Ceps Sicavac
10 ans d'engagements

Chloé Monget
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Le 17 octobre, Ceps Sicavac fêtait ses 10 ans à Cosne-Cours-sur-Loire. L'occasion de revenir sur les années passées et d'entrevoir les projets d'avenir.

10 ans d'engagements
Pierre Morin, président du Ceps Sicavac, et Olivier Luneau, vice-président, à Cosne-Cours-Sur-Loire le 17 octobre.

« C'est une sacrée aventure car nous sommes partis de rien » insiste Pierre Morin, vigneron et président du Ceps Sicavac, à l'occasion de ses 10 ans, fêtés le 17 octobre à Cosne-Cours-sur-Loire. « Tout a commencé le 30 janvier 2014, avec l'envie de trouver des solutions viables et pérennes pour les vignobles avec en ligne de mire l'excellence. Notre terroir regorge de vieux ceps exceptionnels que nous nous devions de conserver ». Jean-Baptiste Roblin, directeur technique du Ceps Sicavac, rebondit : « nous n'avons rien révolutionné, nous nous sommes simplement regroupés pour réfléchir à l'avenir ». Sur ces mots, et avec d'autres intervenants, ils reviennent sur l'histoire du Ceps Sicavac.

Maturation obligatoire

Bertrand Daulny, œnologue et ancien directeur de Sicavac, souligne : « il faut remonter dans les années soixante, avec la mise en place d'une sélection clonale pour pallier la pression sanitaire de la virose de l'époque. Le problème étant que ces implantations portaient le risque d'appauvrir la diversité du vignoble et raison pour laquelle, dans les années 2000 environ, quelques vignerons ont commencé à réfléchir sur les sélections massales. Le but était de produire un vin de qualité, tout en mettant à disposition cette sélection aux autres vignerons ». Après des repérages de parcelles de vignes plantées avant 1960, un choix drastique des Ceps est réalisé : la sélection Sicavac était née pour envisager les greffons. S'en suit ensuite une élaboration d'un cahier des charges en lien avec les pépiniéristes, comme l'explique Gilles Guillerault, vigneron et ancien président FUVC et artisan du projet Ceps Sicavac : « nous avons rencontré nombre de professionnels de la filière, puis nous avons établi une première version de notre cahier des charges. Après cela, un appel a été lancé à toutes les pépinières de France pour participer. Sur environ 200, seule une dizaine a répondu, mais qu'importe, car il fallait obligatoirement que leur engagement soit basé sur l'envie de travailler différemment. Après des discussions avec eux, nous avons ajusté notre cahier des charges tout en gardant à l'esprit d'obtenir le meilleur matériel végétal possible ». Olivier Luneau, vigneron et vice-président du Ceps Sicavac, rajoute : « aujourd'hui, nous travaillons avec 6 pépiniéristes et nous les remercions chaleureusement de leur engagement et de leur sérieux dans le respect de nos prérogatives, le tout dans des échanges permanents ; un travail collectif indispensable pour évoluer ».

Cahier des charges et avenir

Parmi les éléments de ce cahier des charges, Jean-Baptiste Roblin détaille : « la densité de plants en pépinière est moindre pour un bon développement du système racinaire et tous les porte-greffes sont palissés. Nous réalisons une analyse virale tous les 5 ans contre les 10 imposés par FranceAgriMer ». Face à tout cela, François Crochet, président de Sicavac, rappelle tout de même : « aujourd'hui, nous avons certains individus pauvres en sucre, ce qui permet d’éventuellement faire une sélection massale afin de compenser les conséquences des aléas climatiques, mais il faut garder les autres sélections ». Sur ce point, Bertrand Daulny précise : « quand on travaille sur du long terme, il faut certes faire une sélection, mais il ne faut pas supprimer ce qui ne correspond pas à l'instant T aux attentes, car cela peut s'avérer, finalement être une solution viable pour l'avenir ». François Dal, conseiller viticole au Sicavac, rebondit : « la préservation génétique la plus large possible permet de détacher deux sélections massales, la Typicité et l'Excellence tout en offrant des options pour sécuriser l'avenir ». Loin de se reposer sur ses lauriers, Ceps Sicavac continue donc toujours dans cette recherche de solutions pour conserver la diversité d'un vignoble unique. Un travail d'ailleurs reconnu au-delà du territoire Centre-Loire puisqu'un nouveau partenariat a été établi avec le GEST (21) pour l'élaboration d'une sélection massale de pinot noir, sur le même principe que celle réalisée en sauvignon blanc. Thibault Liger-Belair, vigneron à Nuits-Saint-Georges (21) et président du GEST, stipule : « la greffe est un pan indispensable de nos professions et par ces sélections, nous nous préparons aux enjeux qui s'imposent à nous. Nous commençons par le pinot noir et espérons pouvoir faire de même avec le chardonnay ». Pour clôturer les interventions, Pierre Morin sourit : « En somme, Ceps Sicavac c'est à la fois une aventure technique et humaine… Maintenant, parler c'est bien, goûter c'est mieux ! ». Ainsi, c'est avec une dégustation commentée par Fabrice Doucet, directeur œnologue Sicavac, que s'est terminé l'anniversaire des 10 ans du Ceps Sicavac, avec sept vins issus des sélections Ceps Sicavac.

Image supplémentaire
L'anniversaire des 10 ans du Ceps Sicavac s'est clôturé par une dégustation de vins issus des sélections.