Soutien
Deux décisions importantes en faveur de la viticulture

Berty Robert, Christopher Levé
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Deux décisions gouvernementales récentes sont intervenues en faveur du monde viticole : l’une portant sur l’irrigation, l’autre, sur le financement de la distillation de crise.

Deux décisions importantes en faveur de la viticulture
Pour protéger le raison des trop fortes chaleurs, l'irrigation reste une solution pour beaucoup de vignobles du sud de la France. En Bourgogne, la pratique est interdite et on réfléchit à des solutions alternatives. (Crédit X. Delbecque)

C’est officiel depuis le 9 août : certains viticulteurs qui ont recours à l’irrigation vont pouvoir continuer à le faire sur une période plus longue que prévu. En effet, dans un décret qu’il a publié, le ministère de l’Agriculture repousse d’un mois la date limite pour irriguer les vignes. La réglementation précédente n’autorisait jusqu’alors cette pratique que jusqu’au 15 août. Le décret n° 2023-735 repousse cette limite au 15 septembre. Cette adaptation réglementaire figurait dans les conclusions du Varenne agricole de l’eau remises le 1er février 2022 par le Gouvernement. L’État s’était alors engagé à « adapter les dispositions réglementaires afin de préserver la qualité des vins tout en prenant en compte la climatologie à venir ». Cette modification apparaît en tout cas comme favorable au vignoble dans le contexte de réchauffement climatique. Néanmoins, il faut préciser que cette évolution concerne avant tout les vignobles du sud de la France. Dans le vignoble bourguignon, l’irrigation est tout simplement interdite. Il faut savoir qu’à partir du moment où l’on a recours à l’irrigation, il n’est plus possible de bénéficier du dispositif du Volume complémentaire individuel, ou VCI. La Bourgogne, pour autant, doit aussi faire avec le dérèglement climatique et des chaleurs plus intenses. Demander l’autorisation d’irriguer n’est pas à l’ordre du jour mais des réflexions sont à l’œuvre sur d’autres pratiques permettant de préserver le raisin des trop fortes chaleurs : couverts végétaux ou enherbement.

Moyen de lutter contre la baisse des prix

Le 25 août, c’est une autre mesure gouvernementale annoncée qui a résonné comme une bonne nouvelle pour la filière viticole : l’État a confirmé le complément de financement de la réserve de crise de l’Union européenne, qui permet de porter à 200 M d’euros le financement de la distillation de crise. En déplacement le 25 août dans l’Hérault, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Marc Fesneau a confirmé cette rallonge de 40 M€. En février dernier, un budget initial de 160 M€ avait été annoncé pour 3 Mhl. L’appel à souscription, lancé en juin, s’est traduit par des demandes de distillation supérieures à 4,4 Mhl. Cette campagne de distillation vise à « faire en sorte que les prix arrêtent de s’effondrer et que les viticulteurs retrouvent du revenu », a déclaré Marc Fesneau. Au-delà de cette aide conjoncturelle, le gouvernement accompagne la filière dans l’élaboration d’un plan stratégique autour des « nécessaires adaptations au changement climatique et à l’évolution des demandes du marché domestique et export ». Marc Fesneau a souligné qu’il fallait « qu’on se projette, qu’on pense les changements de consommation […] qu’on adapte la production à la demande de demain et qu’on se projette à l’export » pour trouver de nouveaux débouchés.