Eau potable
Un avenir à fluidifier

Chloé Monget
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Pour faire suite au « Plan départemental pour la ressource en eau », le Conseil départemental organisait une réunion d’échanges le 30 mai, entre les divers acteurs privés et publics du territoire.

Un avenir à fluidifier
Les débats riches ont été menés par Blandine Delaporte, première vice-présidente en charge de la transition écologique au sein du Conseil départemental de la Nièvre.

À l’initiative de Fabien Bazin, président du Conseil départemental de la Nièvre, et de Blandine Delaporte, première vice-présidente en charge de la transition éécologique, une réunion était proposée le 30 mai afin d’aborder l’alimentation en eau potable. S’inscrivant dans le « Plan départemental pour la ressource en eau », ces échanges réunirent les acteurs privés et publics autour de divers sujets : état des lieux de l’alimentation en eau potable dans la Nièvre, ciblage des soutiens proposés par les Agences de l’eau et réflexion à la mise en œuvre d’un plan d’action commun.

Portrait

Blandine Delaporte insiste : « L’eau est un enjeu d’aujourd’hui et de demain. En effet, l’adage dit « Nièvre, vert pays des eaux vives » mais il semble que cela ne soit plus si vrai surtout avec les sécheresses de plus en plus arides et longues, et ce depuis 2019 pour notre département. Ce contexte a enclenché une grande vigilance d’autant plus avec le prochain transfert de la compétence « Eau » des communes aux communautés de communes d’ici le 1er janvier 2026. Nous devons donc trouver des solutions pour continuer à partager équitablement et avec raison cette ressource qui semble s’amenuiser ». Après son intervention, le portrait de la ressource en eau et plus particulièrement du réseau en eau potable a été dépeint par François Thomas, chef du service Eau du Conseil départemental. Ainsi, les cartes se sont succédé présentant le nombre de captages, de stations de traitement, de réservoirs, d’abonnés, les divers types de sols, les organismes de gestion, le rendement des réseaux, types de conduits (fonte, ciment, PVC, etc.), la qualité de l’eau, son prix… pour in fine faire surgir un dénominateur commun : la grande disparité pour l’intégralité de ces données dans le territoire nivernais. « Rien n’est identique ! Tout cela complexifie la gestion du réseau d’eau potable dans la Nièvre » affirme François Thomas avant de donner la parole à Laure Athenes, cheffe de service à la direction territoriale Seine Amont de l’Agence de l’eau Seine Normandie, et à Peggy Vogt, responsable du service « collectivités et industrie » de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, délégation Allier Loire Amont.

Blocage sur le réseau

Ces dernières ont présenté les différents leviers possibles, notamment financiers, que les Agences de l’eau mettent en place pour permettre aux gestionnaires d’entretenir ou de rénover les réseaux. Malgré des enveloppes disponibles, un obstacle a été mis en évidence : les chances de les obtenir sont plus fortes si le rendement d’un réseau est bon… La salle, remplie donc des acteurs privés et publics, s’est insurgée : « Il faut donc avoir déjà un bon réseau pour pouvoir le rénover ; preuve que ceux qui en ont le plus besoin sont mis de côté une nouvelle fois » et de renchérir : « Les communautés de communes ne peuvent pas assurer toutes leurs compétences, et une de plus va se rajouter en 2026 ! Comment faire sans l’aide de l’État ? ». Pour que les budgets soient répartis différemment, l’importance des Schéma directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) a été rappelé par Mme Athenes et Mme Vogt : « Ils permettent de cibler les investissements à faire. De plus, face à des situations inégales, il est intéressant de les mettre en commun afin de classer les territoires ayant du mal à financer des rénovations ou des travaux afin de répartir les financements autrement, à grande échelle ». Les interconnexions ont également été suggérées comme une diversification des sources d’approvisionnement et donc une solution en cas de tension sur le réseau – tout en évitant la création de nouveaux captages. La hausse du prix de l’eau sur tout le territoire a également été invoquée comme un levier envisageable et la salle de rétorquer : « déjà que certains abonnés ne payent pas leurs factures, en les augmentant, les impayés seront d’autant plus grands ; ça ne résout donc rien ». Pour clore les débats, il a été convenu qu’une réflexion sur la mise en commun (et donc la réduction) des gestionnaires devrait déjà être envisagée afin de simplifier et fluidifier la prise en main du réseau. Blandine Delaporte conclut qu’il faut aussi ouvrir les frontières et travailler avec ses voisins en bonne intelligence : « la ressource concerne tout le monde, à nous de la préserver tout en la partageant correctement » avant de rappeler l’étude en cours de réalisation (1), dans le cadre du « Schéma départemental eau potable » adopté en 2019. Pour Blandine Deplaporte, cette étude « servira à connaître précisément la ressource en eau disponible – principalement en sous-sol ». Avec un nouvel arrêté cadre sécheresse établie par les services de l’État, revoyant des seuils de vigilance pour certains cours d’eau, l’eau n’a pas fini de faire parler d’elle dans le département.

(1) Voir étude « l’Hydrologie, les Milieux, les Usages et le Climat » ou HMUC, ciblée sur le territoire des calcaires du Nivernais – donc hors sol granitique du Morvan.

https://nievre.fr/wp-content/uploads/2023/03/NEWSLETTER-7-AQUA-NIEVRE.pdf

En chiffre

Le réseau Nivernais c’est :

- 7 900 km de réseau

- 17 et 18 millions de m3 annuel prélevés avec un volume vendu aux habitants d’environ 13 millions de m3 par an.

- 319 points de captages

- 223 stations de pompages

- 347 réservoirs

- 80 collectivités publiques environ assurant la gestion de la distribution en eau potable (Syndicats intercommunaux, communauté d’agglomération, communes, associations).

- 2 euros environ de variation pour le prix du m3 d’eau dans la Nièvre en fonction des territoires.