Manifestation dans la Nièvre
Le feu des passions

Chloé Monget
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Le 20 novembre, la FDSEA 58 et la JA 58 ont lancé un appel à mobilisation pour protester contre les accords du Mercosur, notamment. 

Le feu des passions
Un feu de la colère fut allumé au rond-point de Saint-Éloi.

Dans la Nièvre, l'appel à mobilisation de la FDSEA 58 et des JA 58 était acté pour le mercredi 20 novembre. Et ce n'est pas un, mais six points de rassemblement qui étaient prévus. La raison de cet appel : les accords du Mercosur, mais également la gestion de la population lupine dont certains éleveurs en font les frais depuis le début de l'été (1). Ainsi, incubant déjà depuis quelque temps, la colère s'est matérialisée tentaculairement dans le département à Clamecy, la Charité-sur-Loire, Druy-Parigny, Forges, Château-Chinon et Luzy. Certains habitants des communes, peu habitués à ce genre de démonstrations, restèrent solidaires du mouvement à l'image de Jacques A. (habitant de Druy-Parigny) : « C'est très bien de faire cela, mais il faut aller encore plus loin car le gouvernement ne semble pas prendre la mesure des difficultés que la profession rencontre. À mon sens, il faudrait que toutes les professions se rassemblent et mettent le pays à l'arrêt… des décisions gouvernementales seraient alors prises très rapidement ! ».

Converger pour dénoncer

Si la FDSEA 58 et les JA 58 avaient pu rester sur des points fixes, c'était sans compter sur la ferveur et la fierté nivernaise de chacun des membres à défendre la profession agricole. En effet, après avoir passé la journée sur les barrages filtrants comme à Clamecy (2) ou sur les déviations, à l'image de Druy-Parigny, les exploitants ont acté : se rendre visibles. Dans un élan, les rondins de bois furent remballés, les barnums et autres braseros rangés, et les tracteurs se mirent en branle vers le rond-point de Saint-Éloi, desservant Nevers, l'embranchement de l'autoroute, Imphy, Forges. Dire que cela était un site stratégique est un euphémisme surtout à l'heure de la sortie des bureaux… certains exploitants présents regrettent d'ailleurs « d'emmerder les gens qui bossent, mais on doit nous voir ». Une fois au centre du rond-point, une partie des bennes est déchargée puis incendiée… un brasier ronflant au diapason de leur passion pour leur métier et de la colère qu'ils enferment face aux accords du Mercosur, à la pression de la prédation ainsi qu'au traitement plus que lent des dossiers FEADER par la Région (3)… et là une chose frappe les exploitants : « ils sont là, à Nevers. Allons-les voir ! ». Entre-temps, la mobilisation de Druy-Parigny rejoint Saint-Éloi, grossissant les effectifs. Puis, les tracteurs se lancent sur l'autoroute en direction de Varennes-Vauzelles pour retrouver les collègues de la Charité, redescendus du point de rassemblement de la journée. Une convergence s'effectue alors vers le centre de la ville de Nevers, avec en ligne de mire : le Conseil Régional et le Conseil Départemental. Le programme était, lui aussi, très simple : déposer le message du mécontentement et du désarroi. Une fois cela fait, les exploitants et leurs soutiens repartirent avec un peu d'espoir mais surtout avec la conviction que le contexte doit changer et toujours consumés par l'inclination sans limite pour leur profession. Si le feu s'est donc calmé, il continue de couver…

Retrouvez les événements sur notre page Facebook, et la vidéo dédiée sur notre chaîne Youtube. 

1. https://www.agribourgogne.fr/articles/22/10/2024/Le-prix-du-sang-95065/ et https://agribourgogne.fr/articles/22/10/2024/Encore-et-encore-pour-toujours-95076/

2. Romaric Gobillot, président de la section bovine de la FDSEA 58, remercie le Auchan de Clamecy ayant fourni des denrées alimentaires gratuitement pour l'occasion. 

3. Durant la session Chambre du 21 novembre, la préfète de la Nièvre a annoncé que l'intégralité des dossiers FEADER non-ouverts sera récupérée pour traitement par les services de l'État.