Élevage laitier
Tel père, tel fils, tel oncle !

AG
-

Jean-David Chevallier vient de rejoindre son père Christian et son oncle Dominique sur la ferme familiale à Mauvilly, dans le Châtillonnais.

Tel père, tel fils, tel oncle !
L'éleveur de 33 ans était responsable de l'atelier laitier à l'exploitation du lycée agricole de Fontaines.

Certains ne reprennent pas la « boutique » de leurs parents, d’autres reviennent mais décident d’arrêter le lait. Pour Jean-David Chevallier, rien de tout ça : travailler sur la ferme familiale avec ses vaches Brunes « allait de soi ». Le « projet » était ancré dans un coin de sa tête depuis très longtemps. Son installation est effective depuis le mois de janvier, son arrivée coïncide avec le départ en retraite de Colette Colas. Le Gaec Chevallier de Mauvilly maintient ainsi son effectif de trois associés : « Ce sera encore le cas dans deux ans quand mon père partira à son tour en retraite. Mathieu, mon cousin, assurera la relève », indique Jean-David Chevallier.

Retour du 71

Le jeune Côte-d’orien a mis « un peu plus de temps que prévu » pour endosser le costume d’associé : « je travaillais depuis 2010 sur l’exploitation du lycée agricole de Fontaines, en Saône-et-Loire, là où j’avais obtenu mon BTS Productions animales. Lors de mon entretien d’embauche, j’avais prévenu d’emblée que j’allais revenir un jour à Mauvilly… Mieux vaut tard que jamais ! Le hasard de la vie a fait que j’ai rencontré ma compagne à Fontaines, mon passage là-bas s’est quelque peu prolongé. Avec le départ de Colette Colas, l’occasion était venue pour moi, il était temps de revenir ici ». Jean-David Chevallier et Amélie envisageaient, un temps, de créer un atelier de transformation sur la ferme : « nous étions sensibilisés à cette activité par rapport à ce que nous avions vu à Fontaines. Des fromages à Mauvilly : c’était une idée qui aurait peut-être permis une double installation. Ce projet a finalement été mis de côté, au moins temporairement. Amélie continue de travailler à côté ». La meilleure conjoncture agricole n’a pas motivé davantage l’installation du jeune éleveur : « je serais revenu quoiqu’il arrive. J’ai toujours été très optimiste sur l’avenir de l’agriculture… Nous aurons toujours besoin de manger, il faudra toujours des paysans sur nos territoires ! C’est la raison pour laquelle j’invite les jeunes à s’installer, qu’ils soient du milieu agricole ou hors cadre familiaux. Beaucoup d’opportunités seront à saisir avec les nombreux départs en retraite qui se profilent ces prochaines années ».

À la pointe génétique

Le troupeau est composé de 110 vaches laitières, avec une production d’un peu plus de 800 000 litres, collectés par Eurial. Le Gaec Chevallier est notamment connu pour sa sélection génétique et sa vente de reproducteurs. Des participations à des concours sont régulières, les Côte-d’oriens répondront une nouvelle fois présent aux prochaines Journées châtillonnaises, les 3 et 4 juin. « C’est un moment incontournable pour la race Brune », souligne Jean-David Chevallier, « ce rendez-vous est très convivial et permet aux éleveurs de se retrouver. Notre exploitation a vendu beaucoup de reproducteurs dans le passé : sa présence et son exposition sur un tel événement ont forcément joué un rôle important. Pour cette nouvelle édition, nous ne savons pas encore exactement quels animaux nous emmèneront. Il devrait y avoir une de nos génisses à la vente aux enchères ».

Attention à l’effet ciseaux

Interrogé sur la conjoncture, Jean-David Chevallier reconnaît volontiers une nette amélioration mais reste « très vigilant » sur la suite des événements : « il faut faire attention à l’effet ciseaux. En effet, les cours des grandes cultures sont encore favorables mais ont nettement baissé. Dans le même temps, nous continuons de travailler avec un niveau de charges très élevé, je pense notamment aux intrants. Pour le lait, le prix de base affiche aujourd’hui 435 euros les 1 000 litres, c’est beaucoup mieux qu’un temps, mais toutes les charges ont augmenté là aussi, avec par exemple l’aliment concentré qui s’est envolé de près de 40 %. Sur la ferme, l’autonomie fourragère et protéique est travaillée depuis plusieurs années : c’est tant mieux, cela nous permet de limiter les dépenses ». Malgré son optimisme certain, le nouvel installé a bien conscience des nouveaux enjeux du monde agricole : « nous devons nous adapter au mieux au changement climatique et aux nouvelles attentes sociétales. Cette mutation a bien sûr déjà commencé, mais cela est loin d’être terminé… Mieux vaut aller de l’avant et ne pas rester sur ses acquis. Dans notre cas, nous sommes passés à une agriculture de conservation des sols avec semis direct depuis 2020. L’adaptation dans notre zone intermédiaire est essentielle mais pas toujours facile, nous devons sans cesse aller chercher de l’information par nos propres moyens ».

 

2eme photo
Dominique, Jean-David et Christian Chevallier, autour de Récréation, leur génisse ayant participé au dernier concours miss BGS à Paris.