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Rencontre avec Marc Frot

A t-il encore le temps de s’occuper de sa ferme ?

Ses multiples fonctions le monopolisent constamment. Le président de la commission agricole du Conseil général évoque son quotidien.
Par Aurélien Genest
A t-il encore le temps de s’occuper de sa ferme ?
Marc Frot, présent la semaine dernière au Salon de l’agriculture, salue son frère Benoît sans qui l’exploitation du canton de Baigneux «ne tournerait pas».
Conseiller général de Baigneux-les-Juifs, président de la commission [I]«Aménagement du territoire, économie, agriculture et développement durable»[i] de cette même institution, troisième adjoint de la commune de Poiseul-la-Ville-et-Laperrière, président de la Sem Alésia, président d’un Sivom regroupant 14 communes, président du centre aéré de Baigneux.... La liste est longue pour Marc Frot, ancien président des JA et de la FDSEA de Côte d’Or. A la question servant de titre, l’agriculteur âgé de 57 ans a instantanément une pensée pour son frère Benoît : [I]«C’est bien entendu grâce à lui que tourne l’exploitation. Je n’arrive à être chez moi que deux jours sur sept et encore, c’est par demi-journées... Je le sais, ça doit être pénible de bosser avec moi !»[i] Marc Frot tente de s’organiser comme il le peut : [I]«j’essaie d’être davantage présent dans les moments importants, comme la moisson. En juillet et août, c’est un peu la trêve des réunions, ça tombe bien. En revanche, d’autres périodes sont beaucoup plus délicates. Nous travaillons en entraide avec un groupe d’amis, ça nous est très utile»[i]. Marc Frot le reconnaît, ses nombreuses responsabilités poseraient vraiment problème si son exploitation était principalement axée sur l’élevage : [I]«le Gaec se dédie principalement aux productions végétales : colza, blé, orge et luzerne. Nous ne sommes, heureusement, pas très chargés en élevage avec nos 75 moutons. Sinon notre système ne pourrait plus suivre»[i].
[INTER]Réunions et représentations[inter]
Entre la préparation des dossiers, les réunions, les commissions permanentes, les sessions, les diverses représentations, Marc Frot consacre pratiquement quatre jours de sa semaine au Conseil général. [I]«Je participe aux rendez-vous de la Chambre d’agriculture, de la Chambre des métiers et de la Chambre de commerce»[i] informe le côte d’orien, [I]«quand une réunion se termine, il est très rare que je parte directement. C’est souvent là que les gens se lâchent, vous disent les choses les plus importantes. Vous êtes souvent invités par des personnes qui ont des projets. Elles demandent à vous voir avec les techniciens du Conseil général. Nous allons ensuite à chaque assemblée générale ou réunion technique, même après la réalisation du projet. Là, aussi ça prend énormément de temps. J’habite loin de Dijon, c’est mon handicap. Les trois quarts des réunions s’y passent et il me faut 50 minutes pour m’y rendre»[i].
[INTER]Quelles motivations ?[inter]
Faire autant de choses à la fois n’est pas de tout repos. [I]«Oui, mais je pars d’un principe : on devient très con quand on fait une seule chose dans sa vie !»[i] réplique Marc Frot, qui s’est longtemps consacré au syndicalisme agricole avant de se lancer en politique : [I]«pour moi, le syndicalisme est très important et fait avancer l’agriculture. Après 20 années passées aux JA et à la FDSEA, j’avais fait le tour de la question. J’étais persuadé que l’on pouvait changer le monde en faisant de la politique alors j’y suis allé. Mais je me rends compte que ce n’est pas toujours le cas»[i]. A la question [I]«Est-il difficile de défendre l’agriculture en politique ?»[i], l’élu répond qu’il n’y a [I]«aucun problème en Côte d’Or, avec François Sauvadet qui la défend fermement»[i] : [I]«au niveau départemental, l’aide aux agriculteurs a doublé et je m’en réjouis. Mais d’un certain côté, on ne met qu’un pansement. Ce n’est pas nous qui décidons de l’avenir de l’agriculture. Mon point de vue là-dessus ? Les politiques qui nous dirigent devraient avoir déjà travaillé dans une vraie vie. Nous sommes pénalisés par des bac +25, des gens certes très intelligents mais qui n’ont jamais rien fait de leur dix doigts, jamais eu peur devant un patron ni devant un banquier pour faire une demande de prêt. La France a besoin de personnes qui mettent les mains dans le cambouis, pas de personnes qui se masturbent l’esprit !»[i]