Travaux agricoles
Une tendance à « faire faire »

AG
-

Clément Guichot gère une entreprise de travaux agricoles avec Joël, son père, près de Pouilly-en-Auxois. Le recours à une ETA est de plus en plus courant, d'après ce jeune homme de 23 ans.

Une tendance à « faire faire »
L'entrepreneur dans son bâtiment, la semaine dernière à Châtellenot.

Des coûts de matériels en forte hausse et de plus en plus de travail sur les fermes : tout est réuni, aujourd’hui, pour « déléguer » certaines tâches et faire appel à une ETA. Clément Guichot, entrepreneur à Châtellenot, perçoit cette tendance depuis « au moins deux ou trois ans » : « C’est principalement le cas lors des moissons. Avec le prix actuel des pièces et une main-d’œuvre de moins en moins importante sur les exploitations, le recours à une ETA devient assez fréquent. Les agriculteurs qui approchent de la retraite lèvent également le pied sur les investissements et sollicitent de plus en plus notre type d’entreprise : c’est un autre caractéristique du moment. Et plus globalement : un éleveur de tout âge qui a moins de 100 ha à moissonner a tout intérêt à faire appel à une ETA, car acheter une batteuse revient extrêmement cher, surtout si l’on considère son faible temps d’utilisation dans l’année ».

Une problématique partagée

La hausse du prix des matériels est aussi une grosse contrainte pour les ETA, reconnaît Clément Guichot : « rien n’est évident pour personne. Les charges, dans leur ensemble, sont en nette augmentation pour tout le monde. Je pense notamment au carburant : les prix ont plus que doublé depuis la création de notre entreprise en 2015. Forcément, nous sommes dans l’obligation de le prendre en compte dans nos tarifs. Le prix des équipements connaît aussi de fortes augmentations et il faut sans cesse s’adapter. Dans notre cas, pour limiter les frais, nous assurons nous-mêmes l’entretien et la réparation des machines, 95 % du temps. Nous faisons rarement appel à un mécanicien, uniquement quand le souci est électronique ». Les dernières moissons se sont déroulées sans le moindre problème majeur, à la plus grande satisfaction de l’ETA de la Gravelle : « il y a eu quelques bricoles inévitables, mais pas de quoi nous arrêter. C’est tant mieux, car cette période est très chargée. Tout est mis en œuvre pour satisfaire un maximum de clients, nombre d’hectares ont par exemple été moissonnés la nuit. Début juillet, en l’espace de trois nuits, je n’ai dormi que six heures, c’était notre pic d’activités ! Malgré tout, il nous est impossible d’être partout à la fois et ça, nos clients les plus fidèles le comprennent bien. Merci à eux ! ».

« Papa, on lance une ETA ?»

D’une simple discussion entre un père et son fils peuvent naître de beaux projets. La création de l’ETA de la Gravelle en est un parfait exemple, comme le retrace Clément Guichot : « J’ai toujours été passionné par les machines agricoles, à force d’en croiser dans notre campagne. L’année de mes 14 ans, j’ai dit à mon père qu’il serait bien de se lancer dans une entreprise de travaux agricoles, car il y avait déjà de la demande sur le terrain. Il a fini par m’écouter et cela s’est concrétisé par l’achat d’une première moissonneuse. Nous en avions déjà une à l’époque car nous avons 20 ha de champs, mais celle-ci était bien trop ancienne pour faire quelque chose de correct ». Joël Guichot a conservé son métier d’agent autoroutier, tout en développant l’entreprise. « Je l’ai rejoint en 2020 à la fin de mes études. J’ai même écourté mon BTS Acse à la MFR de Liernais et de Pouilly tellement j’avais envie de travailler », ajoute Clément Guichot, « l’ETA compte aujourd’hui deux moissonneuses, trois tracteurs et tous les équipements nécessaires pour semer, récolter et déchaumer. Nous récoltons tout sauf du maïs, mais nous allons sans doute combler cette lacune à court ou moyen terme. Nous sommes également équipés pour broyer les haies. L’ETA peut intervenir dans un périmètre de 100 km aux alentours de Châtellenot : nous étudions toute proposition. L’an passé, nous avons d’ailleurs assuré des moissons dans l’Yonne ». Contact : 06 87 94 46 52.