Le président de Dijon Céréales aborde la nouvelle campagne qui vient de débuter.

C'est reparti
Didier Lenoir, la semaine dernière à Charmes, près de Mirebeau.

La pluie a fait son retour, enfin, le week-end du 15 août. Les millimètres varient selon les secteurs, mais de nombreux agriculteurs ont tout de même pu semer leur colza avec sérénité. « Ça, ce n’était pas gagné à l’avance, surtout avec le temps très sec que nous avions il y a encore quelques jours », observe Didier Lenoir, qui a sorti son semoir dès le 12 août. Le « pari » de l’implantation semble réussi, pour l’instant. Les surfaces en colza, elles, devraient connaître une belle augmentation dans le département, comme l’imagine le président de Dijon Céréales : « je pense qu’il devrait s’en faire 15 ou 20 % en plus. Du moins, dans les intentions… Le colza a sans doute été notre plus belle surprise à l’échelle de la Côte-d’Or, lors de la dernière campagne. Pourtant, il n’y a pas eu de révolution en termes de protection des plantes, nous avons eu la chance, tout simplement, d’avoir un peu moins d’altises… Espérons qu’il en soit de même cette année, l’avenir nous le dira. Dans tous les cas, nous attendons une alternative au Boravi rapidement, pour pouvoir se protéger de ces insectes ravageurs en cas de besoin ». Une autre culture, de la même famille que le colza, aura le vent en poupe d’ici peu, en l’occurrence la moutarde. L’AGPMB rencontre en effet un réel succès dans sa recherche de surfaces de production. Didier Lenoir fait partie de ceux qui tenteront l’aventure pour la toute première fois, sur une surface de 20 ha.

Une grande précocité

L’actualité des productions végétales, c’est aussi les récoltes des cultures d’été. La moisson de tournesol a commencé dès la première semaine d’août. « La précocité est très marquée cette année. Récolter à cette date est rare, même si cela s’est déjà fait dans le passé », commente Didier Lenoir. Le tournesol devrait mieux s’en sortir que le soja et le maïs, selon l’agriculteur de Charmes : « il a beaucoup moins souffert mais si nous arrivons à une moyenne entre 20 et 22 q/ha à l’échelle de la coopérative, ce sera déjà bien. Pour ceux qui auront la chance de dépasser les 25 q/ha, le tournesol sera l’une de cultures les plus rentables de l’année. Dans les zones les plus séchantes, ce sera forcément plus compliqué… La récolte avait été bonne l’an passé et les résultats avaient motivé les agriculteurs à recommencer : le hasard fait bien les choses car nous faisons face à une grande demande en huiles et le tournesol était très recherché. Malheureusement, les cours sont en net retrait depuis une quinzaine de jours (disponible sécurisant en colza, canola, palme et retour des exportations ukrainiennes). Cette culture représente aussi une possibilité de tête d’assolement, c’est un autre avantage ».

Plus compliqué

La donne sera totalement différente pour le soja et le maïs, tempère Didier Lenoir : « la floraison du soja est intervenue en pleine canicule. Il manque aujourd’hui des étages. Des grains manquent dans les gousses et certains n’ont pas rempli… La récolte s’annonce très décevante. Pour le maïs, nous sommes un peu dans la même problématique. Ce sera encore une fois très hétérogène dans le département, car j’ose imaginer que les secteurs les plus propices, dans les meilleures terres, auront beaucoup mieux résisté. Avec des récoltes plus précoces, la bonne nouvelle viendra des frais de séchage, qui devraient être limités. Cela tombe bien, car le prix du gaz a considérablement augmenté ».

Des turbulences

Les prix des fertilisants et des carburants inquiètent forcément pour ce nouvel exercice. « Ils sont fortement liés aux cours du pétrole et du gaz. Il faut beaucoup d’énergie pour fabriquer et transporter de l’engrais », rappelle le président de la coopérative. Une problématique de disponibilité pourrait également être rencontrée : « notre coopérative est déjà positionnée pour couvrir 75 % des besoins en engrais de nos adhérents sur la campagne et en particulier le printemps 2023, période de forte utilisation. Dans le contexte actuel de tension, c’est une sécurisation importante en volumes et en prix. Sur ce dernier point, notre service approvisionnements a mis en place un « prix construit de campagne », qui sécurisera au maximum nos adhérents vis-à-vis de la volatilité des cours ».