Agrivoltaïsme
Tout caler avant « l'explosion » des projets

AG
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La ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s'est rendue en Côte-d'Or le 21 mars pour un déplacement consacré à l’agrivoltaïsme.

 

Tout caler avant « l'explosion » des projets
L'installation de Verdonnet près de Montbard compte trois hectares de panneaux solaires.

Il arrive, le décret sur l’agrivoltaïsme. Cette feuille de route tant attendue sortira au niveau national ces prochains jours, ou au plus tard ces prochaines semaines, afin d’encadrer et accélérer le développement des projets sur le territoire. C’est dans ce contexte qu’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès de Marc Fesneau, est venue échanger la semaine dernière avec différents acteurs, principalement du monde agricole. La SCEA des Tours, représentée par Jean-François et Adrien Cortot, Hervé et Pierre Lallemant, a présenté l’imposant dispositif installé l’an passé par l’entreprise TSE sur ses terres bio les plus superficielles à Verdonnet. Des expérimentations sont menées afin d’obtenir des références et déterminer la meilleure adéquation possible entre cet équipement et les espèces cultivées plus de cinq mètres plus bas.

5 000 ha de projets dans le 21 ?

Didier Lenoir, président de Dijon Céréales, était présent à ce rendez-vous et a livré les premières tendances de l’agrivoltaïsme : « Nous avons trois années de recul sur ce type d’installation, aucune perte de rendement n’est enregistrée, il y a même un léger mieux dans certaines situations climatiques avec l’effet protection des panneaux. Certains travaux pratiques sont à améliorer mais les voyants sont clairement au vert pour l’agrivoltaïsme : les projets vont se multiplier dans les deux années qui arrivent… L’Alliance BFC souhaite pousser les dossiers et investir dans ces réalisations ». Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or, a rappelé l’intérêt des énergéticiens pour les terres superficielles du département : « Une trentaine d’entre eux sont présents aujourd’hui sur le département pour monter des projets… Plus de 5 000 ha sont ainsi concernés en Côte-d’Or… Ces projets ne pourront certainement pas tous aller au bout à cause de la problématique du raccordement. L’espoir et l’enthousiasme de chacun doivent donc rester mesurés ».

Le plein de questions

Les échanges, qui se sont tenus autour d’une table ronde à Asnières-en-Montagne, se sont poursuivis sur des points techniques : quel sera le taux de couverture pas autorisé dans le décret ? Quelle surface sera permise par exploitation et/ou par groupement d’exploitations ? La problématique des raccordements a été soulignée dans plusieurs interventions : le monde agricole a exprimé ses inquiétudes sur ce qui pourrait être le principal facteur limitant dans bien des projets. D’autres points, notamment juridiques, ont été abordés ce 21 mars : la doctrine mise en place dans le département par la DDT en 2020 évoluera-t-elle avec le futur cadre national ? Pour les intervenants du jour, des productions agricoles « historiques » devront être obligatoires dans tout projet agrivoltaïque pour éviter certaines formes d’opportunisme. Les terres concernées par une réalisation devront rester transmissibles aux jeunes. La rédaction de baux tripartites (propriétaire, exploitants, entreprise gérant le projet) apparaît comme obligatoire pour éviter toute mésaventure. En ce qui concerne le futur décret, « l’enjeu est de se laisser suffisamment de souplesse pour pouvoir faire du cousu main sur les territoires, les enjeux de chaque département étant très différents », indique Agnès Pannier-Runacher.

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Lors de la table-ronde à Asnières-en-Montagne, où chaque invité a pu s'exprimer.