Productions céréalières
Quand l'instabilité devient la règle
Second volet des résultats de l'étude Fermoscopie menée par Cerfrance, consacré, cette fois-ci aux productions céréalières. Au-delà des mauvais résultats de 2024, c'est l'instabilité de leur contexte de travail que les exploitants doivent intégrer à leur fonctionnement normal.
La dernière présentation des résultats économiques des exploitations agricoles de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) réalisée par Cerfrance (1) apporte une vision sur une double échelle : en fonction, logiquement, des résultats observés en 2024, mais aussi en prenant en compte un temps plus long permettant d'évaluer les performances des exploitations sur les six dernières années. Celles-ci n'ont pas été avares d'aléas climatiques, sanitaires, économiques ou géopolitiques et offrent, de ce fait, un bon terrain d'observation de la capacité de résilience des différents modèles économiques.
L'impact de la connexion aux marchés mondiaux
Après l'élevage allaitant (voir Terres de Bourgogne N° 1809), nous nous intéressons cette semaine aux productions céréalières. Dans le schéma d'observation sur le moyen terme de la résistance des fermes, les exploitations céréalières de BFC apparaissent comme celles ayant le plus subit des attaques sur leurs performances économiques, depuis 2019. Chez Cerfrance, on explique cela par le fait que les céréaliers stockent très peu, sont très connectés aux marchés mondiaux (que ce soit sur les prix des céréales ou sur ceux de l'énergie) et que leurs systèmes faiblement autonomes les rendent très dépendants des approvisionnements extérieurs. Si vous ajoutez à cela une configuration de récolte 2024 passablement catastrophique, vous obtenez un paysage où l'enthousiasme n'est pas l'attitude qui prévaut le plus… Les systèmes céréaliers régionaux se caractérisent par de grandes fluctuations dans les rendements « mais avec une baisse tendancielle depuis 2010 », note toutefois Sandrine Nacht (Cerfrance BFC). Pour son analyse, Cerfrance a pris en compte deux configurations d'exploitation : en plaines et sur plateaux. Ces systèmes doivent composer, depuis 2022, avec des prix d'engrais supérieurs aux prix du blé tendre, ce qui ne s'était quasiment jamais produit depuis 2010. En 2023, l'effet ciseaux tant redouté entre les charges totales et le revenu par Utaf s'est malheureusement concrétisé, de manière plus forte en plateaux qu'en plaines.
Marges très volatiles
Dans chacune des configurations, la progression des charges liées aux engrais est le fait marquant depuis 2021, au même titre que les charges de mécanisation, dont l'évolution à la hausse est quand même moins spectaculaire. Ce qui caractérise les productions céréalières régionales depuis 2019, c'est une volatilité grandissante des marges, très élevées en 2022 et inexistante l'année suivante. Ces marges sont vraiment l'élément qui détermine les variations importantes d'Excédent brut d'exploitation (EBE) observées sur le secteur ces dernières années. Savoir anticiper l'instabilité et épargner au maximum vont donc devenir les axes structurants pour les exploitants céréaliers à l'avenir. Quoi qu'il en soit, les prévisions de Cerfrance révèlent, des résultats courants/Utaf en baisse par rapport à 2023, en particulier en plaines.
Note (1) Étude Fermoscopie due au travail conjoint de Cerfrance BFC (Yonne, Côte-d'Or, Haute-Saône, Territoire de Belfort) Cerfrance Alliance Comtoise (Doubs et Jura) et Cerfrance Saône-et-Loire.