Châtillon-sur-Seine
Le devoir de mémoire

AG
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Des élèves du lycée La Barotte ont rencontré un ancien agriculteur de 97 ans, venu leur parler de la Seconde Guerre mondiale.

Le devoir de mémoire
Pierre Jobard travaillait sur la ferme familiale à Villerberny quand il a été arrêté par les nazis.

Les trois quarts des élèves de la Barotte étaient présents ce 7 mars. Sur place, pas un bruit, beaucoup d’émotion et même quelques larmes à l’œil… « Un tel silence était inédit pour un regroupement comme celui-ci, tous les jeunes étaient attentifs par le récit bouleversant », confie Delphine Verset, enseignante d’histoire, qui était à l’origine de la venue de Pierre Jobard à la Barotte, dans le cadre du programme scolaire mais pas seulement : « nous sommes en contact avec l’association du Souvenir de la Résistance, présidée par Henri Ménétrier. De là est née l’idée d’inviter le dernier résistant déporté de la Côte-d’Or. La Seconde Guerre mondiale est enseignée dans un certain nombre de nos classes, c’était une première accroche, mais le devoir de mémoire concerne tout le monde, celui-ci est très important ».

Froid dans le dos

Pierre Jobard, qui travaillait dans la ferme de ses parents à Villeberny près de Vitteaux, a partagé son vécu et les atrocités de la guerre. Le Côte-d’orien était engagé dans la résistance depuis l’âge de 16 ans, en faisant partie d’un réseau basé dans l’Auxois, qui était spécialisé dans le sabotage et la récupération d’armes. Pierre Jobard a été arrêté dans son village le 23 février 1944 par la Gestapo, avant d’être incarcéré à la prison de Dijon pendant 35 jours. Déplacé dans un camp de transit à Compiègne dans l’Oise, le résistant a été emmené le 26 avril de la même année dans un train prenant la direction du centre de mise à mort d’Auschwitz, en Pologne. Le prisonnier est alors « désinfecté et tondu », le matricule « 185784 » est tatoué sur son avant-bras… Pierre Jobard sera heureusement libéré le 23 avril 1945 après les marches de la mort. Son histoire, déjà racontée dans un livre, sera prochainement proposée dans un film, en cours de tournage dans le département avec des figurants de toute la France et des voitures d’époque. Une fois terminé, ce film sera distribué à tous les collèges de la Côte-d’Or.

Ne plus se plaindre

« Ce récit a permis aux élèves de mieux comprendre les heures les plus sombres de l’histoire de France et d’être plus conscients de l’importance du devoir de mémoire », souligne Delphine Verset, « si la salle de notre établissement l’avait permis, tout le monde aurait bien sûr été présent… J’ai eu beaucoup de retours positifs depuis cette rencontre, les jeunes sont très touchés. Ce matin, une élève est venue me voir pour me dire que maintenant, elle ne se plaindrait plus si l’eau des douches est froide ou s’il ne fait pas assez chaud dans l’internat… Ces petits problèmes n’ont bien sûr rien à voir par rapport à ce qu’à vécu Monsieur Jobard, m’a-t-elle dit ».