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Mise à l'herbe

Ça, c'est fait

Jean-Marc Girard et ses deux fils Adrien et Benjamin ont lâché leurs bovins à partir du 27 mars. Rencontre avec ces trois habitants de Thoisy-le-Désert.

Par AG
Ça, c'est fait
Adrien et Jean-Marc Girard, dans un pré à proximité de leur ferme, le 10 avril.

La mise à l'herbe est toujours un grand moment pour tout éleveur. « Les animaux sont bien mieux dehors, et nous aussi ! », lance Adrien Girard, salarié sur la ferme familiale, en rappelant que cette étape met un terme à plus de cinq mois de pansage matin et soir sous les bâtiments. Les 160 vaches charolaises de l'exploitation ont été lâchées sous le soleil, la semaine dernière, en imitant les génisses qui, elles, avaient commencé de sortir dès le 27 mars. « Ce printemps n'a visiblement rien à voir avec le précédent, il est plus sec, nous pouvions lâcher plus tôt, profiter de bonnes conditions et de la pousse de l'herbe, avant que celle-ci ne soit trop rapide et importante », observe Jean-Marc Girard. L'hiver s'est globalement bien passé du côté des bovins, comme le reconnaît le père de famille : « les vêlages n'ont pas été impactés par la FCO comme chez certains confrères. Et comme cela est le cas depuis plusieurs campagnes, nous n'avons pas eu la moindre césarienne, preuve que les taureaux vêlages faciles donnent de bons résultats. En ce qui concerne le sanitaire, nous avons vacciné contre la FCO 3 et 8 courant décembre. Nous avons pris la décision de faire le rappel, même si nous avons appris très récemment que celui-ci n'était plus obligatoire ». Le 10 avril, il ne restait plus que les vaches à engraissement et quelques petits veaux dans la stabulation. Autre satisfaction liée à cette mise à l'herbe, les dégâts de sanglier sont nettement moins importants dans les prairies : « en 2024, nous avions déclaré des dégâts sur une surface de 30 hectares, c'était ravagé de partout ! Cette fois, nous n'avons pas eu à remplir le moindre dossier, pourvu que cela dure ainsi. Notre secteur semble relativement épargné, même s'il y a forcément quelques coups de nez par-ci, par-là ».

De la casse en moutons

La donne est totalement différente au sein de la troupe ovine qui comprend 140 brebis Charollaises, Vendéennes et Île-de-France. « En effet, il y a eu beaucoup de casse… Il nous manque 35 agneaux ! », déplore Benjamin Girard. La FCO n'est visiblement pas en cause : « il y a eu du parasitisme et beaucoup d'autres problèmes. Des morts à la naissance ou quelques jours plus tard, de la grippe, d'autres agneaux ne voulaient pas boire… En ovins, quand ça ne veut pas ça ne veut pas ». « C'est clairement la déception de cet hiver », ajoute son frère Adrien, « sachant que nous avons passé beaucoup de temps auprès des moutons… À noter que la troupe a été vaccinée en août dernier, avant mise à la reproduction ». À l'heure où sortira ce journal, bon nombre d'ovins devraient être lâchés, si la météo n'est pas trop capricieuse. À quelques jours de la mise à l'herbe, les éleveurs de Thoisy-le-Désert ne pouvaient s'empêcher de partager leurs inquiétudes par rapport au loup : « nous nous en serions bien passés… En plus, la majorité de nos moutons vont se retrouver du côté d'Arconcey, on se rapproche des lieux des dernières attaques de loups. C'est tout de même incroyable de laisser volontairement ce prédateur se développer dans nos campagnes, il n'y a pas de mot pour décrire cela. La présence de loups est bien sûr incompatible avec nos élevages. Le Patou ? Ce n'est pas une solution non plus, pour un tas de raisons régulièrement rappelées dans votre journal ».

Une course contre la montre

Une course contre la montre
Le bâtiment n'est toujours pas sorti de terre. Si les travaux ne sont pas terminés le 1er juillet, les agriculteurs vendront l'électricité à un tarif beaucoup moins attractif.

L'actualité au Gaec Girard, c'est aussi la construction d'une nouvelle stabulation équipée de panneaux solaires. « Pour l'instant, vous le voyez bien, il n'y a rien à part le terrassement », regrette Jean-Marc Girard. Le projet est pourtant « lancé » depuis deux ans. Le Conseil régional est à l'origine de ce retard : « effectivement, nous attendons l'aval pour une subvention, qui est essentielle dans cette construction. La décision est à chaque fois reportée… ». Ce fiasco administratif pourrait engendrer un important manque à gagner pour les agriculteurs : « si les travaux, le raccordement et la mise en route de l'installation solaire ne sont pas terminés le 1er juillet, les tarifs de rachat d'électricité baisseront à 9 c€/kwh. Si tout était opérationnel aujourd'hui, le tarif serait de 12 c€/kwh. Le différentiel est donc de 25 %, ce n'est pas rien… Tout cela à cause d'un retard administratif. Il faut que tout s'active, tout de suite, pour éviter cela. Oui, c'est une course contre la montre qui débute ».