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Viticulture

à la recherche de l’équilibre parfait

Après une première conversion en culture biologique il y a une quinzaine d’années, le domaine Goisot est aujourd’hui engagé dans une démarche biodynamique.
Par Dominique Bernerd
à la recherche de l’équilibre parfait
Jean-Hugues Goisot expliquant le sens de sa démarche et sa vision de la viticulture, lors d’une visite organisée dans le cadre de la signature du Contrat Global, à Saint-Bris.
N’eut-été une conférence sur le sujet, donnée au lycée de Beaune où étudiait son fils, Jean-Hugues Goisot ne se serait peut-être jamais converti à la biodynamie. Une première approche prudente, pour ce vigneron de Saint-Bris, dont le nom s’apparente depuis le 14e siècle à l’histoire du village: «quand je suis sorti de là, je me suis dit que c’était vraiment une bande d’allumés ! Une présentation un peu ésotérique, bien loin de l’esprit cartésien paysan, qui me paraissait presque dogmatique».

Il aura fallu une seconde présentation, deux ans après, chez un confrère de Saône-et-Loire, pour que le scepticisme laisse place à la passion et le pousse à aller plus loin dans la démarche.
C’est dans les années 90 qu’est née une première réflexion, pour tenter de redonner une certaine identité à sa production : «on était de plus en plus sur un vin variétal, avec de moins en moins de cette minéralité si particulière aux vins de l’Yonne». S’en sont suivis plusieurs itinéraires techniques, dont une parcelle en culture biologique : «on s’est vite rendu compte dans des dégustations à l’aveugle que c’était le lot qui ressortait à chaque fois, avec une fraicheur et une minéralité retrouvées». Et c’est tout naturellement que l’ensemble du domaine a été converti en bio, à l’aube des années 2000 : «à l’époque, dire qu’on était en culture bio c’était un peu péjoratif et il y avait pas mal de méfiance». Depuis, du vin a coulé sous les ponts et la démarche semble avoir pris de l’ampleur puisqu’en un peu plus d’une décennie, ils sont 10 % en Bourgogne, à s’être engagés dans la filière.

Une forme de philosophie
C’est en 2005, cinq ans après la conversion bio, que Jean-Hugues Goisot et son fils Guilhem ont obtenu la certification en biodynamie. Une technique visant à équilibrer la vigne dans son environnement : «on ne va pas combattre un prédateur ou une maladie cryptogamique, mais chercher un équilibre au sein de chaque parcelle pour éviter que la plante soit attaquée ou sensible à la maladie». Une forme de philosophie complémentaire de la culture biologique, qui œuvre pour le respect de la plante, mais aussi de celui des salariés de l’exploitation, pour un meilleur climat de travail. Il y a longtemps qu’ici, on s’interroge sur la qualité de l’eau : «un chiffre à toujours se rappeler : il faut au minimum 1 litre d’eau pour 1 litre de vin, voire plus. Et notre but, c’était d’économiser l’eau bien sûr, mais aussi voir comment éviter tout risque de pollution de l’eau par nos rejets». Traitements appliqués uniquement avec des eaux de pluie récupérées, bourbes filtrées avant d’arriver à la station d’épuration, bouteilles et futs lavés avec de l’eau filtrée et déchlorée, détartrage à la vapeur et stérilisation à l’ozone… Autant de spécificités générant toutefois un coût de production et un temps de main d’œuvre supérieur de 30%, que seule une mise en marché direct peut valoriser. Adeptes d’une commercialisation en vrac, s’abstenir !