FDSEA/JA
Dans l'Yonne, comme partout en France, « on marche sur la tête »

Christopher Levé
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Dans la soirée du jeudi 23 novembre, la FDSEA et les JA de l'Yonne ont mené une action visant à retourner les panneaux d'entrée et de sortie des communes du département, avec un message affiché : « On marche sur la tête ». Une action à l'initiative du Tarn (81), reprise par bon nombre de départements, pour dénoncer une politique de l'État, vis-à-vis de l'agriculture, qui fonctionne à l'envers, comme l'affirment les syndicats agricoles.

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Plus de 300 panneaux d'entrée et de sortie de communes ont été retournés dans l'Yonne, dans la nuit du jeudi 23 novembre au vendredi 24 novembre.

« Bon enfant », « ironique », « symbolique » - liste Franck Pouillot, secrétaire général de la FDSEA de l’Yonne - mais non moins marquante, l’action syndicale menée conjointement par la FDSEA et les JA du département icaunais, le jeudi 23 novembre au soir, a marqué les esprits, comme cela a été le cas dans d’autres départements français. Parti du Tarn (81) il y a un environ un mois, cette action visant à mettre les panneaux d’entrée et de sortie des communes la tête à l’envers met en avant un message fort venant du monde agricole : en France, « on marche sur la tête ». Et comme le dit Damien Brayotel, président de la FDSEA de l’Yonne, « ce ne sont pas les agriculteurs qui marchent sur la tête, mais nos dirigeants. On dénonce les incohérences des politiques agricoles, qu’elles soient européennes, françaises et parfois même régionales, ainsi que les excès de réglementation ».
Tout au long de la soirée, plus de 300 panneaux ont été retournés dans le département. Des tracts ont également été distribués dans les boîtes aux lettres des mairies afin de porter des messages et expliquer la démarche auprès des élus locaux.
Alors, pourquoi ce slogan « on marche sur la tête » ? « On part du concept de la souveraineté alimentaire. Aujourd’hui, on pourrait dire que le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’appelle ainsi une fois que la souveraineté alimentaire n’existe plus. On a conscience que c’est un enjeu fort, le monde agricole est le premier a le demander, mais dans les faits, cette souveraineté alimentaire ne se traduit pas dans les actions de l’État. C’est là où on marche sur la tête », explique Sébastien Neveux, vice-président de la FDSEA de l’Yonne.

Pas de transitions sans prix rémunérateurs

Pour Damien Brayotel, il y a d’un côté « les discours de soutien à l’agriculture, sur l’importance de la souveraineté alimentaire » et dans le même temps, « chaque semaine il y a des discussions pour remettre une norme, une taxe, une zone à protéger et la suppression de nos moyens de production. Tout cela nous pénalise en termes de compétitivité, bien sûr, mais aussi en possibilité d’adaptation et de transitions nécessaires face au changement climatiques ».
Car le président de la FDSEA de l’Yonne l’assure : « On n’est pas opposé aux transitions, qu’elles soient climatiques, écologiques, énergétiques… Mais les transitions ne seront pas possibles sans prix rémunérateurs, sans considération, sans confiance, sans espoir ni projet, et avec un empilement de normes, de taxes et de réglementations en tous genres, et aussi avec des frontières toujours plus ouvertes à des importations distorsives ».
Tant de contraintes qui font de plus en plus hésiter les jeunes à s’installer. « Aujourd’hui on est à peu près à une installation pour trois départs en France. C’est très problématique », confie Jean-Baptiste Godefroy, secrétaire général des Jeunes agriculteurs de l’Yonne. « Demain, qu’allons-nous faire de nos fermes ? Que va devenir l’agriculture française ? Aujourd’hui, avec toutes ces réglementations, ces non-sens agricoles, comment arriver à donner envie aux jeunes de s’installer », se questionne-t-il.
Car avec près de 50 % des agriculteurs qui partiront à la retraite dans les dix années à venir, il est urgent de trouver des solutions pour pérenniser les fermes en France. Mais pour cela, il faudrait déjà arrêter de marcher sur la tête.

Quelles demandes de la part du monde agricole ?

À travers cette action, plusieurs demandes sont faites par le monde agricole : « une pause normative, de mettre les actes en conformité avec le discours prônant la souveraineté alimentaire, l’arrêt des surtranspositions des normes européennes et françaises, de garantir nos moyens de production, d’appliquer les Égalim et surtout d’avoir une vraie vision d’avenir pour l’agriculture, permettant de donner des perspectives aux jeunes qui voudraient s’installer », liste Damien Brayotel.
Des demandes qui ont pu être portées auprès de Clémence Choutet, directrice de cabinet de la préfecture de l’Yonne, dès le lendemain (le vendredi 24 novembre). Une première écoute de la part de l’État à l’échelon local. Le monde agricole attend désormais des réponses et des actions venant du national.

FDSEA/JA
Adhérents de la FDSEA et des JA se sont réunis un peu partout dans l'Yonne pour retourner des panneaux et déposer des tracts dans les boîtes aux lettres des mairies.