L'assemblée générale de JA21 s'est intéressée à la gestion du stress, le 22 mars à Is-sur-Tille.
Le stress, c’est souvent tabou, mais pas vendredi dernier, lors de l’assemblée des Jeunes agriculteurs. Ce rendez-vous lui a consacré une table ronde avec plusieurs intervenants venus partager leur propre expérience. Antoine Carré, exploitant à Verrey-sous-Salmaise, a été le premier à se livrer. Ce Côte-d’orien de 36 ans n’était pourtant pas de nature stressée, « à la base » : « Je le suis devenu au fil du temps, avec les responsabilités qui se sont accumulées sur la ferme et avec les années compliquées qui se multiplient… Initialement, j’étais plutôt un gros dormeur, mais les nuits sont devenues beaucoup plus difficiles ». Certains se reconnaissent sans doute dans ces propos, alors que faire dans une telle situation ? Antoine Carré donne « un petit conseil » : « pour certains, il faut des vacances pour décompresser mais ce n’est pas forcément mon truc… Pour ma part, je me suis mis au sport avec la course à pied, cette activité donne de bons résultats. Nous avons des métiers physiques mais ce n’est pas la même fatigue… En plus, je cumule la course avec de la natation pour des problèmes de dos… Le sport marche plutôt bien contre le stress ». Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture du Côte-d’Or, était également convié à cette table ronde. Les tâches administratives du métier d’agriculteur ont été notamment abordées par ce responsable professionnel exerçant à Saulx-le-Duc : « Nous sommes arrivés à un très haut niveau de complexité dans ce domaine, cela contribue forcément à augmenter le stress de chacun… Pour la première fois de ma vie, cette année, j’ai failli oublier de faire ma demande de prime ovine, je l’ai faite le 31 janvier à 20 heures… ». Vincent Lavier recherche, comme bien d’autres agriculteurs, des solutions pour essayer de simplifier ces démarches : « j’essaie désormais de commencer chaque journée par du travail de bureau, tôt le matin, pour aller à la ferme un peu plus tranquille. Cette forme d’organisation a l’air de bien fonctionner pour moi, elle me déleste d’un certain nombre de contraintes administratives avant de commencer la journée ». Animée par Berty Robert, rédacteur en chef de Terres de Bourgogne, cette table ronde a également accueilli Bastien Pacaud, technicien de proximité économique à Dijon Céréales et Maud Dekyndt, responsable du programme de prévention du mal-être en agriculture à la MSA. Les échanges ont permis de mettre en avant le réseau de sentinelles déployé dans la région. Ces « veilleurs » au sein du monde agricole sont formés pour « être en capacité de détecter, d’orienter, d’accompagner d’autres personnes en proie au mal-être ».
« Toinou » président !
Antoine Duthu est le nouveau président de JA21. Cet éleveur de 250 brebis Île-de-France basé à Francheville a été élu en marge de l’assemblée de vendredi dernier. « Toinou », ancien trésorier du syndicat, succède à Baptiste Colson, un autre JA du canton de Saint-Seine-l’Abbaye qui avait pris les rênes du réseau départemental il y a deux ans. Le nouveau président est âgé de 31 ans et est installé sur la ferme familiale depuis 2015. L’actuel gérant de l’EARL des Champs Fleuris félicite l’implication de son prédécesseur et annonce un travail syndical « dans la continuité ». Antoine Duthu s’attend d’ailleurs à un début de mandat « particulièrement chargé » : « il y a de très fortes chances que les manifestations repartent de plus belle très rapidement… Les agriculteurs ne voient aucune ligne bouger, ils s’impatientent de plus en plus. Les problèmes rencontrés à la Région sont inadmissibles, avec le non-versement de la DJA et des aides du PCAE. En ce qui concerne le loup, rien ne change non plus. Plus les jours passent et plus nous nous rapprochons de la mise à l’herbe et des carnages que celle-ci va engendrer ».
Le nouveau bureau
Président : Antoine Duthu (Francheville). Vice-président en charge des grandes cultures : Baptiste Colson (Moloy), vice-président en charge de la communication : Antoine Carré (Verrey-sous-Salmaise), Vice-président en charge de l’élevage : Thomas Cotiby (Villy-en-Auxois), vice-président en charge de l’installation : Cyril Bret (Bure-les-Templiers). Secrétaire général : Yannick Salomon (Savoisy), secrétaire général adjoint : Mathieu Faivre (Montmain). Trésorier : Thibaut Aubry (Jours-lès-Baigneux), trésorière adjointe : Fanny Roche (Vielverge). Administrateurs JA BFC : Vincent Ferry (Châtillon-sur-Seine), Benoît Leduc (Ménessaire).
Coup de gueule
Le contexte agricole a bien évidemment été abordé lors de cette réunion. Mathieu Faivre, secrétaire général, a notamment prononcé un rapport moral « musclé ». En voici un extrait : « Les problèmes c’est vous, oui vous, les administrations, les services de l’État, notre Conseil régional, notre gouvernement, les écolos et tous ceux qui prennent plaisir à nous compliquer les tâches du quotidien depuis leur bureau. Nous en avons assez de ce surplus de contraintes, qu’elles soient écologiques, environnementales ou administratives. Nous sommes des chefs d’entreprise, nous le savons bien, mais nous n’avons pas signé pour travailler dans des bureaux contrairement à vous. La paperasse c’est bien, mais notre boulot, c’est de nourrir la France avec des produits de qualité. Nous aimerions être soutenus par notre gouvernement, avec des actes et pas seulement avec des paroles ! De nombreux jeunes attendent leur paiement DJA ou PCAE, ils galèrent au quotidien pour maintenir leurs comptes dans le vert : je me demande comment ils font pour garder le moral et leur calme ».