Salon de l'agriculture
Tout évolue, tout se transforme
Le Gaec Roubé-Fayet participera au Salon de l'agriculture à Paris. Après de multiples sélections, Mickaël Roubé et Dimitri Fayet analysent les évolutions de cet événement si particulier.
« Depuis la création du Gaec, en 1995, nous sommes allés au Salon de l’agriculture à Paris une bonne vingtaine de fois. Si nous sommes un peu habitués, cela reste un moment unique et une consécration pour notre travail » détaille humblement Michaël Roubé, associé du Gaec Roubé-Fayet avec Dimitri Fayet. Pour rappel, le Gaec était au départ constitué d’une association père-fils, puis s’est modifié avec l’arrivée de Dimitri, il y a sept ans. Ainsi, ils feront le déplacement jusqu’à la capitale avec Praline (vache Charolaise de 4 ans) suitée par Unestar.
Reconnaissance
« L’effectif est restreint pour toutes les races, c’est donc une fierté et un honneur d’avoir été sélectionnés pour représenter le Charolais ainsi que le département de la Nièvre dans la « ferme France » à Paris. Je pense que c’est important de s’y rendre, car nous donnons de la visibilité à notre territoire et à notre profession. En effet, le salon est très médiatisé auprès du grand public et il faut s’en servir. Cela étant, il est dommage que cette médiatisation ne se fasse pas tout au long de l’année afin de faire mieux connaître nos pratiques, que ce soit en matière de protection de l’environnement ou encore de bien-être animal ». Au fur et à mesure des années de sélection, Michaël Roubé constate des changements, pas toujours heureux.
Métamorphose
« Plus nous avançons, moins le public connaît les animaux et la nature de manière générale. Parfois, ils ne savent pas reconnaître une vache d’un taureau ou d’un mouton… C’est comme si l’écart entre les citadins et les ruraux s’était creusé pour devenir un véritable abîme. Ce dernier s’explique peut-être par l’émergence de groupes très tranchants à l’égard de tous les exploitants agricoles ou par la surmédiatisation de certaines affaires - qui ne sont pas représentatives de nos pratiques – brouillant ainsi complètement la réalité. Ceci dit, sur le Salon, l’ambiance est positive, car les visiteurs font déjà l’effort de venir et posent des questions – prouvant qu’ils s’intéressent ». Même s’il apprécie les contacts avec les profanes, cet afflux a engendré, selon lui, une autre modification. « Dans les débuts, nous pouvions faire du commerce sur place car les éleveurs/acheteurs faisaient le déplacement au Salon. Mais, ce lien s’est effiloché et depuis il n’y en a presque plus. Cela étant, la renommée du Salon est internationale et une qualification au concours nous apporte une grande visibilité auprès d’une clientèle étrangère ; nous offrant donc forcément des retombées économiques intéressantes sur nos fermes. Mais, je regrette un peu que ce Salon ne soit pas resté un peu plus professionnel à l’image de ce que propose celui de Cournon qui est le top du top pour la profession actuellement ».
À changer
Ainsi, si certains points ont pu changer, il y en a un qui, lui, reste immuable, et devrait, toujours selon Mickaël Roubé, évoluer : la date. « La période choisie n’est pas opportune puisqu’elle tombe durant les vêlages et les agnelages empêchant certains éleveurs de venir, alors qu’ils mériteraient, parfois, de participer. De même, les frais à engager pour venir au Salon sont de plus en plus importants (logements, carburant, restauration, etc.). Là encore, tout le monde n’a pas la chance de mobiliser ces fonds, alors que leur travail mériterait d’être mis en lumière. Pour notre part, nous remercions d’ailleurs le Conseil départemental qui a pris en charge l’an dernier, et espérons cette année aussi, le coût du transport des animaux. Pour plus de simplicité, les éleveurs nivernais sélectionnés se sont regroupés pour qu’il n’y ait qu’un seul camion (mis à disposition par les transports nivernais Rollin). La recherche de solution et l’engagement des participants prouvent que nous sommes motivés à faire connaître nos animaux, notre métier, notre passion, notre vie ». Même si l’affect est important, Mickaël Roubé reconnaît que d’autres variables, moins sentimentales, régissent la profession comme la demande des consommateurs.
Un standard qui s’adapte
« Notre travail prend un sens si nous réussissons à anticiper la demande de nos clients. Cette dernière évolue et depuis quelques années, c’est la simplicité qui prime. Cette requête s’explique notamment par l’agrandissement des exploitations – pour garantir un revenu – et des chefs d’exploitations seuls à la tête de l’entreprise. Ces paramètres engendrent un besoin de réduction des interventions des interventions (césariennes, etc.), de manière à pouvoir tout gérer seul ou plus facilement. Le travail génétique est donc là pour nous aider à affiner les plans d’accouplements (en naturel ou en IA) afin que les animaux se débrouillent un maximum – cela ne veut pas du tout dire qu’il n’y a pas surveillance ! En plus de cela, pour les concours, nous devons travailler sur les standards de la race, qui eux aussi se modifient. En effet, il n’y a rien de plus subjectif qu’un jugement morphologique, mais depuis quelques années, ce n’est plus la course au poids qui prime, puisqu’il y a eu des excès, mais bien l’harmonie de l’animal ». Il conclut : « Je pense qu’il est de notre devoir de détailler au maximum, tout au long de l’année, ces points afin de mettre en évidence la complexité de notre métier mais aussi notre attachement à nos animaux afin qu’il y ait une meilleure compréhension de l’élevage. Le Salon de l’agriculture dure une semaine, mais c’est bien le travail de toute une vie, voire plusieurs, qui est à exposer ; rendant l’exercice encore plus complexe ».
Le Gaec Roubé-Fayet
Le Gaec s'étend sur 340 ha dont 41 ha en cultures (blé, maïs, trèfle, métail) principalement dédiés à la nourriture du cheptel. Ce dernier est constitué de 235 vêlages. Le Gaec est aussi engagé dans le groupement Eleveurs Engagés, rassemblant 13 éleveurs pour fournir le Leclerc de Coulanges en viande bovine (voir TDB n° 1704 p.18).