Semaine de l'agriculture
Testée, approuvée... à refaire !

Chloé Monget
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Durant la semaine du 17 au 21 juin, les élèves de 5e du Collège de Luzy ont eu un programme agricole sur mesure pour découvrir l’agriculture. Une initiative expérimentale des JA BFC et de l’Anefa, en partenariat avec les JA 58.

Testée, approuvée... à refaire !
Claude Blaise a détaillé son système d'engraissement et son choix de la Salers.

Cette passion n’a pas de limite. Certains la connaissent bien et en rêvent quand, pour d’autres, c’est un monde inconnu. Qui est-elle ? La grande dame de cette énigme est l’agriculture. Dans une volonté de la faire découvrir autrement aux nouvelles générations, les JA de Bourgogne-Franche-Comté et l’Anefa, en partenariat avec les JA 58, ont choisi de créer une semaine dédiée pour les élèves de 5e, avec la première expérimentation dans la Nièvre du 17 au 21 juin. Ainsi, ce sont les élèves de 5e du collège de Luzy qui ont été sollicités pour participer à cette initiative, qui sera d’ailleurs très probablement reconduite dans le département et étendue à toute la région. Pour Aline Lagandré, professeure d’Histoire Géographie du collège et accompagnant la délégation des jeunes : « ces rendez-vous mettent en exergue les différents métiers de nos campagnes dont tous ceux de l’agriculture. Et, il nous semblait important que les élèves découvrent ce qui existe dans leur territoire, leur offrant par la même occasion une belle ouverture d’esprit et d’horizons ».

Importance indéniable

Pour cette première nivernaise, un programme bien rempli a été prévu avec des interventions en classe pour appréhender la théorie des matières agricoles (un avant-goût des cours dispensés dans les Legta), des présentations des divers métiers agricoles et deux visites de ferme en présence des chefs d’exploitations ; afin de rendre le tout très concret pour les jeunes. Ils ont donc pu se rendre dans l’Earl Blaise à la Nocle-Maulaix (engraissement de Salers notamment), puis dans l’exploitation d’Édouard Augendre à Chiddes (production laitière avec transformation fromagère). À cette occasion, Claude Blaise souligne : « Je pense que c’est important de communiquer sur notre profession, pour montrer comment elle se pratique sur le terrain. De plus, je trouve que c’est encourageant de voir que des très jeunes sont encore motivés pour faire ce métier, malgré les contraintes et les difficultés. Pour la pérennité de l’agriculture française, il est nécessaire de travailler sur la viabilité financière des exploitations afin de donner un avenir à ceux voulant s’installer. À mon sens, cela passe par l’application de la loi Égalim, notamment ». De son côté, Édouard Augendre, en cours d’installation à Chiddes, salue : « une démarche sympathique pour lever certains préjugés que les enfants peuvent déjà avoir à cet âge sur nos professions : l’agriculture ce n’est pas que les vaches et les tracteurs. De plus, cela dépeint les multiples voies que l’agriculture offre ; un point idéal à faire avant les orientations ». Il ajoute : « Il y a encore peu de temps j’étais à leur place et j’ai toujours apprécié les visites qui pouvaient être proposées dans le cadre scolaire ; accueillir à mon tour les jeunes est un juste retour. En plus, les exploitations sélectionnées leur permettent de toucher du doigt des productions et des gestions un peu atypiques ; une ouverture indéniable qui semble leur avoir plu ».

Les liens transparents

Durant les échanges avec les exploitants, et âge des enfants oblige, aucune langue de bois n’était au rendez-vous avec pour certains élèves des questions très précises : « Et la paratub ? », « Et les boucles, comment on les lit ? », « Vous avez des Fendt ? »… Une expertise qu’Édouard Augendre apprécie : « j’ai été surpris par leurs réflexions qui furent très techniques pour leur âge ». Gabin, 12 ans, précise : « on apprend des trucs différents de d’habitude, c’est bien car j’aimerais faire cela plus tard ». Pour Jules, 13 ans, explique que pour lui, l’agriculture est : « Un joli métier mais qui est difficile ». Sur ce point, Gabin rebondit : « il faudrait montrer aux gens que l’agriculture ne pollue pas… en tout cas pas plus qu’eux » et Jules de conclure : « Notre campagne est belle et on l’aime » ; voilà peut-être le fondement même d’être agriculteur. À chaque fois, les départs des exploitations furent un peu un crève-cœur pour les élèves, buvant les paroles de Claude ou d’Édouard, comme si chaque mot devait être conservé comme un trésor bien utile… preuve peut-être d’une avidité d’engranger des connaissances. D’ailleurs, cette transmission de savoir se lie assez naturellement dans les cours de ferme, comme celle de Claude, où son père a tissé immédiatement un lien avec les enfants avec une simple phrase : « Venez les jeunes, j’ai un truc à vous montrer ! », emportant avec lui une nuée d’enfants ravis vers une des particularités de la ferme. Dans la même veine, et face à l’impatience de quelques-uns à devenir grand, Claude réagit : « ne vous inquiétez pas les jeunes ça va venir ! ». Cette transparence sans artifices et cet amour partagé du métier, résume finalement cette envie de se lancer dans ce dernier ; une envie s’accrochant aux cœurs des agriculteurs en herbe autant que la boue collée à leurs bottes ce jour-là.