Syndicalisme
Sa pierre à l'édifice

AG
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Gérard Berthaut a présidé le canton FDSEA de Saulieu-Liernais durant 25 ans. L'éleveur revient sur cette belle expérience.

Sa pierre à l'édifice
Gérard Berthaut a passé la main le mois dernier à l'issue de l'assemblée générale de son canton.

Il n’est pas connu comme le loup blanc, mais presque. Dans les manifestations, il était souvent aux avant-postes et le porte-voix était pour lui, de par sa fonction de secrétaire général FDSEA21. À Saulieu, là, où il élève 90 vaches charolaises, on ne le présente plus. Depuis son installation il y a près de 40 ans, Gérard Berthaut s’est toujours impliqué dans le syndicalisme et s’est constamment porté volontaire pour défendre l’élevage : « Ici à Saulieu, nous sommes un peu loin de tout et notamment de Dijon. Il est très important que notre canton soit représenté au niveau départemental, pour que notre métier soit entendu et défendu ». Le 12 janvier, lors de l’assemblée cantonale FDSEA de Saulieu-Liernais, le président a transmis le « flambeau » à Florent Guyomard, éleveur à Censerey : « c’était le bon moment de passer la main, sachant que je voulais arrêter avant mon départ en retraite qui aura lieu dans deux, trois ou quatre ans. Et surtout : je sentais que des jeunes étaient prêts pour la relève. Je pense à Florent, mais aussi à Sylvain Fleury et Jérôme Cap, qui préside déjà la commission bovins viande de la FDSEA. Nous avons là un trio très intéressant, dynamique et motivé. C’est très bien ».

70 manifestations ?

Gérard Berthaut n’a pas compté le nombre de manifestations auxquelles il a participé : « je ne sais pas du tout, je dirais peut-être aux environs de 70. Celle qui m’a le plus marqué ? Il y en a plusieurs. Celle qui me vient à l’esprit, là, maintenant, est peut-être celle de Paris en 1992, quand Raymond Lacombe présidait la FNSEA. Nous demandions des améliorations pour la toute première Pac qui se profilait. Un défilé était prévu dans la capitale mais finalement, nous n’avions pas bougé d’un seul centimètre tellement la foule était dense ! C’est un souvenir qui m’a marqué. Toujours en manifestations, nous nous sommes rendus à Bruxelles, Strasbourg… À Dijon, je me souviens notamment d’une sortie sur la thématique de l’équarrissage. Nous avions badigeonné la préfecture, j’avais même passé une nuit au commissariat… ». Le syndicalisme JA-FDSEA a toujours été « dans la peau » de Gérard Berthaut : « je ne sais pas ce que serait l’agriculture aujourd’hui si celle-ci n’avait pas été défendue par tous ces hommes et ces femmes pendant ces décennies. Nos actions ont toujours un seul but : défendre l’intérêt de tous les agriculteurs. Certes, il n’est pas toujours facile de faire bouger les lignes, mais nous y arrivons dans un certain nombre de cas. J’ai une certitude depuis longtemps : ce n’est pas en restant dans sa ferme que l’on obtient quelque chose. À ce titre, nous avons besoin d’un syndicalisme fort pour avancer, encore plus fort que celui d’aujourd’hui ».

Quelques bémols

Gérard Berthaut regrette que certains dossiers n’aient pas avancé assez vite à son goût : « le premier qui me vient à l’esprit concerne la sur-administration de l’agriculture française. Sur ce point, nous nous avons même reculé… C’est incroyable, nous sommes contrôlés et surveillés sur tout, dans tous les sens du terme. Il y a de plus en plus de paperasse dans nos métiers. La fiscalité est aussi trop élevée. Cette sur-administration a un coût : il faut faire vivre ce beau monde, tous ces gratte-papier… Et ce sont les producteurs qui doivent les payer ». L’un de plus grand regrets de l’ancien président concerne l’économie : « nous n’arrivons toujours pas à rémunérer l’agriculture, en particulier le monde de l’élevage, à sa juste valeur. Certes, la hausse des cours nous fait du bien mais les charges ont un niveau inédit elles aussi. Le GNR a doublé mais ça, personne n’en parle. Les engrais et tout le reste, c’est pareil. L’année 2022 a été meilleure que les précédents exercices, mais nous étions tellement bas que nous ne pouvions que mieux faire. Au niveau économique, le compte n’y est toujours pas ».

Encouragement à s’engager

L’ancien président cantonal dresse malgré tout un bilan très positif de son expérience syndicale : « elle a été très riche sur le plan humain, j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec toutes les personnes que j’ai côtoyées, dont le personnel de la FDSEA. J’ai eu des discussions très franches avec des agriculteurs qui n’étaient pas forcément d’accord avec moi, mais cela n’a jamais impacté nos relations. Assurer la présidence du canton a été très instructif et enrichissant, nous apprenons beaucoup de choses. J’encourage d’ailleurs les jeunes à s’engager au sein de notre syndicat ». Gérard Berthaut a vécu le plus beau moment de son parcours syndical lorsqu’il était à la tête des JA21 : « nous avions organisé la fête départementale à Saulieu, et plus précisément dans mon hameau de Vrilly, en 1997. Tout s’était très bien passé, avec en plus une belle météo. Il s’agit de mon plus beau souvenir, c’est certain ».