Association Avenir Territoire Élevage
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Chloé Monget
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Le 18 janvier à Corbigny, l'association Avenir Territoire Élevage tenait une assemblée générale afin de déterminer son futur. 

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L'association Avenir Territoire Élevage a été clôturée le 18 janvier à Corbigny.

« Nous devons nous réinventer afin de répondre aux enjeux qui se sont modifiés au fil des années » pointe Romaric Gobillot, président de l’association Avenir Territoire Élevage (ATE) lors de l’assemblée générale du 18 janvier à Corbigny. Pour rappel, ce rendez-vous avait été organisé afin de déterminer si l’association devait être dissoute ou non.

Afin de comprendre cela, Romaric Gobillot détaille : « L’association a été créée en mars 2018 suite à l’annonce officielle, en décembre 2017, de Sicarev de laisser l’abattoir de Corbigny à d’autres mains. Cette volonté avait été suivie par des appels à candidatures pour la reprise qui n’avaient pas trouvé de repreneur potentiel – avant les actions de l’association ».

Chronologie d’un engagement

Une fois l’association créée, différentes actions ont été mises en place en plus des nombreuses formations des adhérents pour comprendre le fonctionnement d’un abattoir. Dans les grandes lignes, ATE rencontre Ludovic Pacard (directeur adjoint de Sicarev de l’époque) en avril 2018 lors de laquelle il réaffirme sa volonté de désengagement de l’abattoir. Le même mois, un rendez-vous avec la DDCSPP permet d’établir que l’abattoir est aux normes. En mai, Guillaume Pham (Viandes Lafrance - anciennement Abattoir Louis Lafrance & Fils (1) ) vient visiter l’abattoir avec ATE et, il montre son intérêt pour une éventuelle reprise. En partenariat avec la Communauté de Communes, la chambre d’agriculture de la Nièvre et le cabinet Gressard, une note d’orientation est établie. En janvier 2019, cette dernière est transmise à Monsieur Pham. S’ensuit des mois d’attente pour avoir un rendez-vous avec les représentants politiques locaux, et, au fil du temps, des nouveaux montants à payer sont annoncés par le cabinet – non prévus dans la note d’orientation de départ. Guillaume Pham se retire du projet en février 2019. En 2021, ATE rencontre le directeur de l’abattoir d’Autun à l’époque, Louis-Bertrand Jeannerod (propriétaire de l’atelier de coupe de Luzy « Nature et régions »). Celui-ci montre sa volonté de reprise mais sur les 1 600 000 euros de travaux, seul 1 million lui était accordé par aides ou prêt. Le restant devait donc être financé de sa poche. Romaric Gobillot pointe : « Il devait prendre un énorme risque en mettant ses biens personnels en jeu notamment… Il n’a donc pas donné suite, ce que l’on peut comprendre. Outre cela, la reprise du personnel était obligatoire dans le projet, et il ne souhaitait pas les impliquer dans un chemin incertain ». Après ces événements, ATE se détache peu à peu. Durant les échanges du 18 janvier, les membres de l’ATE ont souligné le grand professionnalisme des anciens employés de l’abattoir (aujourd’hui fermé), et on émit leur regret face à « la lenteur des envies de chacun à faire avancer la reprise qui a inévitablement mené à une regrettable fermeture ».

Un lien trop étroit

Romaric Gobillot regrette : « Jamais nous n’avons été contactés par les actuels porteurs du projet pour l’abattoir de Corbigny. Nous déplorons cela car nous aurions été ravis de pouvoir aider en cas de besoin ». Intimement liée à l’abattoir de Corbigny, ATE est, toujours selon Romaric Gobillot, « trop restreinte juridiquement pour porter d’autres sujets ». Parmi ces derniers, il évoque notamment la volonté des éleveurs de fournir l’abattoir de Cosne notamment : « le but d’ATE était de soutenir un outil de territoire. Aujourd’hui, les travaux de rénovation de Corbigny suivent leurs cours. Nous voulons pouvoir épauler, par notre engagement, d’autres outils ». Ainsi, la clôture de l’association a été actée avec l’accord de tous les membres présents – ainsi que ceux ayant donné pouvoir. Les 360 euros restants sur le compte de l’association seront versés (sur facture) à la section bovine de la FDSEA 58 afin de clôturer l’association tout en ayant à l’esprit de : « soutenir la section bovine de la Nièvre ». Enfin, tous sont d’accord : « L’avenir est porteur de nouvelles opportunités, et, par la création d’une nouvelle association ou par notre engagement individuel, nous serons là pour promouvoir notre territoire et faire rayonner l’élevage nivernais ».

Note : (1) https://chaireentreprisefamiliale.hec.ca/viandes-lafrance/