Agrivoltaïsme
A Verdonnet, en Côte-d'Or, TSE implante un site agrivoltaïque expérimental
Après Amance, en Haute-Saône et Brouchy, dans la Somme, l’entreprise TSE installe une nouvelle canopée solaire à Verdonnet, en Côte-d’Or. Le dispositif permet de mener des cultures sous des panneaux solaires orientables fixés à plusieurs mètres de hauteur. L’installation a fait l’objet d’une visite organisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
De loin, on pense d’abord à un bâtiment agricole en construction. Mais plus on s’approche du site et plus on comprend qu’il s’agit d’autre chose : la canopée solaire que TSE implante à l’entrée du village de Verdonnet, au nord-ouest de la Côte-d’Or, est un dispositif objectivement impressionnant. Ce parc agrivoltaïque est installé sur une parcelle de 10 ha, dont 3 sont couverts par les panneaux. Si l’on parle de canopée, c’est parce que ses panneaux solaires sont fixés à plusieurs mètres de hauteur, au-dessus d’un champ cultivé par l’EARL des Tours. Cette exploitation, qui regroupe quatre associés, certifiée bio depuis vingt ans, disposait déjà de panneaux solaires sur ses bâtiments. Sur le site de Verdonnet choisi pour installer le parc agrivoltaïque, les terres sont très superficielles et l’exploitation agricole y cultivait, ces dernières années, de la luzerne. Comme à Amance, en Haute-Saône, ou à Brouchy, dans la Somme, TSE cherche ici à démontrer la pertinence de son approche de producteur d’énergie en parfaite complémentarité avec une activité agricole, et pas en concurrence. C’est la raison pour laquelle les panneaux photovoltaïques, orientables pour suivre la course du soleil, se trouvent à plus de 5 mètres de hauteurs.
Réimplanter du blé
Le site s’organise sur six allées de 27 mètres de large et dix-huit autres de 11,60 mètres de large : de quoi laisser passer des engins agricoles. Le but est effectivement de poursuivre une culture tout en produisant de l’énergie. Adrien Cortot, l’un des quatre associés de l’EARL des Tours, explique qu’il va réimplanter du blé sur cette parcelle, en bénéficiant de l’ombre apportée par les panneaux solaires. « Nous serons sur un système de rotation classique en bio, poursuit-il, à base de luzerne, blé, et protéagineux ». De manière générale, ce site revêt un caractère expérimental. Mickaël Carlot, directeur régional de TSE, souligne que l’entrée en fonctionnement du parc photovoltaïque de Verdonnet, début 2024, ouvre une période de neuf années d’expérimentations agronomiques afin d’obtenir des références sur la meilleure adéquation possible entre l’installation et les cultures menées sous elles. Le sujet intéresse et suscite de la curiosité. C’est la raison pour laquelle la Chambre d’agriculture de l’Yonne avait choisi d’organiser, le 20 octobre, un voyage d’études sur ce site (ainsi que sur celui de Channay, plus au Nord, où Total Énergies a implanté un champ de panneaux photovoltaïques verticaux pour, là aussi, conjuguer production énergétique et activité agricole). La délégation d’agriculteurs icaunais (qui comptait également Fabien Brayotel, président de la FDSEA 89) était accompagnée du préfet de l’Yonne, Pascal Jan, et de représentants de la DDT 89.
Encourager l’agrivoltaïsme
Pour Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, ce voyage s’inscrit dans le prolongement logique d’une position professionnelle sur l’agrivoltaïsme adoptée par la Chambre en 2019 et dans la prise en compte de l’évolution législative liée à l’agrivoltaïsme avec la nouvelle loi relative à l’accélération des énergies renouvelables, promulguée en mars dernier : « Nous voulions voir, concrètement, avec le préfet, de quoi on parlait en matière d’agrivoltaïsme. Que ce soit Channay, avec Total Énergies, ou Verdonnet, avec TSE, nous avons là deux projets différents mais qui sont intéressants et qui correspondent à ce que nous aimerions voir se développer dans l’Yonne ». Le président de la Chambre 89 sait que des projets sont déjà dans les cartons concernant son département et, lors de la prochaine session de Chambre, qui doit se tenir le 1er décembre, de prendre une position officielle sur cette thématique. « En lien avec les services de la préfecture, poursuit Arnaud Delestre, et les objectifs nationaux d’augmentation de production d’énergie renouvelable, nous voulons voir ce que cela peut donner sur l’Yonne et in fine, encourager l’agrivoltaïsme. C’est un levier à actionner, parmi d’autres, pour trouver des solutions à l’agriculture de plateau. L’important, c’est d’avoir un développement raisonné de ces solutions. Ce qui est très intéressant, c’est que TSE ou Total Énergies n’arrivent pas en affirmant qu’elles ont des solutions parfaites, mais avec la volonté d’expérimenter et de travailler avec le monde agricole. Les Chambres d’agriculture ont aussi leur rôle à jouer pour valider les process ». De son côté, le préfet, Pascal Jan a mis en place un groupe de travail afin de réfléchir à un plan stratégique départemental en matière d’énergies renouvelables : « L’agrivoltaïsme permet de répondre au double impératif de souveraineté alimentaire et énergétique. De plus, le dispositif de TSE apporte aussi des réponses en matière de récupération d’eau de pluie. Dans l’Yonne, nous pourrons ainsi travailler avec des objectifs clairs définis par le plan stratégique. Ce qu’il faut, c’est éviter un « mitage » du territoire et privilégier des projets qui délivreront une puissance énergétique maximale le plus vite possible. Les sites de Verdonnet et de Channay me confirment en tout cas que nous avons la capacité de mettre en place de vrais projets d’accélération des énergies renouvelables, avec le moins d’impact possible, et en préservant, voire en relançant l’agriculture ».