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Société

Agriculteurs et maires de leur commune

Combien sont-ils à cumuler les deux fonctions en Côte d’Or et quelle est leur évolution ? Éléments de réponse et rencontres.
Par Aurélien Genest
Agriculteurs et maires de leur commune
Luc Babouillard a entamé un second mandat dans son petit village près de Baigneux-les-Juifs.
Selon l’association des maires des communes de Côte d’Or, 109 exploitants sont à la tête de leur village depuis les dernières élections municipales. Pour un total de 706 maires dans le département, la proportion d’agriculteurs est de 15,5%. «Ils étaient 133 en 2008 et représentaient  19% des maires» communique l’association basée à Dijon, ajoutant que la tendance était déjà baissière entre 2001 et 2008. Interrogé sur ces chiffres, Gérard Sagetat, maire de Sussey dans le canton de Liernais, s’attendait à un nombre de maires compris entre 50 et 100. A l’inverse, Olivier Gallien, maire d’Oigny dans le canton de Baigneux-les-Juifs, aurait pensé à une proportion «d’au moins un tiers». Les agriculteurs pointent au troisième rang des catégories socio-professionnelles les plus représentées, juste derrière les retraités et les salariés du privé (les agriculteurs à la retraite ne font donc pas partie des 15,5% évoqués). Pour Olivier Gallien, le travail «de plus en plus prenant» au sein des exploitations et l’arrivée des néo-ruraux expliquent en majeure partie cette baisse. Même son de cloche pour Gérard Sagetat : «en plus d’une raison purement démographique, les agriculteurs ont constamment la tête dans le guidon pour gérer leur entreprise. Je dis bien entreprise : ce ne sont plus les petites structures du temps. Il faut savoir se libérer pour cumuler les deux fonctions. Pour ma part, je me suis lancé cette année car j’ai 60 ans et la majeure partie de ma vie professionnelle est derrière moi. Sinon, je ne pense pas que cela aurait été possible».

Défense des intérêts agricoles
Luc Babouillard, maire d’Ampilly-les-Bordes, souligne l’importance des agriculteurs d’être présents au sein de leur municipalité, en tant quemaire ou membre du conseil municipal : «Cela peut être utile dans certains cas. Il y a encore peu de temps, un grand périmètre de captage devait s’appliquer dans mon secteur. Une démarche entreprise avec d’autres maires agriculteurs des alentours, dont Olivier Gallien, nous a permis de diminuer le périmètre de restrictions. Ce n’est qu’un exemple, il y en a beaucoup d’autres. Les agriculteurs ont une bonne connaissance du terrain et, de part leur historique, ils n’hésitent pas à mettre la main à la pâte !» Si la commune d’Olivier Gallien ne compte que 35 habitants, sa superficie n’a rien à envier à d’autres : «de ce fait, l’usage des chemins connaît des conflits comme un peu partout. Là aussi, la représentation du milieu agricole au sein de la municipalité trouve tout son intérêt» note le Côte d’orien. Gérard Sagetat cite un dernier exemple, concernant les taux des impôts locaux : «ils sont décidés par la municipalité. La présence d’agriculteurs est fondamentale pour rester raisonnable car le principal revenu est la taxe foncière du non bâti et dans certaines communes, on entend parfois parler de hausses de 20, 30, voire 40%».