Chambre d'agriculture
Les temps changent

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La Chambre d'agriculture s'est intéressée à la transmission des exploitations lors de sa dernière session de l'année. L'accompagnement des cédants et des porteurs de projets fait l'objet de travaux et de réflexions, dans un monde en pleine mutation.

Les temps changent
L'équipe « Formation, installation transmission, emploi » de la Chambre d'agriculture avec Alexis Parent, Anne Pommier, Aurélien Viellard et Amélie Fercoq.

C’est l’un des plus grands défis agricoles, des années à venir et même de l’instant présent. La transmission des exploitations a mobilisé la majeure partie du temps lors de la dernière session de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Le processus est d’autant plus complexe qu’il intervient dans un monde particulièrement changeant, comme l’a rappelé le président Vincent Lavier : « Nous entrons dans un univers avec beaucoup plus d’inconnues et d’indécisions. Dans le même temps, nous observons des projets auxquels nous n’aurions jamais pensé avant, les productions historiques du département se font de moins en moins nombreuses dans les installations. Nous devons nous adapter au mieux pour accompagner ces porteurs de projets et répondre pleinement à leurs attentes, c’est notre rôle et il en va du renouvellement des générations ». Selon le président de la Chambre d’agriculture, de moins en moins de jeunes accepteront de travailler 70 ou 80 heures par semaine : « ce n’est probablement pas une mauvaise chose, mais je ne porterai pas de jugement. Les systèmes d’exploitation devront aussi s’adapter sur ce point. Ce n’est qu’un exemple supplémentaire mais nous ne sommes plus dans le schéma traditionnel où les enfants reprenaient systématiquement la place de leurs parents. Les changements sont vraiment nombreux en termes de transmission, nous devons les prendre en compte dans nos réflexions ».

Le plein d’idées

Cette « nouvelle donne » a fait l’objet de discussions lors de cette session organisée le 25 novembre à Plombières-lès-Dijon. Aurélien Viellard, président du pôle « Formation, installation transmission, emploi » de la Chambre d’agriculture, a fait écho d’un important travail mené à l’échelle régionale pour adapter au mieux l’accompagnement des futurs cédants et repreneurs : « nous avons défini ensemble une feuille de route à suivre avec plusieurs leviers à actionner pour assurer la réussite des transmissions. Pour la partie cédants, l’idée serait de proposer des rendez-vous tous les dix ans, pour chiffrer la valeur de l’exploitation tout au long de la carrière de l’exploitant. Nous aurions ainsi des éléments beaucoup plus cohérents lors de la cessation d’activité. Nous souhaitons également travailler davantage avec l’entourage du futur cédant pour lever les différents tabous de la transmission. L’organisation de rencontres ludiques pourrait être proposée pour échanger tous ensemble et tout mettre sur la table. La Chambre d’agriculture mise aussi sur l’ensemble des partenaires qui gravitent autour de la ferme, je pense notamment aux banques, aux assurances, aux organismes stockeurs et même à l’administration, aux vétérinaires, aux mécaniciens et j’en passe. Des groupes de travail permettraient d’aborder les différents enjeux humains et économiques ».

Une certaine dynamique

Anne Pommier, responsable du pôle « Formation, installation transmission, emploi » a présenté des chiffres plutôt positifs : « Une reprise est amorcée depuis deux ans, la barre des 100 installations devrait être atteinte en 2022 dans le département, en comptabilisant les installations non aidées. Le Point accueil installation se porte de mieux en mieux lui aussi, il a été fréquenté par 260 candidats l’an passé. Nous recevons effectivement des profils très divers, certains sont en reconversion professionnelle. Une très forte proportion de projets novateurs est observée, tous sont très différents les uns des autres. Même les cadres familiaux se lancent dans de nouveaux ateliers, de nouveaux projets que nous n’avions pas l’habitude de voir ces dernières années. Entre 20 et 25 % des personnes que nous rencontrons veulent s’installer en agriculture biologique ». Alexis Parent, conseiller à la Chambre d’agriculture, a confirmé cette bonne dynamique en rappelant l’existence d’un répertoire permettant de mettre en relation les futurs cédants et porteurs de projets.

Anticiper, le maître mot

Amélie Fercoq, animatrice à la Chambre d’agriculture, a quant à elle rappelé différentes facettes d’une transmission : « Un manque d’anticipation annonce très souvent des complications. D’après nos observations, les dossiers qui se passent bien ont été raisonnés très en amont : deux ans, cinq ans, voire dix ans avant la cessation d’activités… L’aspect humain est tout aussi très important dans la démarche, ce critère est souvent négligé ! Quand un agriculteur transmet son entreprise, il transmet un bout de lui, avec parfois sa maison d’habitation, il transmet aussi un savoir-faire, un véritable héritage agricole. Un collègue de Saône-et-Loire aime à dire que l’aspect humain représente 70 % de la réussite d’une transmission ! L’entourage proche est parfois très peu impliqué dans la démarche ou alors en désaccord avec les modalités de transmission : tout cela représente des freins supplémentaires. De mauvais choix stratégiques comme un changement de système tardif peuvent aussi aller à l’encontre de la transmissibilité de l’entreprise, il faut le savoir. Si en plus, la conjoncture est difficile lors de la démarche, la transmission apparaît parfois comme une montagne infranchissable pour l’agriculteur. Vous l’aurez compris, nous conseillons vivement d’anticiper, de définir clairement ses objectifs, d’impliquer son entourage dans les réflexions, et plus globalement, de se faire accompagner ».

 

Mais aussi...
Vincent Lavier est revenu sur les points abordés lors de la récente rencontre avec le ministre de l'Agriculture.

Mais aussi...

Des dossiers de conjoncture étaient également au programme. Vincent Lavier est revenu sur les points abordés lors de la récente rencontre avec Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture (voir notre dernière édition). Les zones défavorisées simples ont été abordées : des communes qui avaient perdu leur statut depuis plusieurs années l’ont récupéré mais aucune aide financière, l’ICHN en l’occurrence, n’a refait surface à ce jour. La profession demande de rétablir l’accompagnement JA en zone défavorisée et le paiement des ICHN dans ces différentes communes. Concernant la tuberculose bovine, une demande de revalorisation des indemnisations est formulée compte tenu de la hausse des cours, sans oublier les animaux à haute valeur génétique.

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Le rendez-vous s'est tenu au lycée de Plombières.