Que sont-ils devenus ?
Le temps de la maturité

Chloé Monget
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Il y a environ un an, Benoit Buchli partageait ses projets après l’obtention de son Bac Pro CGEA. Aujourd’hui, il fait le point sur cette année passée.

Le temps de la maturité
Benoit Buchli, 19 ans, chez son patron Didier Buteau à Château-Chinon.

Fin 2022, Benoit Buchli, 18 ans à l’époque, exposait son parcours et ses envies pour sa carrière (voir TDB n° 1698). Un peu plus d’un an après, il partage de nouveau ses avancées, ses doutes et ses projets. Lors de la publication du premier article, il expliquait se lancer dans une certification de spécialisation à Charolles ; une prise d’autonomie pour ce Château-Chinonais n’ayant jamais quitté son Morvan.

Prendre son envol

« Ça a été un peu dur les trois premières semaines : il fallait faire connaissance avec les autres étudiants, dont mon colocataire, et s’adapter aux cours. Cela s’est bien passé et je n’ai pas eu trop de mal à m’intégrer. En plus, je rentrais tous les week-ends à Château-Chinon ce qui m’a aidé à ne pas avoir le mal du pays durant les 6 mois de formation. J’ai acquis bon nombre de nouvelles connaissances et je me suis perfectionné au travers des stages », détaille Benoit. Pour sa mère, Corinne, ce moment fut : « un peu compliqué » avant d’insister : « mais je savais que cela serait bénéfique pour lui. À son retour, j’ai eu le sentiment qu’il était plus mature ». À la sortie du Bac, Corinne précise que Benoit voulait s’installer le plus rapidement possible : « il partait tête baissée, mais j’étais persuadée qu’il devait faire ses armes avant de se lancer dans ce projet ». Si elle souhaitait qu’il poursuive ses études en BTS, Benoit, lui, voulait continuer à apprendre, mais sur le terrain : « Je n’ai jamais été un féru d’école, donc j’ai cherché un emploi afin d’apprendre mon métier en situation réelle ».

Vie active

Il trouve un emploi en CDI comme salarié agricole chez Didier Buteau à Château-Chinon : « C’était parfait car pas trop loin de chez moi, limitant ainsi les frais d’essence. De plus, ce n’est pas un temps plein, ce qui me permet de garder quelques jours pour travailler dans l’exploitation de mes parents ». Il partage ses semaines le lundi et mardi sur l’exploitation familiale et les autres jours chez Didier Buteau. Il donne aussi parfois des coups de main à son ancien maître de stage Pierre Ribaillier : « je suis pas mal occupé » sourit-il. Ce partage était dès le départ une volonté de sa part, même si nombre d’interrogations se bousculent dans sa tête depuis : « Je voudrais m’installer, c’est certain. Mais je voudrais le faire dans de bonnes conditions. Ce qui est compliqué, c’est de faire le bon choix : je ne sais pas si je conserve la ferme familiale et je l’agrandis, si je la diversifie ou si je reprends une autre ferme, peut-être celle de mon patron ».

Complexité à démêler

La famille Buchli dispose d’une trentaine de brebis charollaises et d’une vingtaine de génisses en pension avec environ 25 ha : « au départ nous en avions 10 et nous avons récupéré des terrains de famille en mauvais état. J’espère pouvoir garder la ferme et m’agrandir, mais l’accès au foncier est très complexe, et souvent les parcelles partent à l’agrandissement. Financièrement, je trouve que les jeunes qui souhaitent s’installer ne sont pas particulièrement soutenus comme ils devraient puisque la DJA s’amenuise d’années en années (toutefois, très récemment, la Région BFC l’a revalorisée de 36 000 à 40 000 euros, ndlr). En parallèle, les fermages augmentent eux aussi avec les charges sans parler des taux d’emprunt… On doit sortir des grosses sommes d’argent dès le début alors que l’activité n’est pas encore lancée… Et maintenant nous n’avons plus de vétérinaire sur Château-Chinon avec encore une hausse des coûts. En plus de cela, j’ai l’impression qu’il y a une réticence de la part de certains cédants à transmettre à des jeunes. Je suis persuadé que c’est la peur de ne pas être payé ; il faut dire qu’on ne fait pas vraiment le poids face à des exploitants installés depuis 10 à 15 ans ». Pour lui, le nerf de la guerre reste l’apport pour démarrer en toute sérénité : « pour le moment, j’essaye d’en mettre au maximum de côté. On verra par la suite si cela est suffisant. Je me laisse quatre ou cinq ans avant de m’installer ». Il conclut : « Je pense qu’il faut voir plusieurs exploitations durant la scolarité, parce qu’on engrange de nouvelles connaissances, et aussi parce que ce temps de réflexion permet de mieux façonner son projet ; il faut être patient. Je remercie le Legta du Morvan pour mon bac pro CGEA, les professeurs et plus particulièrement Catherine Blin, enseignante, qui continue à prendre de mes nouvelles ».