MSA
ITV directeur général de la MSA

Propos recueillis par Berty Robert
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À l’occasion de sa venue à Beaune, en Côte-d’Or, pour l’assemblée générale de la MSA Bourgogne, nous avons interviewé François-Emmanuel Blanc, directeur général de la Caisse centrale de la MSA. Il insiste notamment sur le rôle élargi de l’organisme en termes de dynamisation des territoires ruraux.

ITV directeur général de la MSA
François-Emmanuel Blanc était à Beaune, le 15 avril, à l'occasion de l'assemblée générale de la MSA Bourgogne.

Directeur général de la caisse centrale de la MSA depuis octobre 2018, François-Emmanuel Blanc est revenu sur les sujets d’actualité et les évolutions auxquels l’organisme de protection social est confronté.

Quel est, pour vous, l’intérêt de vous déplacer en région ?

François-Emmanuel Blanc : "Nous sommes les héritiers des principes initiaux de la protection sociale, et parmi ces principes, on trouve la gestion par les principaux intéressés, ce qui passe par une vie démocratique réelle. Il y a des élections, tous les cinq ans, et les assemblées générales sont l’instance fondamentale de lien avec nos adhérents. C’est le cœur battant de la vie démocratique de notre MSA, donc, y participer, pour moi, c’est naturel".

Quelles sont les thématiques que vous souhaitiez aborder ?

F-E B : "Nous sommes en phase de mise en œuvre de nos orientations stratégiques. Nous devons prouver la réalisation de la vision que nous développons à travers notre plan d’orientation stratégique MSA 2025. C’est en particulier le cas pour tout ce qui touche à la relation de proximité avec nos adhérents. Cela passe notamment par notre implication dans les projets Maisons France Services, mais aussi à travers d’autres projets… La protection sociale agricole suit une logique d’amélioration du bien-être des populations agricoles. Cela passe par les prestations que nous versons tous les ans : 30 milliards d’euros. Il y a aussi l’amélioration du niveau des retraites. Nous menons par ailleurs une action sanitaire et sociale sur les territoires, qui complète cette notion de bien-être. Cela se traduit de multiples façons : versement d’une subvention à une association, versement d’une aide individuelle à une personne dans le besoin… C’est un complément important apporté à l’action structurelle de versement des prestations sociales. Notre action vise aussi l’ensemble des territoires ruraux, dans le but de leur faire regagner de l’attractivité. Sur ces territoires, l’agriculture est une donnée stratégique mais pour qu’elle soit souveraine, nos agriculteurs doivent être en mesure d’exprimer pleinement leurs talents et leur potentiel, au service de l’alimentation de l’ensemble de la population. Pour cela, il faut une protection sociale directe forte et des actions complémentaires sur les territoires. Nous luttons contre la désertification sociale".

Vous revendiquez totalement votre dimension d’acteur du monde rural…

F-E B : "Le terme de revendication est très juste. Ce rôle est une contribution fondamentale de la protection sociale agricole qu’on a eu tendance à oublier. Face aux questions liées au changement et aux aléas climatiques, face au mal-être au sein de certaines populations agricoles, on s’aperçoit que ce qui est fait pour le monde agricole peut aider, de manière plus large, l’ensemble de la ruralité. Nous avons remis dix propositions citoyennes aux candidats à l’élection présidentielle, dont certaines peuvent paraître surprenantes, de la part d’un organisme de protection sociale. Par exemple : on veut créer un service civique rural afin de favoriser l’engagement des jeunes en territoires. La MSA, avec son réseau de 13 000 élus de terrains et autant de salariés, est un outil de politique publique au service du meilleur de la ruralité".

Est-ce une manière de répondre à la « petite musique » qu’on entend, sur le fait que la MSA pourrait être intégrée à l’ensemble de la protection sociale ?

F-E B : "Ce n’est pas une position défensive, ni opportuniste. C’est une logique de fond et une véritable proposition : nous avons un modèle unique dans la protection sociale. Nous sommes organisés de manière démocratique, nous avons un guichet unique et nous disposons de notre proximité géographique qui est un impératif. Ce modèle est utile à nos adhérents, mais aussi aux pouvoirs publics, parce que nous menons une conduite personnalisée des politiques d’accompagnement sur les crises climatiques ou économiques. Nous faisons du sur-mesure et nous sommes les seuls à savoir le faire. Nous savons accompagner face au mal-être, grâce à notre réseau de délégués territoriaux. Nous testons toutes les évolutions qui interviennent dans le champ de la protection sociale parce que nous accompagnons nos ressortissants tout au long de la vie, dans chacune des dimensions qu’ils rencontrent. Par exemple, pour l’allocation logement, nous étions prêts sur la question du rapprochement de l’analyse des ressources et du versement de la prestation, à la différence du régime général, parce que nous l’avions testé. Ce modèle, tel qu’il est, est compatible avec de nombreuses évolutions de la protection sociale. Nous pouvons rendre des services à tous les assurés du régime général (l’exemple des Maisons France Services le prouve)".

Parmi les évolutions qui concernent la protection sociale figure ce qu’on nomme le cinquième risque, c’est-à-dire la dépendance. Où en est la MSA sur cette question ?

F-E B : "Nous avons obtenu, en septembre 2020, que le rôle de la MSA dans la définition de la politique sur la dépendance soit reconnu. Il aurait été anormal que ce ne soit pas le cas, alors que nous sommes guichet unique et que nous couvrons de manière globale les besoins sociaux de nos adhérents. Nous serons acteurs de la mise en place du cinquième risque dès qu’il aura une dimension plus opérationnelle. À ce jour, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) prend ses marques. Elle s’appuie sur un réseau, dont la MSA fait partie, pour le déploiement de plusieurs initiatives, en relation avec les Conseils départementaux et d’autres opérateurs publics. Nous tenons toute notre place dans ce processus".

Exergue : « Nous luttons contre la désertification sociale »