Inno'vente
Une première concluante

Chloé Monget
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Le 22 janvier, à l'Agropôle du Marault, se tenait l'Inno'vente du Herd-book Charolais ; une première édition offrant un certain potentiel pour l'avenir.

Une première concluante
Le Top Price s'élève à 16 100 euros pour Veau d'Or de l'EARL Dessauny Olivier (58), acquis par l'Association Pays Charolais de la Châtre (36). Crédit photo : HBC

« Cette première édition est issue d'une volonté partagée entre les élus et de toute l'équipe administrative du HBC pour faire évoluer l'événement sur la forme. Le but était également d'aller vers une proposition plus poussée et plus pointue notamment avec l'utilisation de la génomique pour mettre en avant les facilités de naissance, ou encore pour cibler l'utilisation des veaux (sur vaches ou génisses), tout en ayant en ligne de mire l'envie de mettre en avant de nouvelles souches pour la monte naturelle, ainsi que pour l'IA » détaille Sébastien Cluzel, président du Herd-Book Charolais, lors de la première Inno’vente, le 22 janvier à l'Agropôle du Marault. Il ajoute : « Nous ne remettons pas en cause le modèle de vente en station qui marche très bien sur certains territoires. Pour le bassin du Marault spécifiquement, il nous a semblé que le format n'était plus adapté aux désirs et besoins des éleveurs ».

Travail génétique

Plus en détail pour cette nouvelle offre, Sébastien Cluzel pointe : « La diversité de la race est un vrai sujet. Actuellement, même si nous ne relevons pas de problèmes de consanguinité, il faut anticiper par la sélection afin de préserver la pluralité de notre race ». Si ce critère demeure un incontournable de la sélection de l'Inno'vente, Sébastien Cluzel insiste sur l'importance globale de la sélection : « En poursuivant nos efforts collectifs, nous pourrons trouver des leviers pour que les animaux soient plus résilients notamment pour mieux encaisser les conséquences des aléas climatiques ou encore pour obtenir une meilleure résistance aux pressions sanitaires ». Sur ce point, il développe : « je suis alerté par de nombreux éleveurs sur les conséquences de la fièvre catarrhale sur leur cheptel. Face à cela, nous avons notre rôle à jouer, mais les pouvoirs publics doivent eux aussi prendre leur part. Il faut donner les moyens aux éleveurs et aux organismes professionnels de chercher des solutions. La vaccination est certes un levier, mais il n'est pas le seul à pouvoir être activé ».

Des avantages certains

Ainsi, 26 veaux furent présentés à l'Inno'vente. Parmi les éleveurs apporteurs, Guillaume Mateuil, venu de Saône-et-Loire avec Violet P, explique : « Je n'avais jamais participé, et la nouvelle formule m'a séduit, par rapport à une vente en station ». Il justifie cette attraction : « Avec ce nouveau procédé, l'animal reste en ferme. Cela était très important pour moi, afin de ne pas entacher sa croissance, car les changements de lieux peuvent avoir des conséquences. En plus, la charge financière est moindre comparée à une vente en station où il faut compter la pension ». Plus spécifiquement sur la sélection réalisée par le HBC pour l'événement, il partage : « Cela était très strict. Nous avons eu une première sélection en août dernier en ferme, puis il y a eu un suivi fait notamment sur les pesées jusqu'à mi-décembre. Ensuite, la première semaine de janvier, les experts raciaux sont revenus en ferme afin de s'assurer que les animaux correspondaient toujours aux points recherchés. Avec cette sélection réalisée sur le volet, c'est une véritable satisfaction d'être présent, d'autant plus que mon animal s'est vendu (5 000 euros à Denot Julien - 03) ; n'oublions pas que nous sommes là aussi pour faire du commerce ».

À refaire !

Au final, l'Inno'vente s'est clôturée sur un taux de vente de 88 %, avec un prix d'adjudication moyen de 4 668 euros. Les enchères, menées par Martial Tardivon (chef des ventes de la Sicafome, Moulins-Engilbert) ont été dynamiques, voire carrément acharnées. Le Top Price est fixé à 16 100 euros pour Veau d'Or de l'EARL Dessauny Olivier (58), acquis par l'Association Pays Charolais de la Châtre (36). Enfin, cinq adjudications se sont faites sur des ventes en ligne. Sébastien Cluzel réagit à ces résultats : « Ce premier essai sera à transformer l’année prochaine, avec une offre plus large en termes de nombre d’animaux ; l’objectif serait de pouvoir proposer une quarantaine d’animaux. L’événement a également permis de confirmer certaines tendances, comme l’intérêt croissant pour le sans-corne, un critère qui sera sans doute intégré dans la prochaine sélection Bien Naître pour l’Inno’Vente 2026 ». Il conclut : « Avec cette première, nous avons fait une exploration dans l'inconnu. Maintenant, et comme toujours, nous tenterons désormais d'atteindre l'excellence ».

L'ensemble des résultats sur : https://www.charolaise.fr/wp-content/uploads/2025/01/bilan-innovente-2025-def.pdf

Deux pans indispensables
Guillaume Mateuil, avec Violet P lors de l'Inno'vente au Marault.

Deux pans indispensables

Durant la vente, Guillaume Mateuil, 52 ans, évoque l'importance de la communication. « Avec le HBC nous avons à disposition un support de communication large et efficace. Cela permet de faire connaître non seulement l'animal, mais aussi l'élevage. En plus, la vente vidéo offre une ouverture vers ceux qui ne pourraient pas se déplacer comme les acheteurs étrangers. Les outils digitaux dans la commercialisation sont d'ailleurs devenus incontournables ». Sur ce point, il dépeint son expérience personnelle : « Lors de mon installation, en 1999, je commercialisais uniquement en ferme et vendais environ une dizaine de reproducteurs par an. En 2013, j'ai lancé un site internet et une page Facebook pour compléter les canaux de vente. Aujourd'hui, la majorité de mes transactions se font par ces biais, avec environ 70 reproducteurs vendus par an. Dire que ces outils sont aujourd'hui indispensables est donc un euphémisme. Pour l'anecdote, j'avais relayé la tenue de l'Inno'vente en mettant quelques photos de Violet P sur mes réseaux. J'aurais pu le vendre avant la vente, mais m'étant engagé, il me tenait grandement à cœur d'honorer ma parole car la confiance reste une prérogative dans nos métiers ». Ainsi, si les outils digitaux lui permettent de faire du commerce sans sortir de chez lui, il insiste : « les valeurs et le contact humain restent nécessaires à mettre en avant dans notre profession. À mon sens, cela passe par l'organisation (et la participation) à des événements en présentiel qui permettent aux éleveurs d'échanger. Par exemple, aujourd'hui au Marault, j'ai fait la connaissance de collègues et j'en suis ravi ! ».

Image supplémentaire
L'Inno'vente enregistre un taux de vente de 88 % pour cette première édition.