Zones défavorisées simples
Le ridicule tue l'ICHN

AG
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Le Côte-d'orien Laurent Brocard, éleveur à Chaudenay-le-Château, apporte son témoignage sur l’indemnité compensatoire de handicaps naturels qu'il ne perçoit plus depuis un an.

Le ridicule tue l'ICHN
Le siège social et près des trois quarts de la surface de l’exploitation sont situés en ZDS. Mais l'aide n'est toujours pas d'actualité.

Il ne sait pas s’il doit en rire ou en pleurer. Concerné par la révision des Zones défavorisées simples, Laurent Brocard ne touche plus l’ICHN depuis 2023. « La baisse avait été amorcée dès 2020, avec une diminution progressive des versements. Depuis la dernière campagne, mon exploitation ne perçoit plus rien. La somme représentait 8 000 euros à l’année. Pour rappel, la présence de vignes à plusieurs kilomètres d’ici faussait les calculs des revenus agricoles », indique l’éleveur de 80 vaches allaitantes.

Et pourtant

Terres de Bourgogne l’a relayé plusieurs fois dans ses colonnes : après un rude combat syndical mené par la FDSEA21, la réintégration en ZDS de 18 communes a été prononcée en fin d’année 2021. De nombreux éleveurs côte-d’oriens ont de nouveau perçu l’ICHN, y compris toutes les sommes non réglées depuis 2020. Le village de Laurent Brocard n’est jamais sorti des ZDS, mais le son « problème » n’est pas résolu pour autant : « j’exploite 61 ha sur la commune de voisine de Crugey, qui n’a pas été réintégrée en ZDS, tout comme Veuvey. Personne ne sait pourquoi la situation de ces deux villages n’a pas bougé, toutes les communes aux alentours sont pourtant de nouveau en zones défavorisées simples… Il est impossible d’avoir la moindre explication sur le sujet. Il n’y a pourtant pas de vignoble là-bas, les terres sont pauvres et en pentes, comme l’exigent les critères des ZDS. Personne, y compris les politiques, ne trouve cette situation normale, mais rien ne bouge ».

Des réflexions

Pour percevoir l’ICHN, Laurent Brocard doit avoir au moins 80 % de sa surface sur une commune classée en ZDS : « je suis actuellement à 72 %. Alors, je fais des simulations… Si j’avais 20 ha en moins à Crugey, je dépasserais ce seuil de 80 % et tout serait ok. J’en suis même à me demander s’il ne faut pas délaisser ces terres… Avoir ce type de réflexion est ridicule, mais on en est là… Dois-je vraiment les abandonner ? Ce ne serait peut-être pas la meilleure des solutions, car mon fils Baptiste, actuellement en BTS Acse à Pouilly-en-Auxois, envisage de s’installer en 2025 ou 2026. Il serait dommage de ne plus avoir ces 20 ha, surtout que nous n’aurons pas assez de terres à deux… D’un autre côté, c’est certain : nous ne pourrons pas nous passer de deux ICHN quand il sera là ! ». Trouver de la surface supplémentaire sur une commune classée ZDS permettrait à l’exploitation d’attendre ce seuil de 80 % : « c’est une autre solution et sans doute la meilleure, notamment pour la nourriture du cheptel. Dans tous les cas, nous marchons vraiment sur la tête : le slogan des jeunes agriculteurs est parfaitement illustré ici… Il n’y a aucune logique ».