Bien-être
Du CBD 100 % made in Hauts-de-France

Hélène Grafeuille
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Frédéric et Louis-André Toulotte sont petits-fils d’agriculteurs. Ils souhaitaient faire revivre l’exploitation familiale, située à Laventie dans le Pas-de-Calais, mais en innovant et surtout en apportant du bien-être aux gens. Ils ont décidé de se lancer dans la culture du chanvre.

Du CBD 100 % made in Hauts-de-France
Louis-André et Frédéric Toulotte, les co-fondateurs de Hauts-de-Chanvre. (Photo : Hélène Grafeuille).

Frédéric Toulotte, 40 ans, et son frère, Louis-André, 30 ans, ont commencé leur carrière professionnelle en tant que commerciaux. Mais il y a deux ans, ces petits-fils d’agriculteurs décident d’opérer une reconversion pour revenir aux racines familiales.

« Nous voulions faire revivre l’exploitation qui dormait depuis une vingtaine d’années. Nos grands-parents faisaient de la polyculture, des pommes de terre et des céréales, et un peu d’élevage. Notre père avait poursuivi l’exploitation, en tant que double actif, pendant quelque temps avant d’arrêter. Une partie des terres avaient été vendues, il en restait quelques-unes ainsi que les bâtiments, mais pas de quoi se relancer dans une exploitation traditionnelle », explique l’aîné de la fratrie.

Une culture légale

Les frères Toulotte ont alors pour ambition de faire quelque chose de « différent », « en adéquation avec l’environnement » et qui « apporte du bien-être aux gens ». C’est alors qu’ils ont l’idée de se lancer dans la culture du chanvre, et plus précisément du Cannabis sativa L, qui contrairement à son cousin le Cannabis sativa indica, est tout à fait légal. En mars 2021, leur start-up, baptisée Hauts-de-Chanvre, voit le jour.

« D’un point de vue écologique, le chanvre est très intéressant. Sa culture nécessite peu d’eau, elle n’a pas besoin, ou très peu, de produits phytosanitaires ou d’intrants. C’est donc une plante qui se prête parfaitement à la culture bio. Le chanvre est également bénéfique pour son environnement, en allant chercher l’eau en profondeur, il permet de restructurer les sols mais aussi de développer la vie microbienne. Enfin, c’est un gros consommateur de CO2 : un hectare de chanvre consomme plus de dioxyde de carbone qu’un hectare de forêt », énumère Louis-André.

Si beaucoup de cultures de Cannabis sativa L sont destinées à l’industrie textile, Frédéric et Louis-André Toulotte décident de se concentrer sur la production de CBD, l’une des principales substances actives de type cannabinoïde de la plante de chanvre.

De multiples bienfaits

« Il a de nombreuses vertus pour l’homme. Il est notamment connu pour être anti-inflammatoire, il peut soulager les douleurs chroniques mais aussi certaines pathologies comme l’arthrose. C’est également un anxiolytique, il permet de réduire le stress ce qui facilite également le sommeil mais sans aucun effet somnolant… », détaille le cadet.

Les deux frères plantent donc du chanvre sur 4,5 hectares. Un travail titanesque pour les deux hommes : « On commence par faire des semis en serre avant de les planter dans les champs fin mai, début juin. Il y a un gros travail de taille, car contrairement aux cultures destinées à la fabrication de textile, nous, nous avons besoin d’un maximum de ramification. Puis, il y a aussi un travail de sélection, tous les pieds mâles sont éliminés car ils ne donnent pas de fleurs et en cas de pollinisation empêche le développement des cannabinoïdes, la molécule qu’on recherche ».

Les fleurs sont récoltées au mois d’octobre, à la main. « Nos 4,5 hectares permettent d’obtenir quelques centaines de kilos de fleurs », précise Frédéric. Elles sont ensuite « nettoyées pour ne garder que les têtes avant d’être séchée et affinée ».

Du CBD 100 % traçable

Les fleurs sont ensuite envoyées dans un laboratoire qui procède à une extraction au CO2 : « C’est une technique qui permet d’extraire n’importe quelle molécule sans l’altérer. Si aujourd’hui nous ne sommes plus les seuls à utiliser cette méthode, à l’époque nous étions les premiers en France », souligne Louis-André. L’huile de CBD est mise en flacon par un laboratoire pharmaceutique. « Cela nous permet d’avoir un produit de qualité, 100 % traçable de la graine au produit fini et 100 % made in Hauts-de-France. C’était une volonté de notre part de maîtriser la filière de A à Z ».

Si Hauts-de-Chanvre commercialise quelques fleurs brutes à destination de l’aromathérapie, son produit phare reste l’huile de CBD. Et, depuis quelques jours, les deux frères proposent également des infusions à base de CBD. « Nos produits sont vendus dans plusieurs pharmacies mais aussi des Biocoop ou sur notre site internet », indique Louis-André.

Ce cahier des charges strict que se sont imposés Frédéric et Louis-André Toulotte leur a permis, en octobre 2021, d’être lauréat d’Eura Industry Innov', une association qui fédère des entrepreneurs afin de faciliter et accélérer la mise en place de projets liés à la bioéconomie sur les territoires de Flandre Lys, de la Flandre Intérieure et de l’agglomération Béthune-Bruay-Artois-Lys Romane.

Et depuis janvier, la start-up Hauts-de-Chanvre a intégré les incubateurs Eurasanté et Euralimentaire. « Cela va nous permettre de développer notre réseau et d’envisager l’avenir », se réjouit Louis-André.

Une gamme de produits bientôt élargie ?

Car les deux frères ont encore plein d’idées en tête. D’ici quelques mois, ils espèrent bien pouvoir agrandir leur production, passant de 4,5 hectares de culture à 6, mais aussi continuer de développer leur gamme de produits.