Les vendanges dans le Châtillonnais payent parfois un lourd tribut des aléas climatiques. Le point avec Christophe Suchaut, technicien à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or.
Le Châtillonnais nous avait habitués à mieux ces dernières années. Les vendanges qui viennent de se terminer – dans sa soixantaine de domaines et ses 350 ha- ne sont visiblement pas d'un très haut niveau quantitatif. Il y a quelques jours, Christophe Suchaut évoquait certaines pertes de récolte allant de 20 à 80 % attribuées aux gelées ainsi qu'au mildiou. « Ces pourcentages montent même jusqu'à 90 voire 100 % autour de Molesme et Villedieu, là où la grêle a violemment frappé », observe le conseiller. Fort heureusement, un secteur a été épargné et devrait réaliser des vendanges dignes de ce nom : « une bande étroite au nord de Châtillon, entre les vallées de la Seine et l'Est de la Laigne, n'a subi ni gelées ni forts cumuls d'eau d'un seul coup. Les parcelles concernées ne devraient être très loin du rendement de base crémant, vers 10 000 kg ».
C'est inédit
Le bilan de cette campagne s'annonce « mitigé », comme le souligne Christophe Suchaut : « tout a été compliqué, il a fallu anticiper ou subir les effets du front froid et des gouttes froides à répétition avec des pertes de récolte et une pluviométrie exceptionnelle en intensité mais surtout en fréquence. Il est tombé plus de 1 020 mm du 1er novembre 2023 au 1er septembre 2024, soit 350 mm de plus que l’année précédente et 510 mm de plus que sur 2021-2022 ! Rappelons-le : un millimètre correspond à un litre d’eau par mètre carré, soit 10 mètres cubes à l’hectare ! ». Le conseiller expérimenté confie ne jamais avoir assisté à pareille situation : « ce millésime remet en perspective ce que nous avions cru intégrer avec le changement climatique : en gros plus de chaud, de périodes de manque d’eau voire de sécheresse, des pertes par échaudage. Seul, bien malheureusement, un débourrement précoce au moment des gelées de printemps s’est avéré correspondre. Envisager, a priori, une pluviométrie excessive sur l’ensemble de la campagne végétative devra faire partie du raisonnement des nouveaux excès que la nature peut nous infliger ».
Frais et fruité
Les vinifications de ce millésime 2024 vont s’avérer « très techniques » selon Christophe Suchaut : « celles-ci vont faire appel à tout le savoir-faire du vinificateur dès le choix de la date de vendanges. Les vins devraient être plus classiques avec des équilibres acides plus cohérents de ce qu’on a eu l’habitude d’avoir sur des années plus chaudes et sèches. Un côté frais et fruité, plus marqué, devrait s’exprimer. Fort heureusement, le temps frais et ensoleillé durant ces vendanges a bloqué le risque botrytis et maintenu les acidités tout en augmentant le niveau des sucres ».