Prim'Holstein
Des mouvements d'argent pour pas grand chose

AG
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Le syndicat des éleveurs Prim'Hostein vient d'aborder la conjoncture économique. Les produits, en nette hausse, ne font que compenser des charges galopantes.

Des mouvements d'argent pour pas grand chose
Laurette Millot et Benoît Pech, le 23 mars en assemblée générale à Saint-Seine-l'Abbaye.

Comment va la Prim'Holstein ? La question a été posée à Benoît Pech, président du syndicat dédié à cette vache laitière présente dans 39 exploitations de Côte-d'Or. « Tout va plutôt bien en ce moment, à quelques détails près », répond l'éleveur de Saint-Seine-sur-Vingeanne, qui évoque la production, la qualité et le prix du lait : « ces trois paramètres importants à nos yeux sont à un bon niveau, tout pourrait donc aller pour le mieux. Pourtant, à cause des charges inédites que nous subissons, nous ne dégageons pas ou guère plus de marges que les années précédentes ». Le producteur laitier partage son propre prix de base : « dans mon cas personnel, il est de 450 euros les 1000 litres de lait. Nous sommes à peu près tous dans une fourchette entre 430 et 460 euros. Ce sont des prix inédits et pourtant... Nous ne profitons pas de cette embellie. Depuis plus d'un an, nous brassons beaucoup plus d'argent qu'auparavant mais au final, notre rémunération est quasiment la même ! »

Des arrêts d'activité

Benoît Pech enchaine avec un paradoxe inquiétant pour la filière : « ce prix du lait, espéré depuis longtemps, ne profite pas aux producteurs ni à l'avenir de notre profession. En effet, certains arrêtent la production pour privilégier leur atelier céréalier. Ces agriculteurs sont relativement nombreux, surtout s'ils étaient en manque de main d'oeuvre sur leur exploitation... Entre produire 1 kg de céréales ou 1 kg de lait, leur choix est raidement fait. La laiterie Milleret en Haute-Saône, avec qui je travaille, était excédentaire en lait il y a encore deux ans. Lors d'une récente réunion, j'ai appris qu'il lui manquait désormais 7 millions de litres... Depuis que je suis installé, je n'avais jamais vu un prix du lait aussi haut mais dans le même temps, je n'ai jamais vu autant de producteurs arrêter leur activité... Oui, c'est paradoxal... Tout cela pour dire que nous avons besoin d'un prix payé encore plus important que celui d'aujourd'hui ».

Une belle promotion

Les éleveurs ayant sorti des animaux en concours ont été félicités lors de cette réunion du 23 mars. « La fête du lait à Fromenteau a été fréquentée par 24 Prim'Holstein issues de neuf élevages du département, c'est remarquable », a souligné Benoît Pech. Le président du syndicat invitent les éelveurs à deux événements importants de l'année : fin septembre à Brienne-le-Château dans l'Aube pour un concours interdépartemental, puis fin novembre au Puy du Fou pour le centième anniversaire de Prim'Holstein France. Laurette Millot, technicienne à Alysé, est également intervenue lors de cette assemblée avec la présentation d'un compte-rendu technique de 2022. Le fait marquant de la dernière campagne est à mettre à l'actif de la production, nettement en hausse : « les premières lactations, qui stagnaient depuis plusieurs années, sont celles qui ont le plus progressé, et de loin. Elles affichent un gain moyen de 249 kg ! ».

 

 

 

Toujours présent !
Alain Poinsot.

Toujours présent !

Alain Poinsot, directeur du Contrôle laitier de 1975 à 2009, continue de participer très régulièrement aux différentes assemblées générales des syndicats de race. Ce rendez-vous dédié à la Prim'holstein n'a pas dérogé à la règle avec une nouvelle présence de cet habitant de Sennecey-lès-Dijon, aujourd'hui âgé de 74 ans : « J'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec les éleveurs laitiers durant ma carrière, c'est avec le même état d'esprit que je les retrouve à chacun de ces rendez-vous annuels qui sont toujours très conviviaux ». Alain Poinsot, qui enchaine les sorties à vélo dans sa nouvelle vie, suit encore de très près l'actualité agricole : quel regard porte t-il sur l'évolution de la production laitière ? « Ce n'est pas un scoop : les changements ont été importants ces dernières années, avec un nombre d'éleveurs qui n'a cessé de diminuer et, à l'opposé, une taille des troupeaux qui a considérablement augmenté. Cette tendance va t-elle continuer ? Je ne sais vraiment pas, il est difficile de se prononcer... D'autres aspects ont bien changé depuis mon départ en retraite : j'ai l'impression que le grand public regarde d'un autre œil la production agricole, il lui reconnaît davantage sa grande utilité et à mon avis, cela peut jouer en faveur des agriculteurs dans les années à venir. La plus grande évolution depuis mon départ en retraite est à mettre à l'actif de la sélection : le travail des éleveurs est encore plus technique depuis l'arrivée de la génomie, notamment. Des critères comme la qualité du lait, la longévité ou encore les autres qualités d’élevage sont venus se greffer à des méthodes de travail jusqu'alors uniquement basée sur la production ».