont mobilisés ce vendredi 26 septembre. L’objectif est le même pour tous, exprimer le ras-le-bol général, montrer toutes les incohérences et concurrences déloyales que subissent les agriculteurs tout en retrouvant le soutien des concitoyens et du monde politique pour construire une vision et un cap pour l’agriculture. C’est donc munis de leurs drapeaux FDSEA-JA, de plusieurs paquets d’étiquettes et de flyers qu’une trentaine d'adhérents sont partis ce vendredi après-midi, au magasin Leclerc d'Auxerre, afin d'étiqueter les produits issus de l'étranger, pour réaffirmer leur désaccord envers le Mercosur et les concurrences déloyales. Charles Baracco, président des JA de l'Yonne, fait partie de ces agriculteurs. « L'objectif, à travers notre action, était de montrer que ce que le consommateur ne veut pas qu'on produise et ce que le gouvernement nous empêche de produire, avec des règles de plus en plus contraignantes, on le retrouve dans les rayons avec plein de produits qui viennent d'ailleurs et qui ne respectent pas nos normes », manifeste-t-il. Toutefois, le président des Jeunes Agriculteurs ajoute que « le but n'est pas de faire culpabiliser le consommateur ». Il n’est pas simple de s’y retrouver avec toutes les indications inscrites sur les étiquettes, et « les gens sont assez pressés lorsqu'ils font leurs courses ». Cela peut « être fastidieux de lire chaque étiquette pour en connaître la provenance. On essaie donc de les sensibiliser à notre cause », témoigne-t-il. Là, où, l'agriculteur se rend compte que la difficulté est de mise, « ce sont sur les produits cuisinés, les pâtes, où les étiquettes sont très trompeuses ». En retrouvant d'autres adhérents, Charles Baracco, ajoute que, « en ce qui concerne les œufs et la viande bovine, nous retrouvons notamment des produits français, et nous n'hésitons pas à mettre également des étiquettes pour les mettre en avant ». Après avoir foulé tous les rayons de Leclerc, Damien Brayotel, président de la FDSEA de l'Yonne, décide de poursuivre l'action au magasin Lidl d'Auxerre.
Pouvoir vivre de sa production
En découvrant les rayons du Lidl, Damien Brayotel ne manque pas de le communiquer aux adhérents présents. « Il y a des produits qui viennent du bout du monde, qui n'ont aucune norme et qui ne sont pas chers », constate-t-il, avant d'attester que « certaines personnes n'ont pas trop de moyens, et ne peuvent pas forcément acheter de produits français ». Mais, en tant qu'agriculteur icaunais, « nous ne pouvons pas aligner nos prix à ces produits-là, nous devons pouvoir vivre décemment de notre production », explique-t-il. Dans un second volet, l'objectif est également de mettre en avant la présence d'acétamipride ou fipronil dans les rayons jardinerie du Leclerc, à destination des particuliers. Tout comme dans les produits, où la matière première a été traitée avec de l'acétamipride, de la même façon que les pâtes à tartiner industrielles. En trouvant le rayon où se cachent les pots de Nutella, Damien Brayotel proclame qu'« on ne peut pas lutter lorsque nous n'avons pas les mêmes règles, au sein de l'Union Européenne ». « Avec une politique agricole qui est dite commune, on devrait avoir les mêmes règles ! Avec le reste du monde c'est différent, mais tout ce qui rentre en Europe, devrait respecter les normes européennes. Sauf que l'on constate l'inverse, et c'est à un prix beaucoup plus bas, c'est donc de la concurrence déloyale », conclut-il, après avoir discuté avec quelques consommateurs. Cette journée s’achève après avoir collé beaucoup plus d’étiquettes « rouges : n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas », que d’étiquettes « vertes : produit français ». Les deux syndicats l’affirment, c’est une première action pédagogique, d’autres se tiendront dans l’automne et l'hiver, qui elles, le seront peut-être un peu moins…