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« De la poussière à la boue »

AG
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Un agriculteur de La Rochepot, en Côte-d’Or, revient sur les fortes pluies du moment et leurs conséquences sur son exploitation.

« De la poussière à la boue »
Nicolas Mazilly n'avait toujours rien semé dans ses champs à la mi-novembre. Ses vaches devraient rejoindre les bâtiments avec plus d'un mois d'avance.

Elle était attendue avec impatience, mais certainement pas dans de telles proportions. La pluie fait beaucoup « causer », en ce moment en agriculture, et pas toujours en bien. En seulement trois semaines, la barre des 200 mm a déjà été dépassée chez Nicolas Mazilly, agriculteur à La Rochepot. Cet exploitant de 47 ans, à l’image de bien d’autres professionnels, est impacté par ces intempéries incessantes : « Le retour des précipitations était urgent, cela va sans dire. La nature, dans tout son ensemble, avait besoin d’eau. L’abreuvement et l’affouragement faisaient partie du quotidien depuis fin juillet, ça commençait à faire long : heureusement que les stocks avaient été reconstitués. Ceci étant dit, nous ne demandions pas tant d’eau… ».

Des semis en attente

Nicolas Mazilly, basé dans le hameau de Flagny, s’apprêtait à débuter les semis quand la pluie est arrivée : « tout était prêt ou presque, mais nous sommes passés de la poussière à la boue en l’espace de quelques jours et rien n’a été fait ». À la date du 13 novembre, aucun de ses 60 ha de grandes cultures n’était encore semé : « c’est la première fois que cela m’arrive… Généralement, je sème vers la fin du mois d’octobre. La pluie ne m’a pas fait peur au début, car les champs étaient très secs et je me disais qu’il y avait de la marge avant qu’ils ne deviennent inaccessibles… J’attendais une éclaircie pour semer de l’orge, du blé, du triticale et de l’avoine, mais cette éclaircie n’est jamais venue. Cette eau en forte quantité empêche toute action pour le moment. Les terres ressemblent à de la pâte à modeler ! Et même s’il s’arrête de pleuvoir, il va falloir attendre un petit moment avant d’accéder aux parcelles. C’est la misère ! ». L’agriculteur garde encore un petit espoir pour semer cette année : « je pense qu’il est possible d’intervenir jusqu’au 15 décembre, nos anciens disaient même qu’on pouvait le faire jusqu’à Noël… Si cela ne se fait pas, il faudra se rabattre sur des cultures de printemps ».

Quoi, à la place ?

Il y a un an déjà, Nicolas Mazilly avait été dans l’incapacité de semer sa dernière parcelle de blé : « de l’orge de printemps avait pris sa place début février. Au final, le résultat avait été meilleur que l’orge d’hiver, et avec moins de frais. Si rien n’est possible avant l’hiver, je sèmerai peut-être du tournesol dans certaines parcelles. Je ferai également du maïs, pour l’engraissement de mes bovins. Et pourquoi pas tenter du blé de printemps pour la toute première fois ? Je verrai avec mon technicien. Il s’en est déjà fait dans le secteur. Après, il faut avoir une bonne année derrière pour avoir une récolte correcte… Nous n’en sommes pas encore à ce stade : si ça se trouve, je pourrai semer au moment où je m’y attends le moins ! ».

On rentre bientôt

Le troupeau de 85 vaches charolaises de Nicolas Mazilly n’est guère mieux loti avec ces fortes pluies : « les animaux avaient déjà souffert pendant des mois à cause des manques d’herbe et d’eau et voilà que, du jour au lendemain, ils se retrouvent les pieds dans l’eau. Par chance, les prés sont porteurs et sains, mais cela ne va pas continuer bien longtemps si ce temps persiste ! À ce rythme, les prairies vont vite se dégrader… Les animaux commencent à fatiguer et ne sont pas bien, cela se voit depuis plusieurs jours. Si rien ne change, tous les bovins seront rentrés à la fin novembre. D’ordinaire, je les rentre vers Noël, sachant que mes vêlages se déroulent en février ».