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Commerce équitable

Acheter équitable oui ! Mais où ?

Ce week-end s'€™est déroulée à Auxerre la 7e édition du Salon du commerce équitable. Un salon qui s'€™inscrivait dans le cadre de la semaine de la Solidarité Internationale et qui a donné lieu le samedi après-midi à un débat sur le thème «Grande distribution et commerce équitable».
Par DOMINIQUE BERNERD
Acheter équitable oui !  Mais où ?
Les pays du Sud sont passés maîtres dans le recyclage des choses, comme ici ce panier, réalisé à partir d'un vieux pneu de voiture!
Derrière des produits, des producteurs... ! Si la formule est valable au plan national, elle prend aussi toute sa mesure vis-à-vis des échanges entre le Sud et le Nord. Aujourd'€™hui, près de 75 % du
milliard de personnes souffrant de la faim dans le monde sont des paysans ou des ouvriers agricoles du Sud, qu'€™ils soient Africains, Asiatiques ou originaires d'€™Amérique Latine. Organisé conjointement chaque année par Artisans du Monde et APCE 89, le salon du commerce équitable est là pour rappeler toute l'€™importance d'€™offrir des prix suffisamment rémunérateurs aux producteurs afin de leur permettre de vivre de leur travail. Café, chocolat, thé, coton, riz, bananes... Autant de produits pour lesquels il suffit d'€™accepter ici de payer un peu plus pour qu'€™ailleurs, des paysans ou artisans aient les moyens économiques suffisants pour se construire un avenir.
[INTER]Le commerce équitable peut-il faire bon ménage avec la grande distribution ?[inter]
Il y a encore du travail, comme le rappelle André Yverneau, agriculteur aujourd'€™hui retraité et président de l'€™Association pour la Promotion du Commerce Equitable (APCE 89) : [I]«là où en France on consacre en moyenne 15 € par an et par foyer au commerce équitable, pour certains pays comme la Suisse ou la Grande-Bretagne, c'€™est quatre fois plus !»[i]
Et si l'€™on s'€™interroge encore sur le bien fondé de la démarche, cette précision : [I]«sur un produit vendu sous la marque Alter Eco, type paquet de café, 36 % du prix de vente reviennent au producteur, soit environ 1 €, pour à peine la moitié de cette somme en circuit classique»[i].
Grande distribution et commerce équitable... De prime abord, le parallèle peut sembler antinomique ! Le débat est plus complexe et a donné lieu à des échanges entre partisans ou non d'€™une distribution de ce type de produits par l'€™intermédiaire des grandes surfaces. Spécialisée depuis 1998 dans le commerce équitable, la société Alter Eco, qui travaille avec près d'€™une cinquantaine de petits producteurs répartis dans plus de vingt pays, a fait le choix au début des années 2000 de distribuer ses produits en GMS, comme l'€™a expliqué son représentant, Pierre Le Roux : [I]«un bon vecteur pour développer les ventes et augmenter le volume. C'€™est aussi un moyen de ne pas passer à côté des 90 % de consommateurs faisant leurs courses chaque semaine en grande surface, leur donnant ainsi la possibilité d'€™une prise de conscience de certaines inégalités...»[i] Pas une solution de facilité pour autant car les déférencements sont nombreux et le combat est quotidien, même si les ventes sont marginales, représentant à peine 0,02 % du chiffre d'€™affaires d'€™une grande surface. Certains participants au débat s'€™interrogant sur le fait que les GMS s'€™offraient ainsi un capital sympathie à bon compte !
Choix inverse pour Artisans du Monde, pionnier en France du commerce équitable depuis 1974, qui a décidé de rester en dehors de ce circuit de commercialisation, privilégiant la vente de leurs produits par le biais de leurs propres boutiques. Pour l'€™un de ses bénévoles, Erik Polrot, les raisons sont multiples : [I]«cette décision de rester ainsi en dehors, repose sur plusieurs piliers : sur la vente, soutien concret avec l'€™artisan et le paysan, sur un plaidoyer pour dénoncer certaines pratiques, mais aussi sur l'€™éducation, aller partout pour témoigner du disfonctionnement en matière de commerce et du besoin d'€™éthique dans les relations économiques. La crainte aussi de voir récupéré par la GMS le concept même de commerce équitable, fait de respect vis-à-vis de paysan ou de l'€™artisan...»[i]. Tout en reconnaissant le travail mené depuis longtemps par certaines associations allant témoigner de la démarche au cœur même des grandes surfaces.
Si la démarche est différente, le but recherché est le même : ne jamais faire de concession sur la part du prix du produit destiné au producteur ou à l'€™artisan d'€™origine. A voir les visiteurs nombreux cette année encore dans les allées du salon, le message commence à être entendu !