Revenu agricole
Une amélioration en 2022

Actuagri
-

Selon la Commission des comptes de l’agriculture, malgré des récoltes moins importantes, le revenu agricole s’est globalement amélioré en France, en raison, notamment de la revalorisation de certaines productions, en lien avec la guerre en Ukraine.

Une amélioration en 2022
En 2022, le déclenchement de la guerre en Ukraine a contribué à une revalorisation des productions, mais a aussi entraîné une hausse des charges.

En 2022, le résultat brut de la branche agricole affiche une amélioration de 14,9 % par rapport à 2021 et de 14 % pour le résultat brut par actif non salarié par rapport à l’année précédente, selon la Commission des comptes de l’agriculture qui s’est réunie le 6 juillet. C’est moins que l’estimation qui avait été réalisée en décembre 2022 qui faisait apparaître une évolution positive de 22,2 %. En effet, les récoltes ont été moins abondantes que ce qui avait été estimé en fin d’année dernière et l’augmentation des charges s’est révélée plus élevée. Toutes productions confondues, le volume des livraisons a reculé de 0,6 % en 2022. Les pertes ont été particulièrement importantes pour les céréales (-11 %), pour le maïs (-30,2 %), et dans une moindre mesure pour le blé tendre (-4,8 %), en raison de la sécheresse et des chaleurs printanières et estivales, la récolte d’orge s’est en revanche stabilisée à -0,7 %. Mais la remontée des prix des céréales entamée dès 2021 et stimulée par la guerre en Ukraine a permis de compenser et au-delà le recul des volumes (+10,3 % en valeur).

Bond des oléagineux et protéagineux

La production française d’oléagineux a affiché une nette progression en 2022 (+14,4 %) en raison de l’augmentation des surfaces (+22,8 %) et malgré la baisse des rendements. C’est le colza qui a tiré son épingle du jeu (+36,8 % en volume), alors que la récolte de tournesol s’est repliée (-7 %), comme celle de soja (-14,9 %). Déjà élevés fin 2021, les prix des oléagineux ont atteint des niveaux inégalés à la suite du déclenchement du conflit en Ukraine. Au bout du compte la valeur de la production des oléagineux et protéagineux a fait un bond de 18,4 %. Pour les betteraves, la récolte s’est effondrée de 8,6 % à cause de la sécheresse et de la canicule, mais comme les prix se sont envolés (+44,8 %), la valeur de la production a progressé de 32,4 %. D’une façon générale, contrairement aux cultures annuelles, les volumes des cultures pérennes sont repassés au-dessus des moyennes quinquennales, après la chute sévère de 2021 liée au gel printanier. Pour les fruits, la hausse des volumes (+20,8 %) a pesé sur les prix (-5,9 %). Ceux-ci ont davantage résisté dans le vin (+1,7 % contre +34,9 % pour les volumes) Pour les légumes, le recul de la production (- 8,7 %, sous l’effet de la chaleur estivale) a été compensé par la revalorisation des prix (+13,9 %). Idem pour les pommes de terre (-8,3 % en volume, +21,3 % en prix).

Recul dans l’élevage

Particulièrement inquiétant, le recul de la production dans toutes les spécialisations animales (sauf les œufs), de 4,7 % en moyenne. Elle se décline en -2,4 % pour les gros bovins, -6,5 % pour les ovins, et -4,1 % pour les porcins en raison de la décapitalisation des cheptels, et de -14,4 % pour la volaille à cause d’épizootie d’influenza aviaire. La production de lait se replie également de 4,2 %, en raison de la sécheresse qui a impacté la production fourragère et de l’augmentation du prix des aliments du bétail. Heureusement, la croissance des prix à la production pour tout le secteur de l’élevage (+23,3 % en moyenne) compense et au-delà la perte des volumes. Conséquence des tensions sur les marchés de l’énergie et des céréales, les consommations intermédiaires ont nettement progressé de 15,7 % en valeur, frappant le prix des engrais (+79,7 %), de l’énergie (+40,6 %) et de l’alimentation du bétail (+24,6 %). Ce qui a conduit à un fort repli des achats en volume (-5,2 %).

Des résultats en trompe l'oeil

Dans un communiqué, la FNSEA a accueilli favorablement ces résultats pour les agriculteurs qui « bénéficient de la hausse des prix et des effets de l’application des lois Égalim 1 et 2, malgré les charges agricoles qui demeurent à un niveau élevé ». Mais ces résultats sont aussi inquiétants dans la mesure où ils font apparaître un recul important des volumes consécutif aux aléas climatiques et une décapitalisation des cheptels bovins, ovins et porcins, alors que la volaille a subi de plein fouet l’épizootie d’influenza aviaire. « Ces pertes de volumes impactent directement l’objectif de souveraineté alimentaire, réduisant d’autant la capacité de l’agriculture française à alimenter son propre marché et ouvrant ainsi la porte aux importations intra et extra de l’Union européenne », note la FNSEA. « Redonner de la compétitivité aux exploitations agricoles devient une urgence », à l’heure où l’agriculture française doit accélérer sa transition écologique, conclut-elle.