Agriculture biologique
Du mieux, enfin ?

AG
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Un agriculteur au sud de Dijon évoque sa conversion et le marché du bio, pour lequel plusieurs voyants sont au vert.

Du mieux, enfin ?
Damien Baumont entouré de deux de ses collègues, Julien Renard et Marc Rebulliot.

Des semis mieux réussis, des stocks pour la plupart épuisés et des prix remontés : la campagne bio semble partir sur de bonnes bases, d'autant que la consommation ne serait pas en baisse. « Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir d'ici la récolte et la commercialisation des produits mais effectivement, cela fait longtemps que le bio n'en avait pas dit autant à cette période de l'année », observe Damien Baumont, exploitant à Barges, à proximité de la Maison de l'agriculture de Bretenière. Le coassocié (avec cinq autres personnes) de la SEP des CBRD retrace avec nous son parcours et les aléas des dernières années : « le début de notre conversion date de 2021. Il y avait eu du changement au sein de notre société, deux jeunes étaient arrivés et ils n'étaient pas forcément adeptes des produits phytosanitaires, comme nous autres d'ailleurs ! Le business plan que nous avions réalisé affichait une rentabilité similaire au conventionnel, alors pour toutes ces raisons, nous nous sommes lancés. La première récolte avec une surface reconvertie significative, celle de 2023, a été marquée par une forte diminution des prix des céréales, notamment celui du blé, quasiment divisé par deux… Heureusement, avec les potentiels de la plaine et après seulement deux ans de conversion, nos rendements étaient encore à un niveau correct. Cette année-là n'avait pas été si mal pour nous ».

Double peine

La campagne 2024 a été, en revanche, beaucoup plus compliquée : « c'est la première année où toute notre surface était intégralement en bio. Les problèmes ont commencé à l'automne avec des semis réalisés dans des conditions plus que limites. Avant la récolte, nous avions engagé un certain nombre de volumes à la vente : en effet, il y avait apparemment des stocks très importants au niveau national et cela n'annonçait rien de bon… Finalement, les prix ont commencé à remonter, car tout le monde s'est aperçu qu'il n'y avait pas tant de stocks que cela… Et surtout : les surfaces semées étaient nettement moindres que les autres années avec l'automne très humide que nous avions eu ». La SEP des CBRD a cumulé une « double peine », comme l'explique Damien Baumont : « la moisson a été mauvaise, avec des baisses de rendements de 20 à 30 %, et même 50 % dans les orges de printemps. Nous n'avions pas beaucoup de quantité et en plus, nous étions engagés sur des prix inférieurs. Pour ne rien arranger, les baisses de rendements ont engendré un pourcentage d'engagement plus important ».

De l'optimisme

La fin d'année 2024 s'est heureusement beaucoup mieux passée, avec des récoltes et commercialisations d'automne tout à fait satisfaisantes (33 q/ha en soja valorisés à 850 euros/t, 26 q/ha en tournesol à près de 800 euros/t et 11 q/ha en sarrasin). « Nous sommes, rappelons-le, en plaine dijonnaise, les résultats sur les plateaux ne sont pas du tout dans cette moyenne. Cela ne doit pas faire oublier les difficultés actuelles et les problèmes de trésorerie dans certains secteurs », précise Damien Baumont. Celui-ci voit malgré tout des signes précurseurs d'un « léger mieux » en agriculture biologique : « la consommation n'a, a priori, pas baissé, tout le monde disait l'inverse mais en réalité, elle a simplement arrêté d'augmenter après une hausse importante depuis près de 20 ans. Les cours, eux, sont remontés à un niveau correct, le blé tourne actuellement entre 420 et 430 euros/t, sans compter la valorisation des protéines. Il n'y a plus de stocks, donc les prix devraient se maintenir, enfin je l'espère ! Les aléas de ces trois dernières années auront permis, je pense, d'épurer le marché. Un autre point positif vient des bonnes semences de l'automne : nous avons eu une petite vingtaine de jours sans pluie à partir de fin octobre, cela a permis de faire du bon boulot. Nous ne savons pas ce que la météo nous réserve ces prochaines semaines ni ces prochains mois, mais le moral en bio est actuellement bien meilleur qu'un temps ».